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Politique Publié le jeudi 27 janvier 2011 | Le Patriote

Confiscation du pouvoir, assassinats, violations des droits de l’homme... -Gbagbo, ennemi numéro un de la démocratie

Au commencement était l'opposant Laurent Gbagbo. Le couteau entre les dents, il ne se faisait pas prier pour attaquer ouvertement et frontalement les régimes d'Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié. Les tenants du régime étaient brocardés et leur gestion décriée. Pour Gbagbo et son parti, le FPI, il était temps pour les Ivoiriens de tourner le dos à ces régimes pour se blottir dans leurs bras. Le socialisme, disaient-il, pouvait les tirer de la situation qu'ils vivaient. Pour y parvenir, l'opposant d'alors s'était fait le défenseur des libertés et de la démocratie. Pas un seul mois ne passait sans que les nouveaux socialistes ivoiriens ne battent le pavé. Les marches et autres manifestations de rue se succédaient. Au cours des meetings qu'ils organisaient, Gbagbo et ses camarades promettaient monts et merveilles aux populations. Pour rallier la jeunesse estudiantine et scolaire à sa cause, l'opposant déclare alors, qu'avec seulement dix petits milliards, il peut régler les nombreux problèmes qui minent le système éducatif ivoirien. Un seul brin de cheveux d'un étudiant est-il touché que Gbagbo s'approprie la rue. Il semblait tellement y trouver du plaisir qu'il n'a pas manqué d'inventer une formule devenue célèbre ; «les marches, ça marche.»

Les libertés publiques réprimées
Pendant ce temps, le temps lui, passait. Indifférent aux calculs des Ivoiriens. Insensible à leur joie et leur peine. Il passait tellement vite qu'un 24 octobre 2000, Gbagbo parvint au pouvoir. Au prix de mille et une compromissions. Dont le complot orchestré, toutes les manœuvres élaborées pour parvenir à l'invalidation des candidatures d'ADO et Bédié. Ce fait en lui-même était déjà curieux. Un chantre de la démocratie qui manigance pour que d'autres candidats ne puissent pas concourir. Il fallait le savoir pour s'en étonner. Encore plus étrange, la gestion de la démocratie par l'ancien opposant. Une fois au sommet de l'Etat, Gbagbo va-t-il mettre en pratique ses nombreuses théories développées dans l'opposition? La réponse ne se fera pas attendre. Le défenseur acharné et infatigable des libertés qu'il se voulait dans l'opposition, s'est très vite transformé en un véritable bourreau de celles-ci. Il inaugure son pouvoir par le sang. Avec la découverte d'un charnier de 57 corps découvert le lendemain de sa prestation de serment, le 27 octobre. Deux semaines seulement après, soit en décembre, il remet le couvert. Une manifestation de l'opposition, notamment du RDR, est matée dans le sang. L'on dénombre de nombreux blessés, des femmes violées par des soldats et des morts. Interrogée sur les écrans d'une chaîne de télévision internationale, sur le viol des femmes, Simone Ehivet, qui était alors la seule épouse officielle de Gbagbo, est sans pitié pour les victimes. Selon elle en effet, les femmes qui ont été violées l'ont cherché. Depuis lors, les libertés mêmes les plus élémentaires sont foulées au pied. La moindre manifestation de rue est matée dans le sang. Comme en témoigne le nombre d'Ivoiriens tués depuis la prise du pouvoir des socialistes ivoiriens. Evénement de janvier 2001, éclatement de la rébellion en 2002, bombardement des populations civiles en novembre 2004, autant de pertes en vies humaines. Une liste macabre à laquelle vient de s'ajouter les 280 morts consécutifs à la répression de la marche du 16 décembre 2010 organisée par le RHDP. A sa prise de pouvoir, lors de sa première sortie publique, le socialiste ivoirien avait bien prévenu ses compatriotes. Dans un stade Félix Houphouët-Boigny plein de ses partisans, il proclame tout fier : « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j'avance ». Y a- t-il discours plus clair pour un sanguinaire ?

Les libertés d'expression et individuelles bafouées
La liberté d'expression ne sera donc pas mieux lotie. Sous le règne des Refondateurs. Les sièges des journaux privés seront saccagés et incendiés, des journalistes battus et abattus, comme ce fut le cas du correspondant de RFI, Jean Hélène, tué à bout portant par un policier devant les locaux de la Police judiciaire. En outre, après avoir pris une loi pour la dépénalisation des délits de presse, Gbagbo a fait jeter des journalistes en prison. Leur convocation devant les tribunaux et à la Police se multiplient. Ses partisans déchirent les journaux de l'opposition qui osent critiquer le chef. Du moins sa gestion. Et, cerise sur le gâteau de la caporalisation de la liberté de presse, les médias d'Etat ne font que l'apologie du FPI. Les Ivoiriens qui ont encore un sens très élevé de l'humour, qualifient d'ailleurs la RTI, la télévision publique de LMP TV. Par ailleurs, après avoir selon lui- même, '' libéré lap arole'' lors du Forum de la réconciliation nationale, Gbagbo n'a pas hésité de l'emprisonner. En effet, la liberté d'expression est mise à rude épreuve. La preuve, un simple citoyen, assis dans un maquis, a été mis aux arrêts. Il lui est reproché d'avoir, dans ses propos, critiqué Laurent Gbagbo. Même les libertés individuelles sont confisquées. Soupçonnés de mauvaise gestion dans la filière café cacao, une vingtaine de barons ont été jetés en prison. Ils y ont passés 36 longs mois, avant d'être remis en liberté provisoire.

La démocratie emprisonnée
En un mot comme en mille, la démocratie a disparu sous Gbagbo. La crise post-électorale que traverse le pays en est la parfaite illustration. Après avoir résisté aux élections, qui ont été reportées à six reprises, Gbagbo est battu par Alassane Ouattara. Mais le perdant s'accroche au pouvoir. Celui qui se fait appeler l'enfant des élections refuse le résultat des urnes, donc la volonté des Ivoiriens qui ont porté leur choix sur son adversaire. Proclamé, dit-il vainqueur par un président d'un Conseil constitutionnel aux ordres, le candidat Gbagbo ne veut pas entendre raison. Réussissant ainsi l'exploit de se mettre à dos toute la communauté internationale. Celle-ci obligée de recourir à la force légitime pour imposer la démocratie. Mais Gbagbo qui compte sur une poignée de militaires qui ne valent même pas deux pelés et trois tondus, continue de faire de la résistance. Alors que l'intervention militaire se précise chaque jour qui passe. La réaction de la communauté internationale d'user de la force n'est rien d'autre que la conséquence du refus des règles élémentaires de la démocratie par un seul individu. Qui sème le vent récolte la tempête. Donc pour Gbagbo les règles de la démocratie ne doivent s'appliquer qu'aux autres pas à lui. Drôle de démocrate !
Yves-M. ABIET

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