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Politique Publié le lundi 10 janvier 2011 | L’expression

L’Editorial : La Côte d’Ivoire et « ses ennemis »

« Il y a deux catégories d’hommes dans la société dont l’action est prépondérante. Si ces hommes sont honnêtes, la société est vertueuse. S’ils sont corrompus, la société est perdue. Ce sont les religieux et les savants ». Ces propos de livre de sagesse sont d’une réelle actualité en côte d’Ivoire. Le pays de Félix Houphouët Boigny se trouve dans une grave crise suite au deuxième tour, le 28 novembre 2011, de l’élection présidentielle. Le vainqueur de cette confrontation, Alassane Dramane Ouattara n’a toujours pas regagné le palais présidentiel. La raison, le perdant Laurent Gbagbo refuse de céder le fauteuil. Et depuis, le pays est dans l’impasse. Malgré les médiations de la CEDEAO et de l’Union africaine, le blocage est total. A l’intérieur du pays, les voix se font entendre. De plus en plus fortes. Surtout après la volonté réaffirmée de la Communauté des états de l’Afrique de l’ouest de recourir à la force si la voie pacifique n’aboutissait pas. Quelques hommes de science envahissent chaque jour les antennes de la télévision jalousement confisquées par le camp du chef usurpateur. Ils s’adonnent à moult démonstrations sur la nécessité de résister « au complot international ». Certains avec enthousiasme, le cas de Nicolas Agbohoun qui serait économiste ne manque pas d’intérêt, apprennent aux ivoiriens que la crise actuelle offre à Gbagbo « l’opportunité de sortir de l’esclavage financier imposé par la France et de développer immédiatement le pays ». Pour cela, poursuit l’apprenti charlatan en économie, il faut battre la monnaie nationale, contrôler les banques commerciales, et mettre les crédits conséquents à la disposition des projets élaborés par les ivoiriens. Dans la foulée, de sa théorie fumeuse et brumeuse, il ajoute que l’éducation et la santé seront assurées de façon adéquate. « Et la Côte d’ivoire ainsi forte économiquement construira une défense imposant le respect, avec des avions espions qui surveilleront le territoire vingt quatre heures sur vingt quatre ». Ne riez pas ! C’est bien là un expert, un savant dans son domaine, qui parle. Une façon pour lui de dire son soutien au braquage électoral que Gbagbo s’efforce de réaliser. De leur côté, des chefs religieux se sont élevés contre les nations unies accusées de ne pas respecter la dignité des ivoiriens ni la souveraineté de ce pays. Ils condamnent tout recours à la force pour régler le différent qui prévaut ; et choisissent leur camp. « Entre les ennemis de la Côte d’Ivoire et la Côte d’ivoire, nous choisissons la Côte d’ivoire » ont-ils martelé dans une déclaration rendue publique il y a juste quelques jours. Cette prise de position a le don d’être d’une clarté sans faille. Mais elle suscite une question centrale : dans ce qui se déroule actuellement dans ce pays, qui est la Côte d’ivoire et où sont les ennemis de ce pays ? Le 28 novembre 2010, c’est une vérité aussi limpide que l’eau de roche, les ivoiriens sont allés aux urnes. Ils ont exprimé leur volonté. Le vote a-t-il été libre et sans accroc ? Il y a eu de nombreux incidents. Les plus graves, avec morts d’hommes, des blessés, des urnes enlevées, des affrontements violents entre populations ont eu lieu dans le centre ouest et l’ouest de la côte d’Ivoire. Dans d’autres régions, y compris Abidjan la Capitale économique et politique, des localités du centre et du nord, il y a eu des heurts, des empêchements de voter, des dégâts matériels et des blessés. Mais rien de nature à entacher la sincérité du vote. Les observateurs électoraux, ceux qui savent ce que cette mission signifie l’ont certifié.

Le scrutin du 28 novembre a ainsi été la voie voulue par les ivoiriens, donc par la Côte d’ivoire, pour sortir de la crise politico-militaire qui la secoue depuis des années. La participation massive et historique, plus de quatre vingt pour cent le démontre bien. Etre avec la Côte d’ivoire impose, de ce fait, à tous de veiller au respect strict de ce choix du peuple ; et rien d’autre. Autrement, les beaux discours sur « le respect de la souveraineté et de la dignité de la Côte d’ivoire » cacheraient, ni plus ni moins, un engagement partisan à dévoyer le processus démocratique. Un processus qui remet aux ivoiriens les clés des choix fondamentaux pour leur présent et leur avenir. Cela, certainement à l’aune de ce que l’on craindrait de perdre avec un changement de pouvoir. Les ennemis de la Côte d’ivoire, à ces moments critiques de la nation, ce sont ceux qui bloquent la volonté populaire. Ceux qui, sans craindre Dieu, jettent les miliciens et les mercenaires dans les quartiers assassiner les enfants et vieillards ; violer les femmes ! Quand on est homme de Dieu et guide religieux, à défaut de condamner les bourreaux, il faut avoir de la compassion pour les victimes. C’est là le service minimum que les brebis torturées de Dieu sont en droit d’attendre.

En République démocratique du Congo, un prélat, le cardinal Laurent Monsengwo vient de s’élever contre la volonté du président Kabila de remanier la constitution. Le pouvoir veut que la présidentielle se déroule désormais à un scrutin majoritaire à un tour. Ce n’est pas anticonstitutionnel ! Mais, le peuple n’en veut pas. Il a eu le soutien du cardinal Monsengwo, l’homme de Dieu. Parce que « Vox populi, vox dei ». En Côte d’ivoire, le peuple attend toujours une telle magnanimité de certains de ses hommes de Dieu.

D. Al Seni
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