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Politique Publié le vendredi 7 janvier 2011 | Le Temps

Côte d’Ivoire / En attendant la grande bataille - Ce qui se prépare

Lorsque certains prônent la dialogue, d’autres en revanche espèrent en une option militaire «pour faire partir Gbagbo du pouvoir». Ce qui en réalité, n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire depuis plus de huit ans. Nous sommes dans un schéma où la victoire n’est pas forcément où on la croit.
Alassane Dramane Ouattara est désormais seul - avec la France officielle de Nicolas Sarkozy, contre tous. L’Union européenne par solidarité «passive», on le sait désormais, n’est qu’un gros parapluie sous lequel s’abrite la France sarkozienne qui mène sa guerre contre les Institutions ivoiriennes, en vue placer son homme de main. L’option militaire, la sempiternelle bouée de sauvetage d’Alassane Dramane Ouattara, est de plus en plus délaissée au profit du «dialogue constructif». La communication outrancière dont il fait preuve va, à coup sûr, participer à son isolement. Car, à défaut de faire entendre la voix de Laurent Gbagbo pour respecter le parallélisme des formes sans lequel l’équilibre de l’information n’est que chimère, les chaînes de télévision, agences et autres médias français ont réussi la prouesse contrairement à leur volonté, de faire de leur protégé Alassane Dramane Ouattara le va-t-en-guerre qu’ils n’ont pas souhaité. Il ne se passe de jour sans que ce dernier reclus à l’Hôtel du Golf, multiplie ses menaces à l’égard du pouvoir constitutionnel d’Abidjan contre lequel «seule la force militaire doit faire partir Gbagbo pour me laisser la place», ne cesse-t-il d’hurler. Alassane Dramane Ouattara, seul contre tous, c’est cette réalité que concède surtout le terrain, tant à l’intérieur de la Côte d’Ivoire que sur le continent africain où la voix de Laurent Gbagbo se fait de plus en plus audible. Une revue de presse au plan local permet de palper cette réalité indubitable au sein de laquelle l’ensemble du corps social : société civile proche ou lointaine du camp présidentiel, les rois et chefs traditionnels, le clergé, les dignitaires islamiques et les populations les véritables souffre douleur de la tragédie ivoirienne, tous rejettent à l’unisson l’option militaire et prônent «une résolution pacifique et une solution durable» à la crise. Le dernier développement de l’actualité dévoile une certaine exaspération de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union africaine vis-à-vis du radicalisme d’Alassane Dramane Ouattara. Une mission conjointe de ces deux Institutions conduite par les Présidents Pedro Pires (Cap Vert), Yayi Boni (Bénin), Baï Korona (Sierra Leone) et le Premier ministre du Kenya Raila Odinga qui séjournait dernièrement à Abidjan où elle rencontrait les deux camps protagonistes, a dû buter sur l’intransigeance du candidat malheureux de la présidentielle du 28 novembre, Alassane Dramane Ouattara. De retour à Abuja, cette mission dans rapport a dû convaincre jusque-là l’hésitant président en exercice de la Cedeao, M. Goodluck Jonathan. Après écoute des émissaires et études des différents dossiers rapportés d’Abidjan, le Président du Nigeria veut privilégier le dialogue. Le Président Goodluck est plus que convaincu de l’absurdité de cette nouvelle crise née du deuxième tour de l’élection présidentielle. Il en a reçu des preuves qui lui permettent dorénavant d’avoir une analyse lucide soutenant «qu’on en veut à Gbagbo pour rien», selon les propos d’un diplomate nigérian.
A l’analyse des faits, personne dans la sous-région n’est prêt à engager l’Ecomog pour régler militairement la crise ivoirienne. Cela impliquerait des dégâts inestimables sur l’ensemble des populations y compris environ 6 millions d’immigrés ouest-africains vivant en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas que les risques sur les populations. Les soldats qui devraient débarquer sur le territoire ivoirien devraient s’apprêter à voir un comité d’accueil digne de l’armée ivoirienne. En effet, la force de frappe des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire est redoutable. La dernière réunion des chefs d’Etat-major de l’Ecomog a laissé filtrer quelques inquiétudes sur le sujet. La Côte d’Ivoire n’est pas la Sierra Leone ni le Liberia. Non seulement il faudra aux forces de l’Ecomog une logistique conséquente, mais il lui faudra également une équipe outillée, ayant une parfaite maitrise du terrain ivoirien et à même de canaliser les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire aguerries par plus de 8 ans de bataille. Ce qui n’est pas gagné d’avance, même ce qui est périlleux pour ces soldats venus pour la plupart des armées sous-équipées et mal entrainées.
Le recomptage des voix que conseillent les émissaires de la Cedeao et de l’Union africaine, bien qu’étant le moindre mal s’offre dès lors comme du pain béni, la façon la plus diplomatique de ménager les susceptibilités. Mais, Ouattara n’est pas dupe et Nicolas Sarkozy le tient fermement et le pousse dans le dos. Avant même que le candidat du Rdr ne donne son point de vue sur les propositions des émissaires de l’Ua et de la Cedeao, c’est le Président français qui curieusement place les balises, en insistant pour dire que son pays et la communauté internationale ne reconnaissaient que Alassane Dramane Ouattara comme le Président de la Côte d’Ivoire. Le poulain Ouattara ne pouvait alors que marcher dans les sillons tracés par son parrain Nicolas Sarkozy, pour exiger que «la force soit utilisée pour faire partir Gbagbo du pouvoir». C’est une crainte justifiée, nous assure un diplomate européen en poste à Abidjan.
«Car, il est de notoriété démocratique que, quand on finit de compter des voix, il faut passer au scanner les conditions permettant de certifier si oui ou non, y a-t-il eu exactions, violences, empêchements, bourrages des urnes et autres scories qui ne font pas du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 une élection transparente, démocratique, équitable. Il est évident que le résultat attendu du recomptage des voix ne va pas plaire à celui pour qui le Centre, le Nord et l’Ouest ivoirien ont été balkanisés pour permettre le hold-up électoral. Or, il se trouve que les opinions africaines convergent plutôt vers cette voix. Ce qui, assurément, n’est pas fait pour plaire au camp Alasane Dramane Ouattara en faveur de qui une partie de la communauté africaine avait haussé le ton contre Laurent Gbagbo proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel juge des élections lequel entérine, sans possibilité de recours, après étude des cas de contestations». A-t-il indiqué. En outtre, si le recomptage des voix est maintenu contre la volonté d’Alassane Dramane Ouattara qui veut s’imposer par l’option militaire, il faudra alors compter avec un dénivellement des positions. La recomposition des équipes alliées de part et d’autre avec les surprises que cela réserve au camp Ouattara qui devrait se garder de commettre l’erreur de croire que «tout est fini pour Gbagbo». Bien au contraire !
La France s’est rebiffée. Plutôt qu’une guerre frontale avec la Côte d’Ivoire légale, elle opte désormais pour un affrontement par procuration, une attitude peu courageuse mais qui a le bénéfice de ne pas l’exposer officiellement et éviterait de faire d’elle le fer de lance des puissances impérialistes occidentales en ce 21e siècle. Ce qui relève d’une responsabilité historique que Nicolas Sarkozy objecte volontiers que son pays assume. La semaine du lundi 3 au dimanche 9 janvier est considérée par les observateurs avertis du marigot politique ivoirien comme celle de la fin des intrigues et de l’accalmie. Celle qui suit va peut-être être la semaine de l’affinement des stratégies pour la grande bataille.
Mais avant, les deux camps, celui de la légalité mené par Sem. Laurent Gbagbo en vertu du Conseil constitutionnel, et celui de la République hôtelière du Golf, selon la Commission électorale indépendante soutenue par la France selon la logique de l’ingérence, s’apprêtent.
L’option Ecomog étant désormais battue en brèche en raison des réticences de certains pays de la sous-région considérés comme de gros calibres, notamment le Ghana, le Nigeria, l’on va vers un glissement. Selon toujours la logique de la France de ne jamais rien assumer, depuis hier, l’Onu est pour l’envoi de 2000 soldats «pour assurer la sécurité autour de l’Hôtel du Golf». Un renfort supplémentaire aux Forces rebelles et aux Casques bleus de l’Onuci dont l’opération française Licorne qui traduit éloquemment toute la crainte de la communauté internationale face à l’armada de feu jusqu’ici insoupçonnée des Fds-Ci qui ont une bonne partie de leur flotte et dont personne ne sait à quelle envergure celle-ci a été reconstituée. Mystère et boule de gomme ! Mais le subterfuge est gros et visible comme le nez sur le visage. Il s’agira de prendre les mêmes et de recommencer, peut-être le Burkina Faso apportera sa participation cette-fois avec un verni d’officialité. Mais tout ce remue-ménage qui devait pourtant rassurer le camp Alassane Dramane Ouattara n’en est rien. De l’Hôtel du Golf où il vit sa réclusion, le malheureux vaincu de l’élection présidentielle n’est pas si serein qu’il le fait croire. Il y a des signaux dont il faut se fier quand on prépare la bataille, les grands stratèges le savent. Or, ce ne sont pas ces signaux qui ont manqué.
La timidité et la mollesse des réponses des militants du Rhdp aux mots d’ordre de «villes mortes» et de boycott des activités commerciales, des transports, l’échec patent des deux marches, une sur la Radio diffusion télévision ivoirienne (Rti), l’autre sur la Primature, la découverte, le saccage des caches d’armes et l’arrestation des mercenaires dans plusieurs localités du pays y compris Abidjan par les Forces régulières ivoiriennes Fds-Ci) du Général Philippe Mangou, sans oublier le blocus imposé aux alentours de l’Hôtel du Golf par le Président régulièrement et légalement élu Laurent Gbagbo, font partie des nombreux signes permettant d’appréhender suffisamment les dangers de la politique de la terre brûlée. Flash back sur la marche insurrectionnelle sur la Primature. Nommé Premier ministre par Alassane Dramane Ouattara, Guillaume Soro n’arrête pas de s’arracher les cheveux. Le désargenté jeune homme des cités universitaires abidjanaises finira par s’habituer aux lucres que lui ont conféré la responsabilité pas moins historique d’assumer la rébellion contre son pays. Habitué qu’il est depuis septembre 2002 aux devises craquantes, sonnantes et trébuchantes. La tentative de récupération de «sa» Primature perdue cachait mal ce que l’opinion n’a jamais su jusqu’à ces lignes. Ce jeudi 16 décembre 2010, ceux qui ont pensé que Guillaume Soro lance une opération guerrière sur la «Cage» du Plateau (nom de code de la Primature) pour prendre son fauteuil de Premier ministre se trompent lourdement. Car, cette marche n’avait pour seul et unique objectif que de mettre le grappin sur un coffre fort que Soro, dans sa précipitation, a dû abandonner dans son bureau. Selon des informations dignes de foi, le chef de la rébellion détient dans un coffre fort des ressources financières pouvant nourrir et entretenir toute une garnison pendant au moins une dizaine de mois. Somme estimée à plusieurs milliards et qu’il n’a pas eu le temps de transférer en «lieu sûr». C’est ce qui le rend très nerveux depuis l’hôtel du golf où il se trouve cloîtré et surtout, au moment où il en a le plus besoin. Ce garçon, rebelle dans l’âme est conscient qu’un compte dans une structure bancaire locale ou étrangère lui attirerait des ennuis. Il sait comment «les Blancs» capturent les seigneurs de la guerre qui font fortune dans le diamant du sang. Quant à son mentor Alassane Dramane Ouattara, les hurlements intempestifs qu’il lance depuis sa retraite du Golf Hôtel, hurlements qui perdent d’ailleurs de plus en plus d’écho traduisent bien une autre forme de frilosité. Ouattara qui a mis l’orchestre en place et donné le ton du concerto ne sait plus ce que sera la note finale. C’est un personnage en plein doute. Malgré ses airs de caïds devant les caméras de télévisions françaises, il ne maîtrise plus rien. Dans le courant de la journée d’hier jeudi 6 janvier 2011, son entêtement - après le départ des émissaires de l’Ua et de la Cedeao (trois chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine et un Premier ministre venu du Kenya qu’il a vertement rudoyés), à coûte que coûte faire la guerre, a amené le gouvernement canadien à dépêcher un émissaire auprès de lui. Objectif selon une source des plus crédibles : savoir sur quoi le président du Rdr compte-t-il pour appeler à un règlement militaire de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire. Le Canada ne veut certainement pas entrainer ses ressortissants dans une aventure aux multiples inconnus. Hier, ce pays a décidé de prendre attache avec le camp Ouattara pour au pire des cas, demander le départ de ses ressortissants du territoire ivoirien au plus grand tard demain samedi 8 janvier 2011.
M. Ouattara a beau être le brave-tchê, il ne redoute pas moins une intervention militaire des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire contre les tranchées du Golf Hôtel. Intervention musclée dont la principale cible est bien connue. Et pour cause, la levée du blocus n’est pas pour demain, elle est même subodorée. «Le blocus est là pour des raisons de sécurité. Les Fds défendent tout le périmètre du Golf hôtel et des quartiers aux alentours, il ne s’agit pas d’une prison, mais il s’agit d’assurer la sécurité des Ivoiriens et des missions diplomatiques qui sont dans l’environnement du Golf hôtel». A précisé le ministre de la Défense Alain Dégou. Ce qui voudrait dire que, tant que les soldats de la rébellion seront dans ce réceptif hôtelier, l’armée régulière ivoirienne n’est pas prête à lâcher ses positions. Ce qui fait courir de grands risques sur les occupants civils et militaires de ces 5 étoiles, transformé en forteresse qui, à tout moment peut flamber sous des tirs d’obus.
Le 43e Bima des Forces françaises n’est plus la soupape de sécurité sur laquelle il peut compter avec risque zéro, Ouattara en est conscient. Depuis la fin du second tour, il a pris des dispositions pour s’assurer un abri. Loin de tout soupçon. Quelque part dans le chic quartier de Cocody Riviera Bonoumin, se trouve une résidence donnant l’air d’une maison close. C’est là que s’est toujours caché et c’est là que veut encore se terrer le président du Rdr avant d’ouvrir ses hostilités contre la Côte d’Ivoire légale. Cette maison est la propriété du maire Rdr de Dianra une ville du Nord. Cet homme est considéré comme étant très discret parmi les proches d’Alassane Dramane Ouattara. Il se raconte autour de lui que toutes ses apparitions dans ce quartier sont en prélude à «des jours chauds». «Lorsque le Rdr lance une manifestation de nature insurrectionnelle, ce maire de Dianra descend vers Abidjan un ou deux jours avant. C’est chez lui que ADO passe se cacher quand c’est moue». A indiqué une autre source qui semble bien connaître les habitudes de ce dernier.
Mais toute la Côte d’Ivoire est une poudrière et il suffit d’une étincelle pour que toute une circonscription explose. Les bouchées doubles sont mises depuis. Les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (Fds-Ci) ne lésinent sur aucun moyen. Bouaké, capitale des Forces nouvelles, considérée à tort comme sanctuaire des rebelles qui pourrait servir de refuge aux mercenaires de Ouattara ne garantie désormais rien. Tout peut flamber à tout moment et les barbouzes de M. Ouattara pourraient perdre, définitivement, le contrôle des zones Centre, nord et ouest (Cno) de la Côte d’Ivoire. A tout moment ! Mais quand deux forces s’affrontent et que les dégâts sont énormes, il y a forcément la troisième dimension du conflit qu’il faut nécessairement prendre en compte. C’est la dimension spirituelle qui va certainement consister à une reconsidération de la chose politique. A la vue des dégâts humains qui ne manqueront certainement pas dans les rues du pays compte tenu des matériels de guerre de destruction massive de part et d’autre, la troisième alternative qui va alors s’imposer pourrait passer par la mise à l’écart - surtout par exaspération -, de l’élite politique. Le peuple pourrait prendre son destin en main. Cela nous plongerait vers la fin de janvier sinon un peu plus.

Simplice Allard al08062317@yahoo.fr
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