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Société Publié le lundi 24 janvier 2011 | Nord-Sud

Epidémie de choléra à Adjamé nord-château d’eau / Plusieurs morts : les familles racontent le drame

© Nord-Sud Par EMMA
Les ordures ménagères inondent les différentes communes d`Abidjan
Le choléra a fait au moins sept morts et plusieurs malades, en 5 jours, à Adjamé-nord quartier château. Dans l’attente d’une enquête pour déterminer la cause de cette épidémie, les familles vivent dans la peur.

Elle allait très bien. Mardi, à 3 heures du matin, on ignore ce qui a bien pu se passer, Mme Somahoro Massandjé, la trentaine, s’est mise à faire la diarrhée suivie de vomissements. «C’était si effrayant que je l’ai envoyée à la clinique du quartier », explique le mari, éploré, ce samedi. A l’hôpital, le toubib lui fait une piqûre et la met sous sérum, après examen. Son état ne s’améliore pas. Vendredi, des agents de l’Institut national d’hygiène publique (Inhp) alertés arrivent sur les lieux pour la chercher. Elle meurt ce même jour à 16h 46. « Le médecin a affirmé qu’elle souffrait de choléra », indique M. Soumahoro. La veille, le quartier était déjà dans la panique. Plusieurs personnes étaient décédése presque dans les mêmes circonstances. Parmi elles, le jeune Sanogo Moussa, âgé de 25 ans. Son père, Sanogo Yacouba, encore sous le choc, ce matin, a du mal à expliquer la mort brusque de son fils qui était si bien portant, il y a trois jours. Selon lui, le garçon a soudainement commencé à vomir et à faire la diarrhée, mercredi nuit. Ils l’emmènent à l’hôpital. Mais il y a tellement de monde que les médecins leur demandent de repasser le lendemain. Malheureusement, le jeune Moussa ne reverra plus le soleil. A une cinquantaine de mètres de leur maison, une autre famille est frappée brusquement par le malheur. Agui Roger, 16 ans, a également perdu la vie de la même manière. La famille affirme qu’il se portait comme un charme lorsqu’il se rendait à l’école, mercredi matin. Il est revenu de l’école, le soir en se plaignant d’un mal de tête. Il a ensuite eu des vomissements et la diarrhée. Bizarrement, ces signes étaient accompagnés de crampes, selon la mère. On l’emmène à la clinique du quartier, où la plupart des malades sont conduits. Le médecin indique qu’il a le cholera. Jeudi, Roger décède. Il y aura plusieurs décès ce même jour. Certains n’auront pas le temps de se rendre à l’hôpital, d’autres ignorent si c’est vraiment le choléra qui a emporté leurs proches. N’Doli César, le président des jeunes du quartier dénombre 11 morts, dans ce tourbillon de choléra. Mais, Dr Kouakou, directrice départementale de la santé, indique qu’elle en a dénombré sept dans le quartier, liés à la maladie.

On ignore la cause du choléra
On ignore la cause véritable de cette épidémie brusque qui a endeuillé plusieurs familles. Mais l’explication pourrait se trouver autour des maisons. Le quartier regorge de nombreuses canalisations non couvertes et remplies d’eau puante et infecte. Des flaques d’eaux de la même nature stagnent çà et là dans les ruelles poussiéreuses du quartier château, situé entre Adjamé mosquée et Agban. Les vendeuses d’haricot, de riz, d’attiéké (semoule de manioc) et de pain vendent au bord de la route dans un total mépris des règles d’hygiène. En entendant le résultat des examens de l’Inhp, Dr Kouakou pense qu’il ne serait pas impossible que ce soit la poussière ou les eaux infectes qui aient causé cette épidémie. Théorie plausible mais difficile à comprendre. Puisque ces habitants vivent dans ces conditions depuis des années. A la recherche d’une explication plus plausible, nous avons tenté de comprendre ce qui lie tous ces décès. Selon M. Soumahoro, l’époux de Massandjé, sa femme n’avait rien mangé ni bu de particulier avant de tomber malade. Elle avait seulement mangé du haricot chez une vendeuse au bord de la route. Non loin d’eux, Kacou Kader, 15 ans, Kacou Jennifer, 14 ans, et Diaby Yaya, 19 ans, ont tous été victimes du choléra dans la même période. Mais grâce à l’intervention de l’Inhp et de l’Institut pasteur, alertés, ils ont été sauvés à temps. Ce samedi, ils ont la mine réjouite. Kader se rappelle qu’il a aussi mangé du haricot dehors, chez la même vendeuse, la veille de sa maladie. Mais ce n’est pas le cas pour les deux autres. Le soupçon sur le haricot ne tient donc pas, bien que d’autres malades ont affirmé avoir mangé cette denrée au quartier avant de tomber malade. La mère des trois malades ajoute que toute la famille a mangé la même nourriture à la maison. Mais seuls les trois enfants ont eu le choléra. Les toilettes peut-être ? Étant donné que ce sont des toilettes communes qui sont installées dans la cour. Adjejinle Patrick, un autre malade qui a échappé au choléra pense que ce n’est pas impossible. Car, lui aussi n’a rien mangé dehors avant sa maladie. Mais il précise que tout le monde utilise des toilettes communes. Quelqu’un a peut-être transmis la maladie aux autres en utilisant ces toilettes. Dans l’attente d’une réponse à cette question, la population vit dans la peur. Car, la maladie est toujours présente. Et elle peut frapper n’importe qui à n’importe quel moment.

Raphaël Tanoh
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