Dans cet entretien qu`il a accordé, hier, à la télévision française iTélé, le nouvel ambassadeur de Côte d`Ivoire en France, Ally Coulibaly, met la main au feu que Laurent Gbagbo est seul, isolé avec quelques inconditionnels. Il dit même que ce dernier ne trouverait pas d`Ivoiriens dignes du nom pour se battre pour lui.
Le président Nicolas Sarkozy a répété que le seul président légal et légitime, c`est bien M. Alassane Ouattara alors que M. Gbagbo, l`usurpateur, est toujours là.
Il n`y a que des paroles verbeuses, la preuve je suis là, nommé ambassadeur ; je suis en fonction depuis quelques jours. Voyez-vous, les choses évoluent, même si Laurent Gbagbo se cramponne au pouvoir. Mais véritablement, nous constatons que le combat qu`il mène est perdu d`avance.
Vous ne vous êtes pas débarrassé de M. Gbagbo, c`est quand-même lui qui fait la pluie et le beau temps.
Je vous informe que je n`ai pas délivré de visas depuis que je suis arrivé…
Donc cette information est fausse ?
Elle est fausse ! Si des gens ont été refoulés à l`aéroport, c`est possible. Mais je n`en sais rien !
Les gens doivent vous reconnaître sur place (en Côte d`Ivoire) ?
Mais si ! Ma signature est reconnue. Elle doit être déposée partout, dans les banques. Ma signature est reconnue, y a aucune illégitimité. Je suis bel et bien l`ambassadeur de Côte d`Ivoire comme M. Alassane Dramane Ouattara est le président de la République.
Il est le président de la République mais il est bloqué dans une espèce de prison qui s`appelle l`hôtel du Golf. Je constate que c`est une sorte de détention…
Voilà un pays promu à un bel avenir qui connaît une situation tragique pendant quelques années, qui cherche à entrer dans l`histoire par des élections transparentes, démocratiques et ouvertes. Des élections ont lieu, les Ivoiriens élisent leur président…
On sait tout cela… Ce qu`on constate, depuis deux mois, malgré l`ultimatum de M. Sarkozy. Vous
vous rappelez, « vous avez jusqu`à la fin de la semaine pour quitter le pouvoir », il a dit cela à M. Gbagbo. Qui n`a pas quitté le pouvoir, je me demande si chaque jour qui passe ne le renforce pas ?
M. Laurent Gbagbo a perdu le pouvoir et il va partir ; je vous le dis aujourd`hui. Pourquoi il partira ? Il n`a plus rien ! Personne ne le soutient sauf un quarteron de militaires. Il a recruté des mercenaires, des miliciens. S`il avait une armée, il ne l`aurait pas fait. Personne ne verserait du sang pour Laurent Gbagbo. On sait que c`est un usurpateur. Et donc, ce que M. Ouattara a privilégié, c`est le dialogue ; d`abord en lui offrant des garanties de sécurité…ça n`a pas marché.
Alors en définitive, qu`est-ce que vous allez faire ?
Le seul recours c`est la force. Puisque nous avons épuisé les ressources de la diplomatie. Il faut le faire pour éviter de donner un mauvais exemple, vous savez qu`il y aura dix élections en Afrique. Ce qui se passe est un déni de démocratie. Voilà quelqu`un qui a perdu aux élections, qui se cramponne au pouvoir. Il faut qu`il parte !
Toute la communauté internationale dit la même chose que vous. Des militaires ne peuvent pas aller à Abidjan prendre M. Laurent Gbagbo et le déloger…
Cela s`est déjà passé M. Ménard (le journaliste), ça s`est déjà passé en Afrique. Il ne s`agit pas de déclarer une guerre contre la Côte d`Ivoire. Il s`agit d`extirper le mal ; le mal qui est incarné par M. Laurent Gbagbo. C`est une opération militaire, elle se passera, je vous dis.
Sans la Cedeao, les Nations Unies, la France… ?
La Cedeao a pris une décision, celle qui dit qu`il faut faire partir Laurent Gbagbo par tous les moyens y compris la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien. Nous y croyons et cela se prépare.
L`Union africaine a dit qu`elle allait faire de la médiation diplomatique…
Vous allez être surpris pour une fois. Vous allez être surpris ! Et puis, les Ivoiriens n`acceptent pas ce qui se passe. Aujourd`hui, les Ivoiriens vivent dans la terreur parce que Laurent Gbagbo n`a qu`un seul projet : assassiner des Ivoiriens. Vous savez combien de morts il y a aujourd`hui ?
Deux cent soixante ? Deux cent quatre-vingts …
Le décombre macabre n`est pas terminé.
L`Onuci dit que d`un autre côté, il y a aussi vos partisans qui tuent les partisans de M. Gbagbo ?
Non, non ! Mais l`Onuci n`a jamais dit cela. Nous avons écouté, cela n`excuse pas. Il n`y en a pas eu. Ce qui se passe dans notre pays est inacceptable, il y a des cas de violations des droits de l`Homme. C`est flagrant, c`est inadmissible. Il y a un devoir moral pour la communauté internationale de s`en préoccuper. On ne peut plus tuer impunément.
Ça veut dire que l`asphyxie financière, envisagée à un moment donné, qui l`a mis à l`écart et le doigt pointé sur M. Gbagbo et ses amis par l`Union européenne, tout cela ne marche pas du tout ?
Vaut mieux relativiser. Vous ne savez pas ce que ça peut faire à quelqu`un qui a amassé de l`argent, qui a de l`argent dans des comptes à l`étranger. Quand on n`a pas de visa pour venir en Europe, ça fait mal. Lorsque vous avez vos familles aux Etats-Unis et qu`elles sont obligées de rentrer, ça pose problème. Il faut compter tout cela.
Et l`intervention militaire ?
L`intervention militaire reste un recours en attendant que M. Laurent Gbagbo décide de partir. Parce que M. Alassane Dramane Ouattara, le président de la République, qui lui a tout offert, est un homme de paix.
Est-ce que vous seriez prêt à recompter les voix ?
Non. C`est inutile, c`est sans intérêt. C`est une opération de diversion que des sorciers blancs, des avocats ont vendu à Laurent Gbagbo ; ça ne fonctionne pas. Le recomptage s`impose lorsque vous avez un écart de mille points ou deux mille voix. Mais là, il y a huit points d`écart. Donc, il n`y a rien à négocier. Il faut que Laurent Gbagbo reconnaisse que c`est M. Alassane Dramane Ouattara qui est le président de la République, c`est lui qui a été élu démocratiquement à l`issue d`un scrutin ouvert, transparent et certifié par les Nations Unies.
Le président de la commission des affaires étrangères de l`assemblée nationale française dit qu`on ne doit plus exclure une partition. Comment appréciez-vous cette solution ?
Bien mauvaise solution ! C`est l`un des problèmes de l`Afrique. On nous a dit que c`est à la conférence de Berlin en 1885 que des frontières africaines ont été mal tracées. (…) L`aspiration des Ivoiriens à vivre ensemble est forte qu`on ne peut pas l`imaginer. Il y a un tel métissage dans notre pays, c`est Laurent Gbagbo qui instrumentalise les ethnies, les religions. Il instrumentalise tout pourvu qu`il reste. La Côte d`Ivoire est une et indivisible. Il n`est pas question d`accéder à une telle proposition, elle est hors d`intérêt.
Vous avez quand-même quelques petites peines. Est-ce que vous êtes inquiet ?
Pas du tout parce qu`il fait une mauvaise lecture de la situation en Côte d`Ivoire. Ne voyez pas les choses selon un prisme ethnique.
Qui est à l`ambassade aujourd`hui, c`est vous ou c`est votre prédécesseur ?
C`est moi qui suis à l`ambassade. Nos portes sont ouvertes, vous pouvez aller me voir à l`ambassade ; vous pouvez me voir à partir de demain (aujourd`hui), il y a quelques réticences de Pierre Kipré. Mais, vous savez comme Laurent Gbagbo ne veut pas partir… Je vais vous dire qu`il est le spécialiste des coups d`Etat électoraux en permanence. Il était arrivé par un coup d`Etat ;
cela fait dix ans qu`il n`avait pas organisé des élections. Il a fait cinq ans d`un mandat contestable, il a ajouté cinq ans et il n`a pas fait d`élections ; ça, il faut le savoir, il faut le retenir.
Entretien retranscrit par B.I.
Le président Nicolas Sarkozy a répété que le seul président légal et légitime, c`est bien M. Alassane Ouattara alors que M. Gbagbo, l`usurpateur, est toujours là.
Il n`y a que des paroles verbeuses, la preuve je suis là, nommé ambassadeur ; je suis en fonction depuis quelques jours. Voyez-vous, les choses évoluent, même si Laurent Gbagbo se cramponne au pouvoir. Mais véritablement, nous constatons que le combat qu`il mène est perdu d`avance.
Vous ne vous êtes pas débarrassé de M. Gbagbo, c`est quand-même lui qui fait la pluie et le beau temps.
Je vous informe que je n`ai pas délivré de visas depuis que je suis arrivé…
Donc cette information est fausse ?
Elle est fausse ! Si des gens ont été refoulés à l`aéroport, c`est possible. Mais je n`en sais rien !
Les gens doivent vous reconnaître sur place (en Côte d`Ivoire) ?
Mais si ! Ma signature est reconnue. Elle doit être déposée partout, dans les banques. Ma signature est reconnue, y a aucune illégitimité. Je suis bel et bien l`ambassadeur de Côte d`Ivoire comme M. Alassane Dramane Ouattara est le président de la République.
Il est le président de la République mais il est bloqué dans une espèce de prison qui s`appelle l`hôtel du Golf. Je constate que c`est une sorte de détention…
Voilà un pays promu à un bel avenir qui connaît une situation tragique pendant quelques années, qui cherche à entrer dans l`histoire par des élections transparentes, démocratiques et ouvertes. Des élections ont lieu, les Ivoiriens élisent leur président…
On sait tout cela… Ce qu`on constate, depuis deux mois, malgré l`ultimatum de M. Sarkozy. Vous
vous rappelez, « vous avez jusqu`à la fin de la semaine pour quitter le pouvoir », il a dit cela à M. Gbagbo. Qui n`a pas quitté le pouvoir, je me demande si chaque jour qui passe ne le renforce pas ?
M. Laurent Gbagbo a perdu le pouvoir et il va partir ; je vous le dis aujourd`hui. Pourquoi il partira ? Il n`a plus rien ! Personne ne le soutient sauf un quarteron de militaires. Il a recruté des mercenaires, des miliciens. S`il avait une armée, il ne l`aurait pas fait. Personne ne verserait du sang pour Laurent Gbagbo. On sait que c`est un usurpateur. Et donc, ce que M. Ouattara a privilégié, c`est le dialogue ; d`abord en lui offrant des garanties de sécurité…ça n`a pas marché.
Alors en définitive, qu`est-ce que vous allez faire ?
Le seul recours c`est la force. Puisque nous avons épuisé les ressources de la diplomatie. Il faut le faire pour éviter de donner un mauvais exemple, vous savez qu`il y aura dix élections en Afrique. Ce qui se passe est un déni de démocratie. Voilà quelqu`un qui a perdu aux élections, qui se cramponne au pouvoir. Il faut qu`il parte !
Toute la communauté internationale dit la même chose que vous. Des militaires ne peuvent pas aller à Abidjan prendre M. Laurent Gbagbo et le déloger…
Cela s`est déjà passé M. Ménard (le journaliste), ça s`est déjà passé en Afrique. Il ne s`agit pas de déclarer une guerre contre la Côte d`Ivoire. Il s`agit d`extirper le mal ; le mal qui est incarné par M. Laurent Gbagbo. C`est une opération militaire, elle se passera, je vous dis.
Sans la Cedeao, les Nations Unies, la France… ?
La Cedeao a pris une décision, celle qui dit qu`il faut faire partir Laurent Gbagbo par tous les moyens y compris la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien. Nous y croyons et cela se prépare.
L`Union africaine a dit qu`elle allait faire de la médiation diplomatique…
Vous allez être surpris pour une fois. Vous allez être surpris ! Et puis, les Ivoiriens n`acceptent pas ce qui se passe. Aujourd`hui, les Ivoiriens vivent dans la terreur parce que Laurent Gbagbo n`a qu`un seul projet : assassiner des Ivoiriens. Vous savez combien de morts il y a aujourd`hui ?
Deux cent soixante ? Deux cent quatre-vingts …
Le décombre macabre n`est pas terminé.
L`Onuci dit que d`un autre côté, il y a aussi vos partisans qui tuent les partisans de M. Gbagbo ?
Non, non ! Mais l`Onuci n`a jamais dit cela. Nous avons écouté, cela n`excuse pas. Il n`y en a pas eu. Ce qui se passe dans notre pays est inacceptable, il y a des cas de violations des droits de l`Homme. C`est flagrant, c`est inadmissible. Il y a un devoir moral pour la communauté internationale de s`en préoccuper. On ne peut plus tuer impunément.
Ça veut dire que l`asphyxie financière, envisagée à un moment donné, qui l`a mis à l`écart et le doigt pointé sur M. Gbagbo et ses amis par l`Union européenne, tout cela ne marche pas du tout ?
Vaut mieux relativiser. Vous ne savez pas ce que ça peut faire à quelqu`un qui a amassé de l`argent, qui a de l`argent dans des comptes à l`étranger. Quand on n`a pas de visa pour venir en Europe, ça fait mal. Lorsque vous avez vos familles aux Etats-Unis et qu`elles sont obligées de rentrer, ça pose problème. Il faut compter tout cela.
Et l`intervention militaire ?
L`intervention militaire reste un recours en attendant que M. Laurent Gbagbo décide de partir. Parce que M. Alassane Dramane Ouattara, le président de la République, qui lui a tout offert, est un homme de paix.
Est-ce que vous seriez prêt à recompter les voix ?
Non. C`est inutile, c`est sans intérêt. C`est une opération de diversion que des sorciers blancs, des avocats ont vendu à Laurent Gbagbo ; ça ne fonctionne pas. Le recomptage s`impose lorsque vous avez un écart de mille points ou deux mille voix. Mais là, il y a huit points d`écart. Donc, il n`y a rien à négocier. Il faut que Laurent Gbagbo reconnaisse que c`est M. Alassane Dramane Ouattara qui est le président de la République, c`est lui qui a été élu démocratiquement à l`issue d`un scrutin ouvert, transparent et certifié par les Nations Unies.
Le président de la commission des affaires étrangères de l`assemblée nationale française dit qu`on ne doit plus exclure une partition. Comment appréciez-vous cette solution ?
Bien mauvaise solution ! C`est l`un des problèmes de l`Afrique. On nous a dit que c`est à la conférence de Berlin en 1885 que des frontières africaines ont été mal tracées. (…) L`aspiration des Ivoiriens à vivre ensemble est forte qu`on ne peut pas l`imaginer. Il y a un tel métissage dans notre pays, c`est Laurent Gbagbo qui instrumentalise les ethnies, les religions. Il instrumentalise tout pourvu qu`il reste. La Côte d`Ivoire est une et indivisible. Il n`est pas question d`accéder à une telle proposition, elle est hors d`intérêt.
Vous avez quand-même quelques petites peines. Est-ce que vous êtes inquiet ?
Pas du tout parce qu`il fait une mauvaise lecture de la situation en Côte d`Ivoire. Ne voyez pas les choses selon un prisme ethnique.
Qui est à l`ambassade aujourd`hui, c`est vous ou c`est votre prédécesseur ?
C`est moi qui suis à l`ambassade. Nos portes sont ouvertes, vous pouvez aller me voir à l`ambassade ; vous pouvez me voir à partir de demain (aujourd`hui), il y a quelques réticences de Pierre Kipré. Mais, vous savez comme Laurent Gbagbo ne veut pas partir… Je vais vous dire qu`il est le spécialiste des coups d`Etat électoraux en permanence. Il était arrivé par un coup d`Etat ;
cela fait dix ans qu`il n`avait pas organisé des élections. Il a fait cinq ans d`un mandat contestable, il a ajouté cinq ans et il n`a pas fait d`élections ; ça, il faut le savoir, il faut le retenir.
Entretien retranscrit par B.I.