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Politique Publié le mercredi 9 février 2011 | Le Mandat

Carnet de voyage / Abidjan-Bouaké-Abidjan : Une voie, deux armées, deux réalités…

© Le Mandat Par Emma
Fluidité routière : Gigantesque embouteillage à l`ouverture du procès des dirigeants de la filière café cacao .
Fluidité routière : L`ouverture du procès des dirigeants de la filière café cacao, le jeudi 08 septembre 2010 au palais de justice du Plateau provoque un embouteillage à la rentrée et la sortie du Plateau .
En partant d’Abidjan le vendredi 28 janvier dernier pour Bouaké, nous avions vécu deux réalités sécuritaires sur le même tronçon. D’un côté, les Forces de Défense et de Sécurité(FDS) appelées communément loyalistes, et de l’autre, les Forces Armées des Forces Nouvelles(FAFN). Souvenir d’une traversée à deux tons.

Ce vendredi 28 janvier, il est 17heures quand nous quittions la gare des mini cars à Yopougon Siporex. Après une longue attente liée à la rareté de la clientèle, les passagers sont enfin soulagés de savoir que dans quelques heures, ils vont fouler le sol de la capitale du Centre. Joie de courte durée. A peine 10 minutes après le démarrage, nous voici au corridor de Yopougon-Gesco. Le mini car est aussitôt happé par une horde d’agents (gendarmes, policiers, douaniers et Eaux et forêts). Pour le contrôle d’identité, ils exigent à tous les passagers de descendre du véhicule pour se mettre en rang. ‘’Mais, le Général Mangou a interdit les descentes des véhicules pour les contrôles non ?’’, s’interroge une passagère surprise ! Et un autre passager de lui répondre : ‘’n’oublie pas que nous sommes sur un territoire où il n’y a plus d’autorité depuis longtemps’’. Puis, ‘’messieurs et dames vos pièces !’’, lance un gendarme, l’air zélé. On s’exécute rapidement. Les sans papiers sont conduits dans une guérite pour…racket. C’est la loi ici. Depuis bien longtemps. De façon flagrante. Deux minutes après cette ‘’détention préventive’’, le voyage peut reprendre. 1000fcfa par tête ont suffi pour compenser l’absence de cartes d’identité. Après une quinzaine de minutes, nous remontons à bord du ‘’Massa’’.

N’zianouan, l’autre bordel…

Tous les voyageurs qui ont fait l’axe Abidjan-Toumodi connaissent bien le corridor de N’zianouan. D’aucuns le surnomment ‘’corridor sans pitié’’. Plus qu’un corridor, c’est un véritable marché qui s’est installé à cet endroit qui se trouve noyé au cœur de cette immense bourgade. Ici, le racket est flagrant. Pour les nationaux qui n’ont pas de pièce, la pénalité varie entre 1000f et 2000f. Quant aux étrangers, la note est beaucoup plus salée : Entre 2000 et 10 000f. Cela dépend de l’humeur des agents en présence.

Yakro, la sérénité et la courtoisie

Contrairement aux tracasseries de Gesco et de N’zianouan, l’entrée de la capitale politique s’est montrée plus sobre et moins agressive, en aller comme en retour. Sauf qu’à la sortie, le corridor était un peu plus mouvementé. Mais le plus dur est à venir.

Tiébissou, la galère…

23 heures, ce vendredi-là, nous voici au corridor de Tiébissou. Le passage est fermé. ‘’C’est comme ça ici, depuis les événements de décembre’’, m’apprend un habitué du tronçon. Nous devons donc passer la nuit à la belle étoile là, aux côtés des FDS. Puis, à un moment où nous nous attendions le moins, le commandant de brigade de la ville arrive et nous ordonne de quitter les lieux. Son ton discourtois nous oblige à reprendre place rapidement à bord du car. Finalement, c’est à 2km de là, dans le village de Bonizambo que nous passons la nuit. Le lendemain matin, quand nous passions ce corridor, les soldats semblaient sortir d’un sommeil profond. Mais, à la sortie de Tiébissou, au dernier check point des hommes de Mangou, nous sommes tombés sur des FDS surexcitées qui intimaient l’ordre à tous les conducteurs de passer à leur bureau. Histoire d’y déposer des enveloppes. Ici, c’est systématique et personne ne peut rechigner ni s’en plaindre, sous peine de provoquer le courroux des soldats. En voyant ce spectacle, je craignais déjà l’accueil qui nous attendait à l’entrée de Bouaké, au corridor Sud. Plus de peur que de mal ! D’ailleurs, au moment de la traversée, je somnolais. J’ai donc été surpris de me retrouver au cœur de la capitale du Centre sans avoir été contrôlé à l’entrée. ‘’Ici, on n’emmerde plus les gens. Tout est tranquille mais cela ne veut pas dire absence de surveillance. Les Forces Nouvelles veillent au grain’’, révèlera plus tard mon guide.

Bouaké, terre paisible

Contrairement à Abidjan où les kalachnikovs sont visibles à tous les coins de rue, je n’en ai vu qu’une seule, à l’entrée du Secrétariat des Forces Nouvelles, et cela, après y avoir séjourné trois jours. Et pourtant, la sécurité est bien garantie, les citoyens vaquent paisiblement à leurs occupations. Selon un habitant de la ville, plusieurs auraient déjà fui Abidjan à cause de l’insécurité grandissante, pour s’installer à Bouaké.

Descendez, montez !

Depuis un bon moment, les FDS ont renoué avec leurs anciennes habitudes décriées et combattues à l’époque par leur hiérarchie, notamment le Général Philippe Mangou, qui avait ordonné de ne plus faire descendre les passagers des véhicules pour les contrôles d’identité. Du corridor de Yopougon-Gesco au dernier barrage de Tiébissou, la procédure est la même. Peu importe si des voyageurs sont malades ou fatigués. En réalité, cette méthode sert à couvrir le racket. Une fois que les ‘’sans papiers’’ sont conduits dans ‘’leurs bureaux’’, les agents peuvent les intimider pour leur extorquer des sous. C’est à croire qu’à chaque instant, les FDS implorent Dieu pour mettre sur leur chemin ces ‘’sans papiers’’ pour se remplir les poches. Ainsi va le tronçon Abidjan-Tiébissou, à l’instar des autres routes contrôlées par l’armée de Gbagbo. Mais la nuit a beau être longue, le jour finit toujours par poindre. Ça veut dire ce que ça peut bien vouloir dire.

MASS Domi
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