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Économie Publié le samedi 15 janvier 2011 | Nord-Sud

Finances publiques / après les mises en garde de Soro :Les virements reprennent la direction de la Bceao

Les mises en garde sévères du Premier ministre, Guillaume Soro aux cadres des régies financières ne semblent pas tomber dans des oreilles de sourds. De nombreux agents expliquent que les choses changent progressivement.


Jusqu’à quand le camp Gbagbo pourra-t-il manœuvrer pour continuer à contrôler de façon «illégale» les ressources publiques? A une semaine du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays-membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa, prévu le 22 janvier à Bamako), considéré comme crucial, les choses semblent prendre d’autres tournures à Abidjan. En effet, les avertissements et les mises en garde du gouvernement Guillaume Soro font des vagues et commencent à produire l‘effet escompté dans l’administration.

De sources bien introduites au sein des régies financières, depuis quelques jours, des dépôts de chèques sont de plus en plus effectués sur les comptes du trésor public logés à la Bceao et ce, conformément aux exigences du Premier ministre Soro. Toute chose qui risque de mettre à nu, le projet de contournement du régime déchu de Laurent Gbagbo.

La reprise

Car, dans sa logique de confiscation du pouvoir et de mainmise sur les finances publiques, outre le contrôle des banques publiques, l’équipe de l’ancien chef d’Etat «avait orienté certains transferts de fonds au nom de l’Etat, vers la Banque des dépôts du trésor public (Accd) au lieu de la Bceao». Un mouvement de fonds «suspect» qui a suscité de nombreuses interrogations chez certains agents du public. «Il y a quelques jours encore, nos responsables nous avaient demandé de faire les virements à la banque du trésor. Mais, les choses sont en train de changer depuis que le gouvernement de Guillaume Soro a publié un communiqué dans la presse pour mettre en garde les comptables publics et autres régisseurs», explique une source digne de foi. Selon notre interlocuteur, les dépôts viennent de reprendre à nouveau la direction de la banque centrale comme auparavant. Même s’il reconnaît que l’Accd reçoit habituellement des chèques de clients publics et privés. «Avant la crise post-électorale, nos gros versements étaient effectués à la Bceao sur le compte du trésor. Nous avons été surpris, à un moment donné, de voir ces opérations se faire à la banque du trésor. C’est étonnant tout de même car nous connaissons parfaitement les opérations habituelles de l’Accd. Donc nous nous sommes interrogés sur l’opportunité d’une telle mesure», confie-t-il. A en croire un responsable de l’administration, de nombreux fonctionnaires qui collectent les recettes publiques, sont de plus en plus craintifs après la liste noire publiée par le gouvernement d’Alassane Ouattara, le président élu. «Certains services ont fermé parce que les responsables ne veulent plus prendre de risque estimant que la situation est floue. Ils ne veulent pas prendre d’engagement qui va les compromettre après», fait remarquer ce cadre de l’administration. Pour éviter les «sanctions prévues» par le Premier ministre Soro, des agents du public auraient même pris précipitamment leurs congés, le temps que l’impasse politique trouve une issue heureuse. Il faut noter qu’à l’issue de la session extraordinaire du Conseil des ministres de l’Uemoa, le 23 décembre à Bissau, c’est seule la signature d’Alassane Ouattara qui est désormais reconnue par cette institution monétaire communautaire. La réunion du 7 janvier dernier de l’union à Bamako qui était attendue et qui a eu lieu en présence du gouverneur de la Bceao, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, n’a pas donné de décision contraire. Si le patron de la banque centrale a ajourné sa conférence prévue à cette occasion, il a été reçu cependant hier, en audience, par le président du Faso Blaise Compaoré. Si rien n’a filtré, l’on imagine aisément que les deux personnalités ont évoqué la prochaine rencontre des chefs d’Etat et la crise post-électorale en Côte d’Ivoire.

Des cadres angoissés

Selon le ministre du Plan et du Développement, Albert Mabri Toikeusse qui a pris part aux travaux avec son collègue de l’Economie et des Finances, Diby Koffi Charles, il s’agissait « de mettre en œuvre des décisions de la session extraordinaire du Conseil des ministres de Bissau concernant la Bceao et la Côte d’Ivoire». Pas plus. Avant de confirmer que les « comptes ont été effectivement bloqués». Toujours est-il que dans cette même vaine, le locataire légal et légitime de la primature a été ferme et, on ne peut plus clair, quant aux mouvements des fonds de l’Etat. «Il est rappelé aux comptables publics, particulièrement aux receveurs principaux des douanes et aux receveurs des impôts, que les paiements effectués par les opérateurs économiques doivent être impérativement versés sur les comptes du trésor public ouverts à cet effet à la Bceao. A défaut, ils seront passibles des peines prévues par la loi», a prévenu Guillaume Soro, dans le communique publié par son gouvernement le lundi 11 janvier. Qui a déjà sorti le trident en dressant une liste noire (de l’Onu et de l’Union européenne) de 16 directeurs et de huit banques qui, malgré ses instructions, s’obstinent à composer de façon «illégale et illégitime» avec le régime sortant de Gbagbo. Lequel refuse de passer la main au vainqueur, son «frère» et président élu, Alassane Ouattara. De nombreux cadres des régies financières, avertis, ne veulent pas se retrouver devant les instances internationales. Ils ont décidé de se conformer aux prescriptions du nouveau signataire des comptes du pays à la Bceao reconnu par l’Uemoa. Pour éviter toute surprise désagréable avec les autorités légales du pays, les opérateurs économiques à l’image de la Fédération nationale des commerçants de Côte de d’Ivoire (Fenacci), ont pris des dispositions. Cette structure demande aux contribuables de privilégier les chèques barrés au lieu du paiement en espèce compte tenu de la situation confuse au sommet de l’Etat. Avec une telle option, les encaissements ne peuvent être effectués que par l’entremise d’une banque ou un organisme visé par le code monétaire et financier (trésor public, etc.). C’est-à-dire que le chèque barré n’est pas encaissable à vue et ne peut être encaissé par un particulier.

Cissé Cheick Ely
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