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Politique Publié le mardi 18 janvier 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Crise postélectorale / Jean Yves Dibopieu à l’évêque Salomon Lezoutié : "Affichez votre position plutôt que de la dissimuler sous le couvert de la soutane"

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Religion - Mgr Jean Salomon Lezoutié, Evêque coadjuteur du diocèse de Yopougon
Le Président de la SOAF (Solidarité Africaine), dans une libre opinion, n’apprécie pas la récente sortie de Monseigneur Jean Salomon Lezoutié, évêque de Yopoupon. Pour Jean Yves Dibopieu, l’homme de Dieu est en train de semer la confusion là ou elle ne doit pas exister.

Je vous salue Monseigneur
Je veux ici me permettre d’apporter mes humbles critiques à votre longue contribution sur la crise postélectorale parue dans l’Inter N° 3799 du lundi 10 janvier 2011.
Je voudrais, Monseigneur, regarder d’abord à la forme et à l’opportunité de cette intervention de votre part.
Je pense d’abord que c’est au mépris des valeurs démocratiques que vous semblez pourtant défendre en partie dans votre texte car si j’ai bonne mémoire, vos homologues, les évêques dans un grand ensemble avaient fait une déclaration des plus salutaires pour moi parce qu’allant dans le sens de la défense de la souveraineté de notre pays. Mais vous avez jugé bon de parler aussi là où la sagesse, l’humilité et certainement la déontologie de votre fonction de prête vous auraient recommandé de vous retenir.
En second lieu et toujours sur la forme vous donnez à réfléchir sur le fonctionnement de votre corporation : est-ce un milieu organisé et cohérent ou bien est-ce plutôt un lieu où l’on peut patauger et se vautrer à loisir ? Vous seule pouvez nous en donner des réponses à nous autres qui ne sommes pas dans le secret de l’épiscopat.
Pour en finir avec la forme, Monseigneur, je voudrais vous dire qu’en vous comportant ainsi, vous jetez certainement l’émoi dans l’esprit de nombreux fidèles catholiques et vous auriez dû y réfléchir, vous qui avez tenu à parler aussi.
Monseigneur, j’aurais pu m’arrêter là, mais ce serait un goût inachevé car les arguments de votre contribution ne sont pas moins inattaquables.
C’est pourquoi, je voudrais ici me permettre de vous poser quelques questions :
Monseigneur, vous parlez en début de votre texte du « et » et du « ou », de l’Ivoirien « sang pour sang » et avant d’en arriver selon vous toujours à « l’officiel non certifié » ou bien « le légitime certifié ».
Je constate donc que vous suivez la crise ivoirienne depuis longtemps. Alors je voudrais vous posez un certain nombre de questions vous qui aimez pourtant parler aussi :
Monseigneur, où étiez-vous le 19 septembre, lorsqu’une rébellion meurtrière et désastreuse s’est emparée de notre pays ?
On ne vous a ni vu ni connu à ce que je sache.
Monseigneur, où étiez-vous lorsqu’ en novembre 2004, la licorne massacrait les Ivoiriens aux mains nues devant l’hôtel Ivoire ?
On ne vous a ni vu ni connu
Monseigneur, aujourd’hui vous apparaissez et vous vous présentez comme le justicier, le défenseur des droits de Ouattara. Vos arguments peuvent paraître conséquents mais les interrogations ci-dessus vous rendent suspect.
Monseigneur, vous êtes un homme religieux au plus haut niveau. Or religion et morale sont deux sœurs jumelles inséparables. N’est-ce d’ailleurs pas pour cela que Nietzsche les mettant ensemble les répugnait parce qu’il considère la morale comme une transfiguration modernisée des concepts théologiques traditionnelles ?
Et vous vous êtes tu sur les tueries et destructions de la rébellion sur les massacres de la Force Licorne devant l’Ivoire.
Et pourtant deux principes religieux fondamentaux disent : « Tu ne tueras point », « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». La morale vient renchérir avec Emmanuel Kant pour dire : « Agit de sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en une loi universelle ». Autrement dit, fait à autrui ce que tu aimerais qu’on te fasse.
Alors Monseigneur, si pour arriver au pouvoir, il faut utiliser des armes et une rébellion contre l’autre, Monsieur ALASSANE DRAMANE OUATTRA acceptera-t-il d’en subir autant ?
Si dans un jeu électoral dit transparent et équitable Monsieur DRAMANE OUATTARA embrigade une partie du pays pour y exercer toute sorte de fraudes caractérisée par des menaces, des chasses à l’homme, des tueries, vols et violes contre les partisans de l’autre accepterait-il qu’on lui en fasse autant ?
Voici des questions démocratiques essentielles pour nous, Monseigneur, qui sont au fondement de toute cette crise électorale que nous traversons. Or malheureusement, nulle part, dans votre long exposé, vous ne faites allusion ni à la rébellion, ni aux conditions de déroulement des élections dans le Nord.
Vous faites table rase de toute cela et concernant le résultat donné par le Conseil constitutionnel vous dites « Je reste cependant perplexe en ce qui concerne le Conseil constitutionnel »
Monseigneur, vous avez dit que vous êtes de Jacques-ville où Monsieur GBAGBO a gagné les élections, alors je voudrais vous demandez si les élections dans votre département se sont déroulées dans les mêmes conditions qu’au Nord ?
Monseigneur, vous souhaitez aussi qu’on accepte la certification de ChOÏ et que nous ne devions pas rejeter l’ONU (Organisation des nations Unies) parce que c’est de façon libre que nous leur avons donné la caution de venir dans notre pays. A ce propos, vous récitiez ici un refrain cher au RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) : « … et pourquoi faut-il toujours qu’en Côte d’Ivoire il y ait cette race de dirigeants qui signent des accords pour s’en repentir après ? »
Monseigneur, sachez que ce n’est pas parce qu’on a demandé que l’ONU arrive en Côte d’Ivoire qu’on va lui permettre de faire la pluie et le beau temps chez nous. Et puis à vous lire, Monseigneur, je sais que vous auriez fait partie de ceux qui allaient s’en prendre à Monsieur GBAGBO s’il avait refusé l’arrivée de l’ONU en Côte d’Ivoire. Enfin, sachez Monseigneur, que ce n’est pas pour la première fois que le Président GBAGBO se dresse contre une décision voire même une résolution de l’ONU en Côte d’Ivoire.
Je vous envoie pour exemple la décision de l’ONU de dissoudre l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.
Toujours dans votre critique contre la victoire du candidat GBAGBO, vous dites que c’est un « malaise de devoir se réjouir d’une victoire embarrassante, parce qu’acquise constitutionnellement, mais démocratiquement, triste ! »
Monseigneur, arrêter de semer la confusion là ou elle ne doit pas exister. Car la démocratie, elle n’existe nulle part si elle n’est fondée sur la loi puisque toute la loi constitutionnelle est avant tout légitimée par la sanction populaire c`est-à-dire le vote.
Monseigneur, je préfère m’arrêter ici, parce qu’ayant traité l’essentiel des critiques que j’avais à faire sur votre texte.
Mais à ce stade, je voudrais vous demander de vous afficher. Affichez votre position et assumez- là comme nous autres plutôt que de la dissimuler sous le couvert de la soutane car votre texte que j’ai lu me permet de décrypter votre comportement et votre position que je n’ose pas dire ici. Mais tous les lecteurs qui m’ont bien lu peuvent aisément la deviner. Eviter de faire comme les responsables des sociétés dites civiles en Côte d’Ivoire qui se cachent derrière ce manteau et ne prennent que des positions déjà ou toujours soutenues par le RHDP.
Respectueusement
Jean Yves Dibopieu
Président de la SOAF
(Solidarité Africaine)
Membre de l’Alliance
Des Jeunes Patriotes
En DEA de philosophie

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