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Politique Publié le mardi 1 février 2011 | Le Mandat

Crise ivoirienne : L’UA veut-elle pousser les Ivoiriens à la violence ?

© Le Mandat
Crise post-électorale : encore des morts à Abidjan
Mercredi 12 janvier 2011. Abidjan. Affrontements meurtriers entre des éléments des Forces de défense et de sécurité et la population dans la commune d`Abobo.
Le Conseil de sécurité et de paix de l’Union Africain a décidé, le weekend dernier, que les Ivoiriens devraient souffrir encore pendant un long mois. Une prorogation de trop pour les Ivoiriens qui n’attendent que les lois de la démocratie soient appliquées dans leur pays. C`est-à-dire, la loi de la
majorité sur la minorité. Doit-on, au nom d’une certaine authenticité africaine, faire souffrir tout un peuple qui aspire à un changement de régime ? Tout le monde est unanime que Ouattara a gagné l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. A la lecture du communiqué final du Conseil de Sécurité et de paix de l’UA qui suit, on a l’impression que les Chefs d’Etat africains décident, mais ne veulent pas appliquer les décisions. "Le Conseil de Sécurité et de paix (…) réaffirme ses décisions antérieures sur la situation en Côte d’Ivoire, en particulier le communiqué de presse publié à l’issue de sa 251ème réunion tenue le 4 décembre 2010 et le communiqué de sa 252ème réunion tenue le 9 décembre 2010, ainsi que les communiqués de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO des 7 et 24 décembre 2010, respectivement, reconnaissant M. Alassane Dramane Ouattara comme Président élu à l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, sur la base des résultats certifiés par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, conformément à la résolution 1765 du 16 juillet 2007 et aux différents Accords signés par les parties ivoiriennes et entérinés par la CEDEAO, l’UA et les Nations Unies (…)". Beau discours ! Ces décisions antérieures demandaient à Laurent Gbagbo de libérer le pouvoir en faveur du Président élu démocratiquement par le peuple ivoirien, le Dr Alassane Ouattara. Et elles ont été prises dès la certification des résultats par l’ONU, depuis le vendredi 2 décembre 2010. Deux mois après, et en dépit de l’envoi des Forces de l’Ecomog stationnées à Bouaké, qui devraient exfiltrer Laurent Gbagbo et libérer le peuple tout entier d’un dictateur, l’on reste encore à négocier avec une personne qui refuse d’entendre raison. A quand l’intervention de l’Ecomog ?

Cette tergiversation de l’Union Africaine pourrait conduire la Côte d’Ivoire dans un chaos d’où elle ne sortirait peut-être jamais, au grand plaisir de Laurent Gbagbo et de ses partisans. L’UA veut-elle une guerre civile ou une réouverture des fronts de combats ? Les Forces Nouvelles qui, depuis toutes ces négociations, ont respecté cette communauté africaine, pourraient perdre patience. Et le peuple ivoirien avec elles. Laurent Gbagbo qui reste dans sa logique de "le pouvoir s’arrache", ne voudra jamais libérer le Palais que sous la contrainte des armes ou d’un soulèvement populaire. Ces deux options qui favoriseraient à coup sûr, des tueries massives en Côte d’Ivoire. Pis, il a ajouté à cette triste phrase que "la mort vaut mieux que la honte". Toute chose qui exprime clairement le désir de Laurent Gbagbo qui ne quittera pas le pouvoir par la force et dans le sang.

C’est pourquoi, de nombreux Ivoiriens commencent à désespérer de la Communauté africaine et à croire en l’échec de la CEDEAO et de l’Union Africaine dans la résolution de la crise post-électorale qu’ils vivent depuis deux mois. On avait promis la résolution de cette crise avant la fin de l’année dernière (2010). Puis on est arrivé à la fin du mois de janvier 2011. Passés ces différents délais, l’espoir d’une résolution pacifique de la crise s’estompe peu à peu.

Un autre mois (février) vient encore de s’ajouter aux supplices des Ivoiriens dans l’attente de la sortie définitive de crise. Alors, si on s’en tient aux déclarations de certains Chefs d’Etat africains qui disent que "la crise ivoirienne doit être réglée par les Ivoiriens eux-mêmes", on en déduit que les rencontres de la CEDEAO et de l’UA ne sont que des mises en scène pour faire durer la souffrance des Ivoiriens.

Ou du moins, ces chefs d’Etat en prévision d’une action similaire dans leurs pays, protègent-ils leurs arrières en soutenant Gbagbo dans les couloirs des rencontres et en faisant des déclarations hypocrites? Si tel est le cas, les Africains épris de paix et de démocratie devraient se tourner vers d’autres cieux que la CEDEAO et l’UA. Car, les dirigeants actuels de l’Afrique ne veulent pas de la démocratie. Parce que, forcer Gbagbo à quitter le pouvoir serait un cas d’école pour l’avènement de la démocratie, la vraie en Afrique. Et non une démocratie biaisée par des constitutions sur mesure. Est-ce par hasard qu’un débateur, sur RFI le weekend dernier, ait souhaité que les Ivoiriens empruntent le chemin tunisien pour chasser Gbagbo du Palais ? Là, ce débateur semble ignorer la réalité ivoirienne. En Côte d’Ivoire, le peuple aurait déjà résolu le problème si Gbagbo ne pré-positionnait pas ses miliciens dans tous les quartiers à l’annonce de manifestations populaires. Les mouvements de regroupement du peuple sont aussitôt réprimés sans avoir commencé. L’exemple d’Abobo, où les miliciens de Gbagbo ont commencé à tuer des manifestants dès 5H30 du matin, est très édifiant. L’Armée ivoirienne n’aurait jamais tué aussi facilement des civils qu’elle est censée protéger. "Que Gbagbo laisse le peuple manifester sans donner l’ordre à ses miliciens de tirer à vue et on verra qui est majoritaire dans ce pays", avait rappelé, en substance, le Premier ministre Guillaume Soro qui condamnait ainsi les tueries d’Abobo. Et l’UA devrait en tenir compte, si elle veut réellement résoudre le problème ivoirien. A moins que son intérêt soit le soutien de la dictature en lieu et la volonté du peuple, de la démocratie.

Guy TRESSIA
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