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Politique Publié le jeudi 13 janvier 2011 | Le Patriote

Interview / Commandant Soro Dramane, “Docteur” (fafn) : “Gbagbo ne partira jamais par la négociation”

Commandant du Corridor Sud de Bouaké, capitale des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN), Soro Dramane connu sous le nom de "Commandant Docteur", dit l'exaspération des FN face à la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo qui piétine la démocratie et consacre la division de la Côte d'Ivoire. Dans cette interview, il explique comment les FN comptent rétablir la paix et l'esprit de fraternité.


Le Patriote : Dites-nous, quelle est la situation qui prévaut, aujourd'hui à Bouaké ?

Commandant Docteur (CD) : Les populations sont en paix, elles vaquent paisiblement à leurs occupations. Et nous disons même à ceux qui ne se sentent pas bien à Abidjan, qu'ils viennent à Bouaké ! Mais la tension devient vive, surtout ces jours-ci, du fait de la volonté de Gbagbo de confisquer le pouvoir et qui retarde encore le retour à la paix. Ici à Bouaké, les Forces nouvelles sont surtout en symbiose avec les populations, il n'y a pas d'exactions, pas de dictateur, comme à Abidjan Gbagbo qui terrorise les populations, alors qu'à Bouaké les populations sont rassurées.


LP : Vous avez aussi instauré un blocus, interdisant l'entrée et la sortie de véhicule à Bouaké, qu'en est-il ?

CD : En son temps, nous avions pris cette décision, sur instructions de la hiérarchie, dans le but d'appliquer les mots d'ordre de "désobéissance civile" et de "ville morte". Mais, à l'approche des fêtes de fin d'année, il nous a été recommandé d'alléger le dispositif et c'est ce que nous avons fait. La circulation des véhicules et des hommes est devenue quasi normale.


LP : Le second tour de la Présidentielle a vu l'élection d'Alassane Ouattara. Mais, depuis lors, Laurent Gbagbo refuse de partir, comment cette situation est vécue à Bouaké ?

CD : Lorsque les Forces nouvelles ont entamé ce combat, en 2002, certaines personnes ne comprenaient pas. Aujourd'hui, le comportement de Laurent Gbagbo nous donne raison d'avoir enclenché la lutte pour l'instauration de la démocratie et le retour de l'esprit de fraternité entre les Ivoiriens. Nous-mêmes, éléments des Forces de défense et de sécurité, Laurent Gbagbo nous traquait, il mettait des tueurs aux trousses de tous les éléments qui ne partageaient pas la division qu'il instaurait au sein de l'armée. Et c'est la même situation qui prévaut aujourd'hui encore ! L'armée est banalisée. S'il préfère payer des mercenaires et des miliciens à coups de millions pour sa sécurité et confisquer le pouvoir, vous voyez qu'il ne considère pas ceux qui sont dans l'armée!


LP : Comment vivez- vous le fait que Yao Paul N'Dré (Président du Conseil Constitutionnel) annule les suffrages des populations de vos zones pour proclamer Gbagbo vainqueur ?

CD : Vous savez, Yao Paul N'Dré est responsable de cette situation de pourrissement que connait la Côte d'Ivoire aujourd'hui. Il n'a pas dit le Droit. Comment comprendre que Yao Paul N'Dré, dans les 17 régions, annule les voix de Ouattara et les ajoute à celle de Gbagbo et proclame ce dernier vainqueur ? Il aurait dû s'en tenir aux résultats proclamés par Youssouf Bakayoko, président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) ou simplement il invalidait le vote dans son ensemble, s'il jugeait fondée les requêtes de Gbagbo, pour un nouveau vote ! Il ne fait rien de tout cela et il plonge la Côte d'Ivoire dans une aventure. Ce que les gens oublient, c'est que Laurent Gbagbo n'a pas jugé bon de faire campagne, pour le second tour de la présidentielle, dans les zones dont les voix ont été annulées par son ami Yao Paul N'Dré. C'est certainement parce qu'il comptait sur cette action de son ami que Gbagbo s'est abstenu d'aller en campagne au Nord et au Centre. Sinon, dans ces zones, pendant le scrutin, les mille cinq cents éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) envoyés par Gbagbo ont suivi les opérations de vote avec nous ! Ils ont souvent eu, seuls sans les éléments des FN, la charge de surveiller certains bureaux de vote.


LP : D'où vient-il donc que la télévision nationale dise que des gens ont voté avec des armes sous la tempe là-bas ?

CD : Laurent Gbagbo est un syndicaliste. Les syndicalistes de mauvaise foi, lorsqu'ils prennent le pouvoir, ils ont toujours du mal à partir. Gbagbo n'est pas un démocrate, c'est pourquoi toute cette manipulation est orchestrée à la télé! Aujourd'hui, avec un téléphone portable on peut filmer une scène. Pourquoi cette télé que plus de 99 % des Ivoiriens ne regardent plus, ne montre pas un seul instant, la moindre prise de bec le jour du scrutin ? Il n'y a eu aucune exaction avant, pendant et après le jour du scrutin. Heureusement que personne ne croit aux grossiers mensonges que les gens racontent nuit et jour sur la télé de Gbagbo. C'est vraiment dommage pour notre pays, Laurent Gbagbo démontre qu'il n'est pas celui qui peut réunifier la Côte d'Ivoire, il n'est pas non plus celui qui peut ramener l'esprit de fraternité qui prévalait entre les Ivoiriens de toutes les régions.


LP : Pour vous, comment la Côte d'Ivoire pourrait-elle sortir de cette situation ?

CD : Pour être clair avec vous, l'option militaire est inévitable, parce que Gbagbo ne partira jamais par la négociation. Gbagbo veut gagner le temps avec le ballet diplomatique. Pendant ce temps, la population souffre, Gbagbo fait tuer les Ivoiriens par ses mercenaires, ses miliciens et quelque jeunes gens de sa tribu incorporés dans la Garde républicaine dirigée par son frère Dogbo Blé. L'opération militaire que nous allons initier ne signifie pas que nous venons tirer sur les populations, pas du tout ! Nous venons simplement prendre Gbagbo pour que la démocratie soit rétablie en Côte d'Ivoire. Seulement nous ferons voir de toutes les couleurs à ceux qui s'entêtent à ses côtés et qui voudrons se mettre sur notre chemin. Les populations n'ont rien à avoir dans l'action que nous allons mener et nous ferons en sorte que les vies humaines soient au maximum épargnées.


LP : A vous entendre, les Forces nouvelles interviendront militairement pour faire partir Gbagbo ?

CD : Pour être franc, sachez que nous sommes prêts. Au moment où je vous parle, tous nos hommes sont en alerte et nous avons le matériel adéquat pour cette opération. Nous attendons, incessamment (ndlr, Il insiste plusieurs fois sur le mot) le mot d'ordre de notre chef, le Premier ministre et ministre de la Défense, Guillaume Soro, pour déclencher l'action. Nous ne pouvons pas encore tolérer longtemps que le président démocratiquement élu, Alassane Ouattara, soit retranché à l'Hôtel du Golf et que Laurent Gbagbo soit au palais et qu'il fasse tuer, chaque jour qui passe, des Ivoiriens. Sachez aussi que la majorité de nos frères d'armes, au sein des FDS, et nous on se parle et ils n'attendent que notre signal pour nous rejoindre.


LP : Et les médiateurs qui viennent demander à Gbagbo de partir pacifiquement !

CD : Qui croit aujourd'hui en la parole et aux engagements de Gbagbo ? Je vous répète que Gbagbo veut gagner du temps, avec la médiation, pour s'armer, recruter des mercenaires, miliciens et tuer les Ivoiriens. Vous êtes à Abidjan, vous savez ce qui se passe à Abobo où les populations sont assassinées massivement tous les jours. Laurent Gbagbo n'a aucun état d'âme ! Il s'est enrichi pendant dix ans de règne et il veut sacrifier le peuple pour ses propres intérêts. Un seul individu ne doit pas faire souffrir les Ivoiriens et tout le monde doit comprendre cela. Mais, nous allons mettre fin à cela sou peu.

Réalisée par Jean- Antoine Doudou
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