x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 27 janvier 2011 | Le Patriote

Interview / François Ade Mensah (SG de l`UGTCI): “On m`a interpelé pour avoir lancé la grève de 48h”

© Le Patriote Par Emma
1er mai - La plus vieille centrale syndicale fait le point de la situation des travailleurs
Samedi 1er mai 2010. Abidjan, Treichville. La Direction de l`UGTCI rencontre sa base à la Bourse du Travail
Après le mot d`ordre de grève lancé par l`Union Générale des Travailleurs de Côte d`Ivoire (UGTCI), des syndicats ont vite fait de taxer cette Centrale Syndicale de “Pro-RHDP``. Dans cet entretien, son secrétaire général apporte des éclairages.

Le Patriote : Quel bilan faites-vous des quarante heures de grève lancée par l`UGTCI, les 20 et 21 Janvier dernier ?
François Ade Mensah : Le bilan est satisfaisant. Le mot d`ordre a été largement suivi. Certes, nous avons tenu une session extraordinaire le mercredi 19 Janvier dernier, pour décider de la grève le lendemain. On veut nous reprocher que le mot d`ordre soit brusque. Mais notre appel a été attendu par les travailleurs. Le premier jour de cet arrêt de travail, c`est-à-dire le jeudi 20 janvier dernier, le mouvement n`a pas été bien suivi. Certains travailleurs étaient déjà à leur poste et ils nous ont appelés pour savoir la conduite à tenir. Nous leur avons dit qu`étant donné qu`ils sont déjà au service, ils peuvent y rester pour travailler. Mais le vendredi 21 Janvier, la grève été largement suivie. La plupart des entreprises et administrations sont restées fermées.

LP : Certains syndicats vous reprochent de soutenir le RHDP. Ils estiment que votre mot d`ordre de grève été lancé en même temps que celui du RHDP ? Quelles analyses ?
FAM : Non, notre grève n`était pas un soutien au RHDP. C`était plutôt pour soutenir les travailleurs. Cela a été une pure coïncidence. Les gens parlent trop. Moi je ne peux empêcher le RHDP de lancer son mot d`ordre de ``pays mort`` ou désobéissance civile. Et d`ailleurs, le mot d`ordre du RHDP est illimité et selon ce que j`ai entendu, il est en vigueur jusqu`au départ de Laurent Gbagbo. Ce qui n`est pas le cas pour le nôtre, qui est limité à quarante huit heures. A cause de l`opération ``pays mort`` ne suis-je pas autorisé à mener mes activités syndicales ? Je dis non ! Je ne peux pas abandonner mes travailleurs. Et moi, je ne peux pas attendre que le mot d`ordre du RHDP soit suspendu avant de défendre les intérêts professionnels des mes travailleurs. Et d`ailleurs, nous ne pouvons pas attendre, nous ne savons pas quand la situation sociopolitique du pays redeviendra normale. Deux mois ? Trois mois ? Tout le monde ignore quand on sortira de cette situation. Toujours est-il que nous souhaitons une sortie pacifique de cette crise postélectorale. Et je vous dis que j`ai été sérieusement menacé pour avoir lancé ce mot d`ordre de grève.

LP : Qui vous a menacé ? Les collaborateurs de Gbagbo ?
FAM : Je ne sais pas exactement. Mes interlocuteurs n`ont pas eu le courage de décliner leur identité. Je continue de recevoir des appels téléphoniques provenant des personnes anonymes. Des menaces du genre,``les masques sont tombés`` ; tu collabores avec les rebelles et le RHDP, tu vas voir, etc. En tout cas, j`ai été interpelé. Je ne cesse de répéter qu`à l`Ugtci, il y a toutes les sensibilités politiques et nous ne pouvons pas soutenir un parti politique. Tout ce qui se dit n`est que fausses accusations. Je le répète, nous avons lancé cette grève pour soutenir nos travailleurs, qui du fait de la situation postélectorale ne pouvait se rendre à leur lieu de travail et nous voulions aussi nous solidaire des travailleurs victimes de licenciements et chômages techniques. La solidarité n`a pas de prix et notre devise à l`Ugtci, Unité Solidarité et Progrès, justifie notre position.

LP : Des syndicats se réclamant de l`Ugtci ont demandé votre démission pour avoir lancé cette grève. Quel commentaire ?
FAM : Je préfère ne pas m`attarder sur cette question. Effectivement, j`ai eu vent de cela. J`aurai appris que des syndicats affiliés à notre centrale ont tenu une réunion et qu`ils auraient évoqué la question. Certains syndicats qui ne sont pas de notre centrale étaient à cette réunion. En tout cas, ces questions seront réglées en internes.

LP : Etes-vous prêts à lancer un autre mot d`ordre de grève si la situation sociopolitique du pays ne s`améliorait pas ?
FAM : Nous aviserons. Je ne prends jamais de décision, seul. Nous estimons que pour le moment les horaires du couvre-feu qui empêchaient nos travailleurs de se rendre au travail ont été aménagés. De 19h, on est passé à 21h. Vous conviendrez que c`était difficile pour nos travailleurs de joindre Abobo après le travail. Ils étaient obligés de dormir sur place, avec les risques d`insécurité que cela comporte.

LP : Des informations font état de ce que des fonctionnaires n`ont pas encore perçu leur salaire du mois de Janvier. Vous confirmez ?
FAM : Je n`ai pas été formellement saisi de cette situation. Je sais par contre qu`il ya un groupe de fonctionnaires, singulièrement ceux des secteurs Parapublics, c`est-à-dire, qui sont fonctionnaires mais touchent leur salaire au Trésor. J`attends jusqu`à la fin du mois pour voir. S`ils ne perçoivent pas leur salaire, nous convoquerons une assemblée générale et nous aviserons. Sachez que les Ivoiriens dans leur ensemble sont très fatigués. Et ils veulent que les politiques mettent fin à leurs souffrances.

Anzoumana Cissé

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ