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Politique Publié le jeudi 20 janvier 2011 | Le Temps

Reglement Definitif De La Crise Ivoirienne Vers un lâchage politico diplomatique de Ouattara

Les preuves s’accumulent contre Ouattara sur la fraude électorale. Accusée d’intoxiquer l’Occident, la France hésite à prendre des risques militaires : ses résolutions sont bloquées à l’Onu. L’Afrique (anglophone et lusophone) se braque et prend position pour Gbagbo… L’opinion internationale se prépare à reconsidérer sa position vis-à-vis d’Alassane Dramane Ouattara. Incursion dans le poker menteur ivoirien.

Investi le samedi 6 décembre 2010 par le Conseil constitutionnel après sa brillante réélection, voici, jour pour jour 45 jours, que le Président Laurent Gbagbo poursuit son mandat que le bon peuple de Côte d’Ivoire a bien voulu lui confier. Cela fait exactement 47 jours que son rival, Alassane Dramane Ouattara le candidat malheureux de l’élection présidentielle du 28 novembre auto-investi le jeudi 4 décembre 2010, vit une réclusion au Golf Hôtel. Si le candidat du Rdr peut se vanter des nombreux soutiens occidentaux et de la camarilla (un millier de soldats composé de mercenaires, de soldats français et onusiens), il peut se rendre à l’évidence que le temps joue sa partition dans ce marathon qui l’oppose au Président légal et légitime Sem. Laurent Gbagbo. Une partition qui n’est pas forcément à son avantage, d’autant que la France son premier soutien visible et officiel, perd de plus en plus des plumes dans le bal diplomatique à l’international.
L’option militaire qui devait jeter aux orties un certain Laurent Gbagbo plus serein que jamais, s’amenuise au profit d’un «dialogue constructif entre Africains». Ouattara a beau multiplier les sorties médiatiques dans lesquelles il en appelle à une «opération militaire pour extirper Gbagbo qui va tomber comme un fruit pourri», sa voix a beau être amplifiée par «son» premier ministre Guillaume Soro, cette voix ne porte guère au-delà du luxuriant jardin du Golf Hôtel. Des 5 étoiles qu’il était il y a seulement trois mois, le Golf Hôtel, par un effet de mutation tragique passe du sanctuaire «bunkerisé» au goulag qui «bouffe» ses passionnaires. On y révèle pêle-mêle des traitements inhumains infligés «aux ayants droit».Tout le monde est au Golf Hôtel mais tout le monde n’y est pas logé à la même … enseigne.

Le drame collectif

Guillaume Soro qui commençait à disjoncter jour après jour, jubile à l’idée d’un «voyage d’aération» à Bamako où il ira représenter son mentor au Sommet des chefs d’Etat de l’Union monétaire qui se tient samedi prochain. Au Golf Hôtel, c’est désormais la course aux missions. Brou Aka Pascal pourtant promu Directeur général de la Radio diffusion télévision nationale par le président de la «République du Golf» et séquestré au sous-sol supplie sur un bout de papier froissé Brou Amessan actuel Dg de la Rti auquel il présente au passage «ses excuses», de tout faire pour entrer en contact avec Laurent Gbagbo «pour le sortir de là». Anne Ouloto bombardée porte-parole du candidat le temps d’une présidentielle, subit coups et blessures volontaires par des tortionnaires, kalachnikov en bandoulière. Des jeunes gens dont le militantisme s’étiole et qui, en désespoir de cause, s’agrippent aux camions de ramassage d’ordures pour s’extirper. L’ancien ministre Dagobert Banzio aurait confié à un proche dans son patois avoir vu «l’autre» (Alassane Ouattara, ndlr) il y a plus de quatre jours la toute dernière fois. Bref, au Golf Hôtel, tout y est, le drame aussi. Plus personne ne supporte cette ambiance, les soldats, les Vip, et même le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies Y.J. Choï qui dans une complainte s’époumone désespérément à dire que «le blocus a trop duré», une sorte de reconnaissance de facto du pouvoir de Laurent Gbagbo. L’alchimie de la France tarde à livrer ses résultats. D’autant que «le sale boulot» qu’elle s’est réservé a priori dans le conflit ivoirien a de fortes chances de ne pas se solder par des comptes escomptés. Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on crie à hue et à dia. Tantôt on y prône l’option militaire pour «respecter la volonté du peuple ivoirien», tantôt «c’est un non sens d’installer Ouattara au pouvoir» qui retentit, dixit Alain Jupé ministre français de la Défense. A défaut de ruer dans les brancards, dire et se dédire, le maître d’orchestre, Nicolas Sarkozy, confie la tâche à ses plus belles caisses de résonnance. Que pouvait le Président français ? Revenu très «affaibli» de sa croisade américaine, Nicolas n’a pu obtenir de son homologue Barack Obama un soupçon de sujet relatif à la Côte d’Ivoire. Le Président américain ayant prétexté «trop préoccupé» par des dossiers urgents sur le futur proche de ses concitoyens, en occurrence la ligne de crédit pour laquelle il court depuis des mois derrière la Chine. La Côte d’Ivoire est une réalité lointaine pour le contribuable américain. En effet, le silence radio sanctionnant cette «visite infructueuse» de la part des médias français, d’habitude prompts à amplifier «les hauts faits de guerre» du chef de l’Etat, est symptomatique de la tiédeur par laquelle l’exécutif américain observe désormais le dossier ivoirien. Philippe Carter III l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Côte d’Ivoire que Laurent Gbagbo qualifie de «désagréable» serait dans ses derniers séjours en terre ivoirienne selon des sources diplomatiques. Le diplomate américain n’aurait pas «tout dit» à celui qu’il représente en Côte d’Ivoire auprès du Président Gbagbo, selon les services secrets américains.

Le lobby anglophone en marche

Parlant de forces d’intervention militaire, l’idée dont la France porte le flambeau est étouffée dans l’œuf. Les réunions de «préparation de l’opération» des chefs d’état-major des armées de la sous-région ouest-africaine se multiplient et leurs résolutions ne vont guère au-delà «d’une action si nécessaire», juste des paroles en l’air pour «maintenir la pression sur Gbagbo» comme le souhaite dépité Nicolas Sarkozy et, parce qu’«en dehors des sanctions, qu’est-ce qu’il y a?» s’interroge résignée Michèle Aliot-Marie, ministre des Affaires étrangères. Le Président Sarkozy bien que comptant sur le soutien «indéfectible» et «aveugle» de ses homologues Abdoulaye Wade du Sénégal et Blaise Compaoré du Burkina Faso lequel séjournait jusqu’à hier à Paris, a encore du pain sur la planche.

Le Ghana s’oppose à «envoyer ses troupes». Le Président John Atta Mills cornaqué par l’ex-Président, le capitaine d’aviation Jerry Rawlings, est désormais attentif aux discours nationalistes de Gbagbo. Son pays, terre d’incubation du panafricanisme du charismatique Kwame NKrumah ne saurait dévoyer le noble combat. Le lobby africain-américain mené par le capitaine Jerry porte ses fruits au congrès américain. Le Président nigérian Goodlock Jonathan qui s’était bruyamment exprimé en faveur de l’option militaire se souvient soudainement de l’insécurité sur son territoire à l’approche des élections. Quant à la Guinée-Bissau, la Gambie, la Sierra Leone, leurs positions sont connues depuis le début de la crise post-électorale : pas d’actions militaires en Côte d’Ivoire.

Le Liberia a beau jeu d’avancer qu’il a «déjà ses troupes à travers les Casques bleus de l’Onuci». L’Afrique, par le Centre et même par le Sud, s’est désolidarisée des va-t-en guerre. L’Afrique du Sud, leader du continent a encore en mémoire comment son ancien chef d’Etat, Thabo Mbeki a été ridiculisé. La dernière mission de conciliation en terre ivoirienne du dirigeant de l’Anc n’a pas été prise en compte par l’Union africaine qui l’a mandaté. Une attitude que le pays arc-en-ciel n’a toujours pas gobée. Et si le Kenya prend le relais, ce n’est pas tant par dépit. C’est une reprise dans l’autre main de la négociation sud-africaine, selon une source diplomatique proche du dossier. Les pays phares de l’Afrique australe y compris l’Afrique du Sud auraient, selon des sources concordantes, reçu «des consignes fermes» de ne pas laisser perdurer la tentative de «recolonisation de l’Afrique à partir d’un autre pays du continent». On peut le dire, bien avant «la mission» de Sarkozy à Washington, la semaine dernière, où il rencontrait le Président Obama, le mot d’ordre est suffisamment passé et les carottes étaient déjà cuites : plus question d’une recolonisation de l’Afrique. D’ailleurs, selon certaines sources proches des services secrets américains, le Président Obama aurait affirmé ceci : «ce n’est pas sous ma présidence que l’Afrique doit être recolonisée». Le tocsin du camp Ouattara a bel et bien sonné. Ce dernier ne fait qu’entretenir les illusions en comptant sur le dernier baroud d’honneur de la France… qui tardera à venir au vu de ce qui précède.

A moins que l’action militaire ne soit confiée à des mercenaires. Parce que, même au Conseil de sécurité de l’Onu, la résolution qui devait être prise sur l’envoi de 2000 Casques bleus onusiens a buté sur l’intransigeance de la Russie sous prétexte «d’intrigues politiques». Par ailleurs, la Fédération de Russie est allée plus loin et même très loin, jusqu’à refuser que l’ambassadeur nommé par le camp Ouattara à l’Onu, Bamba Youssouf prenne la parole à l’Assemblée au nom de la Côte d’Ivoire dont elle reconnaît le dirigeant légitime, légal et constitutionnel en la personne de Laurent Gbagbo. L’Ambassadeur de la Russie à l’Onu y a opposé un niet cinglant. Cette autre déculottée arrive au moment où le médiateur de l’Union africaine, le Premier ministre du Kenya Raïla Odinga quittait précipitamment hier, la Côte d’Ivoire.


On se demande ce qui a du se passer pour que le kenyan décide de quitter Abidjan sur la pointe des pieds sans même prévenir le Président Gbagbo. Pour un séjour annoncé pour 6 à 7 jours à Abidjan le médiateur de l’Ua qui en a fait seulement deux, a vite fait de l’écourter. Alassane Dramane Ouattara est resté campé sur sa position : «Qu’est-ce que vous voulez que je négocie alors que les Ivoiriens ont voté dans la transparence de manière démocratique». Une réponse claire à l’endroit de l’émissaire de l’Ua. Certes, M. Ouattara n’a pu rencontrer lui-même le Premier ministre Raïla Odinga.

Mais c’est plus pour une autre raison que par rodomontade ou par défiance. La raison évoquée par certains médias internationaux parlant «du refus du blocus de l’Hôtel du Golf par Gbagbo en raison des manifestations dans la capitale Abidjan», à elle seule ne saurait soutenir le «boycott» de la rencontre par Alassane Dramane Ouattara. Selon une source diplomatique proche de l’Ambassade du Canada – ce pays s’illustre maladroitement dans une crise qui n’est pas la sienne en prenant ouvertement le risque de défier la République souveraine de Côte d’Ivoire sans penser à l’après crise-, «M. Ouattara souffre depuis un moment d’un mal qui l’empêche d’être trop actif». Voilà d’où est partie la rumeur sur la présumée mort d’Alassane Dramane Ouattara et où se situerait la véritable raison qui a fait que le président du Rdr n’a pu rencontrer l’émissaire de l’Union africaine. Toutefois, il a délégué une poignée de personnalités qui lui sont proches à «porter ses revendications». Lesquels préalables portent sur «la levée du blocus de l’Hôtel du Golf par Gbagbo avant toute discussion». Cependant, si Ouattara ne peut mettre «nez dehors» parce qu’il souffrirait, selon des sources médicales à vérifier, d’un «mal au niveau de la tête qui l’oblige souvent à se faire traiter en Allemagne et cela depuis des années», il voudrait pouvoir compter sur son Premier ministre. C’est donc Guillaume Soro qui le suppléera au «Sommet des chefs d’Etat des pays membres de l’Uemoa» qui se tient samedi, à Bamako au Mali. Une autre paire de manche qui vient tester la cohésion des organisations sous-régionales. Car, le Président Laurent Gbagbo a reçu une invitation officielle pour participer à ce sommet. Ce serait «irresponsable» que l’Union se concerte sans la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, avoue un diplomate africain. Pour autant, s’il est quasiment improbable que le chef de l’Etat légal et constitutionnel se déplace jusqu’à Bamako, Laurent Gbagbo pourrait dépêcher un membre de son gouvernement. Réunion quitte ou double. Gbagbo ou Ouattara ? Dans tous les cas, le destin de l’Uemoa se joue avec des responsabilités historiques de part et d’autre.

Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr
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