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Politique Publié le mardi 11 janvier 2011 | Le Nouveau Réveil

Le député Kobenan Tah Thomas : “Moi Gbagbo, un despote à tolérer !”

"[En Afrique], on préfère d'expérience les mauvaises élections aux guerres civiles bien réussies. Mieux vaut encore Bokassa et Mobutu que les drames du Liberia ou de la Sierra Leone! La bête humaine (le Noir) s'habitue à l'enfer du despotisme, certainement pas aux massacres à la rwandaise! ", Tierno MONÉNEMBO (Écrivain guinéen, Prix Renaudot 2008).

"En Afrique, vous avez immédiatement un parti par tribu et au lieu d'avoir la démocratie, vous avez l'affrontement et un risque d'anarchie. ", Jacques CHIRAC, ex- Président de la République - France. Depuis que les inconséquences de Laurent Gbagbo, perdant de la présidentielle du 28 novembre 2010, ont mis la Côte d'Ivoire dans l'œil du cyclone, le peuple (sur)-vit au rythme de la peur parce que notre monde est une fois encore en phase d'admettre l'inadmissible. Qu'un dictateur viole impunément la volonté souveraine du peuple. Exploitant l'indétermination de l'armée ivoirienne et la peur des populations à propos du spectre de la guerre ainsi que les menaces
d'atrocités génocidaires, Gbagbo compte d'une part sur cette frilosité des populations et d'autre part sur la mise en vigueur des principes de non-ingérence par les autres Etats du monde pour réussir ce qu'il conviendra d'appeler un hold-up électoral. L'espoir des Ivoiriens est que ceux qui ont pris le parti de dire, d'entendre ou de suivre le droit, au lieu de l'inventer, demeurent fermes dans leur détermination à faire triompher la souveraineté, la liberté d'expression et la volonté du peuple de Côte d'Ivoire. Ce serait un pas important pour l'humanité. Ailleurs, à bien des occasions, l'on a récriminé (à raison d'ailleurs) la passivité de la société des nations ou de la communauté
internationale (chacun choisira le terme qui lui convient) devant le reniement, la négation du plus simple (et le plus fondamental aussi) des droits humains : vivre tant que la nature laisse la vie à l'homme.

Il est logique que le peuple de Côte d'Ivoire, qui craignait le déchainement prématuré de l'appareil d'homicides (au sens de destructeurs impétueux de vies humaines) de Gbagbo, ait fait preuve d'une louable patience dont l'un des mérites reste le fait d'avoir poussé Gbagbo à accepter de convoquer le collège électoral. Va-t-on exiger plus de vertus de ce peuple (plus qu'il n'en faut) et lui demander de sacrifier autant de vies humaines, autant de ressources de tous ordres (au moins 200 milliards de francs CFA), et renoncer à sa souveraineté? Le reste des hommes et des femmes du monde (communauté internationale) va-t-il donner une caution à cette reddition du
peuple ivoirien (apeuré et constamment menacé) dont la volonté est embrigadée sous la férule dictatoriale de Gbagbo?

Il faut tout simplement remarquer que le débat est aujourd'hui totalement biaisé par la seule volonté de Gbagbo. Il prétend lutter pour la souveraineté de l'Afrique tant dans le fonctionnement de ses institutions politiques que pour son indépendance économique. Il fait croire que jusqu'à présent, l'Afrique ne jouit pas du juste prix de ses ressources et potentialités économiques; ce qui, du reste, peut sembler vérifiable. Mais ce n'est pas là que se trouve la question. Est-ce que la dépréciation des ressources naturelles et des matières premières agricoles de l'Afrique est imputable aux ex-colonies? Dans une précédente intervention (Le Nouveau Réveil N°2711 du mercredi 05 janvier 2011 - page 7) nous avons retenu essentiellement que l'indépendance et la souveraineté, qu'elle soit politique ou économique, n'est avant tout que le résultat d'un processus. Elle prospère dans les limites de la démocratie, de la bonne gouvernance et au regard des droits de l'homme. D'aucuns ajouteront le respect et la protection de l'environnement. M. Gbagbo et ceux qui pensent que leurs " aboiements" (l'expression est de la presse française) vont obliger les acteurs de la politique et de l'économie internationales à plier l'échine, voire à fléchir les genoux ou à baisser pavillon dans les relations commerciales s'enferment dans des rêves qui tueront davantage l'Afrique plutôt que de contribuer à son éveil. A ce titre-là, ils s'apparentent tous à des Don Quichotte coupés des vraies réalités du monde moderne actuel. Retenons qu'un " don quichotte " est un personnage de la littérature espagnole.

Il est à l'origine l'archétype du rêveur idéaliste et irraisonné, justicier autoproclamé. C'est donc un dialogue qui ne passera pas la rampe puisqu'en matière de rééquilibrage des relations commerciales entre le Nord et le Sud, en matière de développement d'une ex-colonie comme la Côte d'Ivoire, les actions stratégiques, la performance des politiques économiques valent plus que des discours idéologiques, qu'un embrigadement des opinions, que des menaces de guerres civiles. Et disons qu'en cette matière, beaucoup d'Etats anciennement colonisés ont fait tant la "chose en preuves abonde" (La Fontaine). Invitons Gbagbo et ses révolutionnaires à revisiter par exemple l'histoire économique de la Malaisie ; ex-colonie anglaise dont les caractéristiques naturelles et agricoles sont profondément similaires à celles de la Côte d'Ivoire ! Posons donc les questions qui méritent d'être posées. Quelle est la vision de Gbagbo et, concrètement, quelles ont été ses actions pour sortir la Côte d'Ivoire du cercle vicieux des Etats qui subissent le contrecoup injuste du commerce Nord/Sud ?

Entre son discours (afro centriste, africaniste !) qui n'a d'ailleurs aucune assise idéologique avérée (au regard des réalités actuelles) et les actions de sa gouvernance décennale (octobre 2000 à novembre 2010), il nous est loisible de constater que rien, absolument rien n'étaie les allures de messie de M. Gbagbo.

La première question est simple. Est-ce que sous M. Gbagbo, la Côte d'Ivoire a pu mobiliser les ressources à l'interne pour créer des entreprises ? Si oui, dans quels secteurs d'activités ?

Chaque personne qui connait ce pays ou qui y vit ou encore qui y travaille depuis dix ans peut visiblement opiner une réponse. Les seules entreprises qui ont envahi Abidjan au point même de violer les règles élémentaires de la sécurité en urbanisme sont les stations d'essence. Ce sont elles qui ont poussé partout. L'ennui, c'est que malgré la florissante poussée de ces stations, les recettes budgétaires n'enregistraient presque rien jusqu'en 2009, date à laquelle la Banque Mondiale (un instrument de la France-Afrique !) exige la figuration des recettes pétrolières dans le budget de l'Etat de Côte d'Ivoire. Et il fut déclaré 90 milliards de francs CFA de recettes annuelles.
On parle partout de la qualité du pétrole ivoirien qui serait convoité par la France et les USA. Soit. Gbagbo oublie de dire qu'il a permis à des sociétés étrangères, des multinationales (françaises, russes, américaines …) de faire les recherches et les études pour trouver notre pétrole. Et pourquoi ? Tout simplement parce qu'elles ont travaillé pour détenir un savoir-faire, une technologie. Il ne veut pas que le peuple, au nom duquel il orchestre ses mensonges, sache qu'il aurait pu, avec les recettes du pétrole ivoirien, former qualitativement des jeunes Ivoiriens, soigner, éduquer les masses, bref, contribuer à fournir à la Côte d'Ivoire des moyens concrets pour lui permettre de corriger petit-à-petit ses faiblesses vis-à-vis des USA, de la France, de la Russie, de la Chine, du Canada, etc. Il aurait pu. Il ne l'a pas fait. Il n'a pas réalisé le résultat pour lequel le peuple lui avait conféré le pouvoir d'utiliser le budget. Il a échoué avec des moyens colossaux (2.500 milliards par an pendant dix ans). A l'indépendance en 1960, Houphouët n'avait pas autant de moyens. Il a dû tout mettre en place, tout inventer, tout instituer. Et cela
en calmant les velléités de séditions, les ambitions non constructives et en faisant aussi certaines concessions. Le tout dans un esprit d'union et de discipline. Le résultat est connu de tous. C'est le miracle ivoirien. Miracle justement, parce qu'une multitude d'ex-colonies échoua dans cet exercice dans lequel l'échec était plus plausible que la réussite.

M. Gbagbo sait qu'un pays doit bâtir son économie principalement d'abord autour des secteurs qui lui sont naturellement favorables. Et croyez bien que s'il n'a rien réussi, manifestement, ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Rappelons-nous cette fameuse usine de traitement de cacao achetée à coup de milliards aux USA. Nous n'avons aucune usine nationale bien que nous sommes producteurs et nous délocalisons aux USA. Avec à la clé un avantage technologique zéro à notre actif. Que dire de cette libéralisation anarchique des filières agricoles (café/cacao principalement). Non seulement nos capacités de production ont profondément diminué, mais mieux, nous en sommes arrivés, sous Gbagbo et sa Refondation, à désespérer complètement de la possibilité de passer à une autre phase. Celle dite industrielle. Nous sommes demeurés donc dans une agriculture de type primaire, faite manuellement par de pauvres paysans livrés à la voracité d'un système qui fait la promotion de prédateurs aux cols blancs. Le régime de Gbagbo ose même reprocher au Burkina-Faso de s'être déclaré exportateur de café/cacao.

Il faut saluer les performances stratégiques et les capacités du Burkina à saisir les opportunités qui lui ont permis de tripler ses recettes budgétaires et d'accroître ainsi sa production (PIB). Et bien, c'est la preuve que le problème ne se situe pas au niveau de la France-Afrique ou d'une néocolonisation.

Ce qu'on reproche aux "impérialistes" occidentaux est une donne universelle aujourd'hui. C'est la légitimité des Etats (riches ou pauvres, puissants ou faibles) de subvenir coûte que coûte (cela dans les proportions de certaines réglementations ou accords) aux besoins de leur peuple. En ce sens, chaque Etat, pour sa survie et pour détenir une voix dans le concert des nations, développe des attitudes impérialistes. Cela est une nécessité pour les Etats quel que soit leur statut dans l'ordre mondial. Le problème qui se pose est simple. Est-ce que le gouvernant est assez ingénieux et réaliste (= intelligent) pour faire progresser son pays quels que soient les contraintes du moment, les contingences, les incidents et accidents de parcours ? Il faut donc remarquer que Gbagbo a plus discouru et s'est laissé berner par ses illusions que de s'occuper de stabiliser nos acquis et de les accroître. On pourrait donner assez de détails techniques là-dessus et remplir des pages.

La deuxième question porte sur le maintien (et le renforcement) de la suprématie des firmes multinationales dans la production nationale et dans le commerce entre les puissances étrangères et la Côte d'Ivoire sous la
gouvernance de M. Gbagbo Laurent.

Non seulement Gbagbo n'a pas réussi à dérouler un véritable tissu industriel avec des capitaux nationaux, en sus, il a créé un environnement social et politique qui ne peut pas faire bon ménage avec des activités économiques.
Conséquences, nombreuses sont les multinationales présentes en Côte d'Ivoires qui ont soit fermé, soit délocalisé dans la sous région, soit encore compressé du personnel. Il est inutile d'égrener les maux et incidences que cela a eus sur les populations ivoiriennes. Il n'a ni maintenu celles qui sont en place, ni incité d'autres à venir.

Pire, les contrats de certaines sociétés étrangères ont été renouvelés avec des avantages plus souples et souvent avec les compliments et sourires débonnaires de M. Gbagbo là où l'on craignait de sa part une certaine fermeté à la Nasser. Ayons en souvenir le gré-à-gré (scandaleux) sur le Terminal à Containers de Vridi, le renouvellement des concessions d'exploitation de l'eau et de l'électricité. Nous ne citerons que ces quelques-unes parce que justement, la question de l'énergie constitue un facteur déterminant autant dans les débats de nationalisme indépendantiste que dans les questions d'industrialisation et de développement. Tout souverainiste qu'il se réclame, Gbagbo n'a pas pu revendiquer jusqu'au bout et sauvegarder juste cet aspect de notre souveraineté. Tout ce qu'il a réussi à faire, c'est d'exacerber les conflits fonciers entre Ivoiriens dans les zones où certaines cultures spécifiques sont encore faisables.

Voilà donc un double handicap qui donne le ton de son incapacité à gérer un pays comme le nôtre. C'est pourquoi, il faut que lui et tous ceux qui luttent à ses côtés attendent que naisse de leur imaginaire (névrotique) cet Etat dont les populations se nourrissent de paroles et avec qui tous les autres Etats du monde commercent selon des termes à son seul et unique avantage.

Pour couronner le tout, il se rend incapable d'accepter les résultats d'une élection et s'illustre par des menaces de guerre civile. L'ouest ivoirien est le champ d'expérimentation de cette menace avec son lot de désolations (sic).
L'on a beau pourfendre l'esprit colonisateur de Chirac mais l'attitude de Gbagbo ne dément en rien cette image caricaturale de notre Afrique. Et qui dit Afrique dit bien sûr Africains. C'est pourquoi, pour la communauté internationale, il y à choisir entre laisser le peuple ivoirien se terrer dans sa peur de vivre le pire et donner l'occasion à une partie de notre humanité commune de survivre aux EX - ACTIONS d'un mythomane habité par les folles ambitions comme la nature humaine sait en fabriquer… hélas… souvent. Il faut agir pour que l'humanité ne s'apparente pas, en tout cas pas en Côte d'Ivoire, à l'animalité.

KOBENAN TAH Thomas, Député
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