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Politique Publié le mardi 18 janvier 2011 | Le Patriote

Sur une col - Parlez seulement…

Hier en début d’après-midi, le Premier ministre kényan a de nouveau foulé le sol abidjanais, pour tenter de dénouer le coriace écheveau de l’équation ivoirienne. Quelques sacripants de la galaxie patriotiques, a-t-on appris, ont tenu, dans les environs de l’hôtel où il loge au Plateau, à lui « donner les nouvelles » du pays en s’attaquant aux Casque bleus qui assurent sa sécurité. Du coup, Raïla Odinga sait d’ores et déjà à quoi s’en tenir. Quand on vient discuter avec papa et que sur le perron de la maison, ses rejetons vous jettent des pierres, ca vous aide à comprendre les dispositions d’esprit de votre hôte. Gbagbo reste le même Gbagbo : il ne changera pas de position. Il ne dira pas autre chose qu’il n’a déjà dit depuis ces longues semaines de négociations entreprises par la communauté internationale – en particulier les chefs d’Etat africains – pour amener le dictateur à entendre raison. Sa femme l’a du reste clairement indiqué le week-end dernier. Elle a martelé lors d’un meeting au palais de la culture que « Gbagbo est installé, il ne bougera pas ». Au cours de son discours, elle s’est attaquée à tout le monde. Bien sûr, à Ouattara, qu’elle a qualifié de « chef bandit ». Mais aussi à la CEDEAO, à la France, « le diable », aux Etats-Unis, à l’ONU. Pour agrémenter un peu les choses, elle a littéralement transformé la rencontre en un bal populaire, gratifiant l’assistance de pas de dance endiablés. Le message à tout ce beau monde en est on ne peut plus limpide : « ce n’est pas avec votre bavardage diplomatique que vous allez nous faire partir de ce palais présidentiel, qui est notre palais à nous les vrais Ivoiriens ». Sous-entendu : « ce pays ne sera jamais dirigé que par « nous les vrais Ivoiriens ». Les autres – les demis ou les non Ivoiriens, on pourra toujours les massacrer et il n’y aura rien ! ». C’est vrai que sur ce coup-là, ce n’est pas à Simone qu’on brandirait un quelconque chiffon rouge des sanctions. Les Escadrons de la mort, Kieffer et les autres, ça lui a jusque-là glissé sur le corps…
Autant le dire donc : ces gens-là s’en foutent éperdument des discours. « Parlez seulement, parlez, nous on est là, nous on danse ! », semblent s’amuser les refondateurs. Ils se moquent royalement de ce qu’ils ont fait de ce pays et de ses habitants pendant ces dix dernières années, encore moins de la grande misère qu’ils leur font vivre au quotidien, de la ruine totale de leur nation, du vol en éclat du ciment du vouloir vivre collectif qu’Houphouët-Boigny leur a légué comme héritage. Ils veulent continuer à danser comme Simone sur la détresse du peuple ivoirien.
Alors question : la Côte d’Ivoire va-t-elle s’évertuer à concocter l’omelette de sa sortie définitive de crise – j’allais dire de sa libération, de son affranchissement – sans casser les œufs du principal obstacle qui l’empêche d’y parvenir, c’est-à-dire, Laurent Gbagbo ? Pendant que nos bourreaux dansent sur nos têtes, allons-nous continuer à quémander (à d’autres personnes) notre propre délivrance ?
Koré Emmanuel

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