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Politique Publié le jeudi 13 janvier 2011 | Nord-Sud

Témoignages de réquisition de voitures à Abobo, hier : Des véhicules ont servi à transporter des corps

La commune d'Abobo a vécu, hier, sa deuxième journée d'absurdité consécutive à une fusillade. Des usagers du transport en ont subi durement les effets. Un chauffeur choqué dont le taxi a été réquisitionné manu militari, tôt le matin, par des hommes en armes, raconte sa mésaventure. «Ils ont dû transporter des corps par des voitures qu'ils ont arrachées», présume d'emblée une dame B.M, chauffeur de taxi. Il va argumenter par la suite en montrant du doigt des traces de sang sur la banquette arrière de la voiture que les policiers ont dû abandonner pour des problèmes fréquents d'allumage ou de démarrage. Tout a commencé près du marché de bananes non loin du centre giratoire de la mairie de la commune, a repris B.M. Le taximan, parti déposer son épouse à Abobo, dit avoir été interpellé par des policiers en armes. Cela, avant même qu'il finisse de faire le tour du rond-point, en face de la mairie. « Quand j'ai fait le centre giratoire, trois éléments en treillis BAE (Brigade anti-émeute) sont venus d'un petit couloir, qui donne sur la gare UTB. L'un d'entre eux a pointé son arme sur moi et m'a intimé l'ordre de descendre », se souvient-il, avant de décrire l'attitude qu'il a adoptée ensuite. « J'ai levé les mains au ciel ; malgré cela il a menacé de me taper avec la crosse de son arme et je me suis protégé la face à l'aide de mon bras », a-t-il poursuivi. B. M. dit qu'il n'a cependant pas réussi à éviter le coup de crosse que lui a asséné à la tempe un autre policier. C'est même ce dernier qui s'est emparé de la clé du taxi. A en croire le taximan, il n'était pas le seul dont la voiture a été saisie sur les lieux. Lui et d'autres victimes ont couru trouver refuge dans des habitations avoisinantes. « De là-bas, raconte l'infortuné, nous avons entendu des tirs. C'est seulement quand ces tirs ont cessé que nous sommes sortis. Pour savoir l'état dans lequel se trouvaient nos véhicules et les récupérer ». C'est un constat désolant qu'ils ont fait, car certains ont vu leurs engins « brûlés ». Le taxi de B.M se trouvait maintenant stationné, dans un sens interdit, à la hauteur du ''2ème arrêt'', un secteur non loin de là. « Une fois à côté de la voiture, la portière côté chauffeur était ouverte. J'ai aussi vu des traces de sang frais sur la banquette arrière. Dans la précipitation j'ai démarré en trombe pour quitter les lieux. J'ai eu l'idée de me rendre dans un commissariat, mais on me l'a déconseillé.

B.I.
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