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Politique Publié le jeudi 10 février 2011 | Le Patriote

Ally Coulibaly face à la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée française : “Il faut arrêter Gbagbo maintenant ”

© Le Patriote Par DR
Diplomatie ivoirienne : SEM Ally Coulibaly, ambassadeur de Côte d`Ivoire en France, nommé par le Président Ouattara
Un face à face tant attendu. Mardi dernier, le nouvel ambassadeur de la Côte d`Ivoire en France, SEM Ally Coulibaly était face aux membres de la Commission des Affaires étrangères l`Assemblée nationale française. L’invité de M. Axel Poniatowski, président de ladite commission a expliqué aux députés français la situation qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire. Sans porter de gants, le nouvel ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, a fustigé le gangstérisme politique orchestré par Gbagbo et son camp en Côte d`Ivoire. Nous vous proposons en intégralité son propos liminaire.

Je suis particulièrement heureux de répondre à l’aimable invitation du Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale Française, le Député Axel PONIATOSKI à qui je veux ici exprimer du fond du cœur toute ma reconnaissance.

C’est à la fois un immense privilège et un grand honneur pour l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France que je suis, nommé récemment par le Président de la République, Monsieur Alassane OUATTARA, de prendre la parole devant vous.

Cet honneur s’enrichit d’une émotion toute particulière d’être en France. Non pas parce que j’y ai effectué une partie de mes études supérieures en journalisme sous la direction de Monsieur Hervé BOURGES, mais aussi parce que la France est une grande Nation dépositaire d’une vision, de valeurs et d’un idéal humaniste. Une Nation qui compte. Une Nation dont la voix est écoutée. Une Nation avec laquelle la Côte d’Ivoire a partie liée depuis des siècles.

Je voudrais vous dire la fierté que j’éprouve d’avoir été choisi par le Président de la République de Côte d’Ivoire, pour reconstruire avec la France, au nom de notre communauté de destin, une nouvelle relation, une relation privilégiée, décomplexée, débarrassée de tous les malentendus entretenus artificiellement par un homme, Laurent GBAGBO, qui, en dix ans, s’est acharné à détruire les liens séculaires tissés par les peuples Français et Ivoiriens.

L’ambition qui anime le Président de la République de Côte d’Ivoire est claire : c’est repenser les liens que nous entretenons dans un nouvel esprit, un esprit de tolérance et de solidarité. Parce que nous croyons au dialogue entre les nations et entre les peuples.

La voie de l’avenir c’est que la France et la Côte d’Ivoire se donnent la main, travaillent ensemble, pour faire émerger un nouveau partenariat empreint de confiance et de respect mutuel et pour faire avancer les principes qui nous tiennent tant à cœur : la démocratie, l’Etat de droit, la solidarité.

Pour le Président de la République de Côte d’Ivoire, la qualité des relations entre la France et la Côte d’Ivoire est capitale.

Aussi a-t-il été meurtri de voir en 2004, 8000 Français vivant en bonne intelligence avec les Ivoiriens, obligés de quitter précipitamment la Côte d’Ivoire pour échapper à la vindicte d’une horde de soit disant patriotes manipulés et aveuglés par la haine de l’homme blanc.

Croyez moi, notre souhait le plus vif est que les intérêts et les conditions de vie chez nous de vos compatriotes, au nombre de 15 mille, cessent d’être perturbés, comme cela a été le cas ces dernières années et que la fin de cette crise permette non seulement la reprise des relations les plus étroites, mais aussi le développement dans tous les domaines.

Avec le Président de la République de Côte d’Ivoire, Monsieur Alassane OUATTARA dont on connaît l’attachement à l’Etat de droit, il est évident que les Hommes d’affaires Français bénéficieront d’un environnement sécurisé, démocratique et transparent.

Dans le domaine de la coopération entre nos deux pays comme dans d’autres secteurs, il se veut le continuateur de la politique du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY dont il a été le Premier Ministre de 1990 à 1993, le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, qui aimait passionnément la France.

Faut-il le rappeler, celui que l’on nomme affectueusement le Père de la Nation ivoirienne, Homme de vision et Homme d’exception comme le Général DE GAULLE a été Député en 1946 ici au Palais BOURBON. Une loi porte son nom : la loi HOUPHOUËT-BOIGNY sur la suppression du travail forcé dans les territoires d’Outre- Mer et il a été Ministre dans différents Gouvernements Français de 1957 à 1959.

Le Président Alassane OUATTARA a des sentiments très forts pour la France où il s’honore d’entretenir des relations fraternelles avec des Français de tous les bords politiques.

Ce qui le séduit le plus c’est la tradition d’hospitalité et d’accueil qui caractérise si bien votre grand pays.

Il est un fait qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. C’était en Septembre 2002 lors de la tentative de coup d’état d’une partie de l’armée ivoirienne.

Alors qu’il était pourchassé par les Forces loyales à Laurent GBAGBO qui cherchaient à l’éliminer physiquement, après avoir assassiné le Général Robert GUEI, c’est la France qui l’a protégé et accueilli.

Si le Président OUATTARA est en vie aujourd’hui, il le doit à la France. Il est tout à fait normal qu’il ait une dette de reconnaissance à l’endroit de la France.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Mesdames et Messieurs,

Me retrouver parmi vous les représentants du peuple français est un réel plaisir pour moi, d’autant plus que j’ai été moi-même Député à l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire de 1995 à 1999.
C’est avec un profond respect que je m’adresse à vous cet après-midi.

Monsieur le Président, Je ne suis pas surpris de votre invitation, parce que la vocation de votre grand pays, ce n’est pas de se replier sur lui-même, mais plutôt de se projeter sur l’extérieur.

Cette invitation répond donc à un besoin : celui de disposer d’une information complète sur la Côte d’Ivoire pour fonder les jugements des Représentants de la Nation Française que vous êtes, tout comme elle témoigne de l’intérêt que vous n’avez cessé de porter à la Côte d’Ivoire. Un intérêt qui ne s’est jamais démenti.

En effet, la France n’a eu de cesse de témoigner à la Côte d’Ivoire qui est chère au cœur de nombre de parlementaires ici présents, sa solidarité, pour lui permettre de retrouver les voies de la réconciliation et d’une paix durable.

Elle n’a ménagé ni ses efforts, ni son soutien à la Côte d’Ivoire, au nom de l’ancienne amitié qu’elle porte au peuple ivoirien dans son ensemble, en favorisant un dialogue constructif entre tous les protagonistes de la crise ivoirienne, grâce à la table-ronde de Marcoussis qui a jeté les bases de la réconciliation nationale et en déployant un dispositif militaire en Côte d’Ivoire sous mandat de l’ONU, la Force Licorne.

Une Force Licorne dont la France peut être raisonnablement fière. Une Force qui non seulement participe au maintien de la paix aux côtés des autres Soldats des Nations Unies pallie, chaque jour, aux carences de l’Etat, un Etat devenu évanescent depuis une dizaine d’années, en restaurant des écoles primaires et en approvisionnant des centres de santé en médicaments de première nécessité et en soignant des malades.

Je veux ici saluer la mémoire des soldats Français tombés pour la cause de la paix en Novembre 2004 lors des bombardements par les forces loyales à Laurent GBAGBO du camp de l’Armée française à Bouaké.

Au nom du Président Alassane OUATTARA, je voudrais rendre hommage à la France pour son action résolue en faveur de la paix en Côte d’Ivoire et son engagement sans faille à nos côtés depuis le déclenchement de la crise ivoirienne.

En prenant position avec fermeté et clarté pour le respect de la volonté du peuple ivoirien souverain qui a décidé librement de confier son destin à Monsieur Alassane OUATTARA, à l’issue d’un scrutin ouvert, transparent et démocratique, la France , toutes tendances confondues, est fidèle à sa politique, plusieurs fois réaffirmée, d’encourager l’enracinement de la démocratie dans les pays Africains.

Qui ne se souvient du discours mémorable du Président François Mitterrand à La Baule sur la nécessaire démocratisation de l’Afrique.

Ce faisant, ce grand pays que nous admirons tant va dans le sens de l’histoire, comme l’ensemble de la Communauté internationale qui, dans une rare unanimité, reconnaît Monsieur Alassane OUATTARA, comme le seul Président élu démocratiquement par les Ivoiriens et comme le seul Président légitime de la Côte d’Ivoire.

Aussi nous apparaît –il totalement injustifié le procès que d’aucuns font à la France de s’être prononcé à maintes reprises avec force pour le respect du suffrage universel, à l’instar de la CEDEAO, de l’Union Africaine et de l’Union Monétaire Ouest Africaine.

Dans l’insistance de la France, il ne faut pas y voir un réflexe néocolonialiste ou une volonté de s’immiscer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, pays indépendant et souverain.

La rhétorique de l’impérialisme occidental n’est que pure diversion pour permettre à Laurent GBAGBO qui a usurpé le pouvoir de s’incruster, de recruter, à tout va, des mercenaires et des miliciens .

C’est donc l’honneur du Président Nicolas SARKOZY, de toutes les formations politiques Françaises, de prendre parti pour la justice et la démocratie partout où ces valeurs qui font la singularité de la France sont menacées.

Je voudrais, au nom du Président Alassane OUATTARA, exprimer toute la gratitude du peuple ivoirien, au Président Nicolas SARKOZY pour sa constance et sa persévérance dans son soutien à l’ouverture démocratique en Afrique, et ce au nom des valeurs de liberté, de dignité, d’égalité des hommes.

Ce serait faire preuve de condescendance que de penser que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie. L’Afrique n’est pas un continent à part. Elle a l’ambition de participer à l’élan du monde.

Je le dis de la façon la plus nette : la démocratie n’est pas une question de pedigree ou de race.

Elle appartient à tous les peuples. Parce que c’est une valeur universelle, comme nous le démontrent les évènements qui se déroulent en Egypte et en Tunisie. La démocratie est une aspiration commune à tous les peuples.

Mesdames, messieurs les élus du peuple de France,

Je sais que la situation en Côte d’Ivoire est un véritable sujet de préoccupation pour vous. Vous avez raison. Elle est si grave qu’elle ne se prête ni aux postures, ni aux caricatures.

Ce qui devait être une belle espérance, le début d’une nouvelle ère de progrès et de prospérité avec la possibilité pour les Ivoiriens de choisir leur avenir, est devenue une tragédie.

Survenant après une longue crise qui a fait régresser la Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle devait sceller la réconciliation entre les Ivoiriens et permettre à mon pays de reprendre sa marche en avant et donner de l’espoir à une jeunesse qui désespère. Il n’en a rien été.

Tous les Ivoiriens s’étaient pris à rêver d’un nouvel horizon. Un horizon de paix. Un horizon de développement et de prospérité partagée. C’est une grande déception.

La Côte d’Ivoire a renoué avec ses vieux démons. Un destin implacable semble s’acharner sur la Côte d’Ivoire depuis que Laurent GBAGBO, indifférent aux souffrances du peuple ivoirien, a décidé de nier la réalité avec un aplomb confondant, en usurpant le pouvoir, au grand dam de tous, alors qu’il a perdu les élections.

Mon pays, la Côte d’Ivoire, vit certainement les heures les plus noires de son existence. Chaque jour apporte son lot de souffrances à des populations déjà démunies. Un seul chiffre pour comprendre la détresse du peuple ivoirien : 49 % des Ivoiriens sont pauvres. Pendant ce temps Laurent GBAGBO et ses partisans font étalage de leurs fortunes individuelles accumulées en un temps record.

Toutes ces souffrances par la faute d’un seul individu : le président sortant Laurent Gbagbo !

Battu au terme du scrutin le plus ouvert et le plus transparent de l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne, comme l’a certifié le représentant du Secrétaire général des Nations unies, avec l’onction de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique et, d’une façon générale, par l’ensemble de la communauté internationale, M. Gbagbo continue de s’accrocher, avec une obstination suicidaire et destructrice, à un pouvoir qu’il a délibérément confisqué par la force.

Pour réaliser ses noirs desseins, Laurent GBAGBO s’est bunkérisé et impose à l’hôtel du Golf à Abidjan une détention qui ne dit pas son nom à ses adversaires politiques, M. Alassane OUATTARA, le Premier ministre Guillaume Kigbafori SORO, les membres du Gouvernement et l’ancien Président de la République, M.Henri KONAN BEDIE ainsi qu’à d’autres responsables du Rassemblement des houphouétistes pour le développement et la paix(RHDP) dont le poids a compté dans le succès du vainqueur du second tour de l’élection présidentielle.

Mesdames et Messieurs les Députés,

La Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny, cette terre de prospérité et d’hospitalité, naguère vitrine d’un continent en pleine émergence, présentée comme un modèle de développement, vit aujourd’hui un véritable cauchemar. Une tragédie sans nom. Elle poursuit une lente et terrible descente aux enfers, amorcée depuis octobre 2000. Une date fatidique qui a vu Laurent Gbagbo s’installer au pouvoir dans le sang et les larmes !

En effet, il est aujourd’hui clairement établi que la motivation principale de Laurent Gbagbo et de son clan de prédateurs, n’est plus la confiscation pure et simple du pouvoir que, aux dires de son épouse Simone Gbagbo, il « occupe vigoureusement », mais leur détermination à rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable pendant longtemps, par une véritable politique de la terre brûlée ! En semant la mort et la désolation pour faire de notre pays un champ de ruines !

En effet, malgré les tentatives de médiation, sept au total, initiées par la CEDEAO et l’Union africaine, les menaces d’intervention armée de l’ECOMOG, la force d’imposition de la paix de la CEDEAO, les sanctions décrétées par l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique, et les mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations unies pour ramener la paix dans le pays, le chef de l’Etat ivoirien sortant continue de défier la communauté internationale.

Il a systématiquement rejeté toutes les offres d’un départ digne du pouvoir. Prolongeant ainsi les souffrances indicibles des populations qui paient quotidiennement un lourd tribut à l’incurie et à la barbarie de l’usurpateur et de son clan. Mettant en péril l’économie de toute la Sous-région avec le braquage de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ainsi que la sécurité et la stabilité des pays de l’Afrique de l’Ouest.

Je crains fort que la prochaine entrée en scène du panel de cinq chefs d’Etat africains chargés de mener une énième et ultime démarche en vue d’amener Laurent Gbagbo à la raison, et dont les experts sont à pied d’œuvre depuis dimanche dernier à Abidjan, soit comme les précédentes, vouée à l’échec ! Pour toutes ces raisons, nous sommes aujourd’hui nombreux à nous demander, à commencer par son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, président de la République élu par le peuple souverain de Côte d’Ivoire et reconnu par la communauté internationale, si Laurent Gbagbo n’a pas atteint le seuil de non retour !

Il est temps aujourd’hui, grand temps, que le monde entier, à commencer par vous, honorables députés, apprenne que M. Laurent Gbagbo, depuis son avènement au pouvoir dans des conditions qu’il a lui-même décrites, selon ses propres termes, comme « calamiteuses » (ce qui est peu dire, au vu du nombre élevé d’opposants, plus de deux cents, massacrés par ses partisans en octobre et décembre 2000 ; il n’est pas inutile de rappeler le fameux charnier de Yopougon et sa soixantaine de morts, qui a défrayé la chronique à l’époque.), a constamment mis à exécution une stratégie visant essentiellement à compromettre systématiquement toutes les perspectives d’une paix durable en Côte d’Ivoire et, par extension, dans toute la sous région.

Au terme de huit longues années d’un processus fort laborieux et extrêmement coûteux, enclenché par les accords inter ivoiriens de Linas-Marcoussis, de janvier 2003, et finalisé par l’Accord politique de Ouagadougou, signé en mars 2007, entre Laurent Gbagbo et Guillaume SORO, le Secrétaire Général des Forces nouvelles, en passant par Accra 1, 2 et 3, et l’Accord de Pretoria, en 2005, la Côte d’Ivoire a finalement organisé en novembre dernier, un scrutin qui, n’eût été la mauvaise foi du perdant, aurait été cité en modèle dans un continent qui va abriter pas moins de dix sept consultations générales au cours de cette année.

En effet, jamais un scrutin présidentiel dans un pays en sortie de crise ne se sera avéré aussi probant.

Avec un taux de participation de 84% au premier tour et de 81% au second, un record en Afrique et, peut-être, dans le monde, qui vient seulement d’être battu par les récentes consultations au Sud Soudan, les électeurs ivoiriens ont exprimé, massivement, leur ferme volonté de restaurer la légalité constitutionnelle dans un pays vivant pratiquement sous un régime d’exception depuis 1999. Une situation qui s’est du reste singulièrement détériorée avec l’arrivée au pouvoir de M. Gbagbo, en octobre 2000.

Par la voix de son président, M. Youssouf Bakayoko, qui en a autorité, pouvoir et mandat, la Commission électorale indépendante (CIE), seule institution ivoirienne habilitée à le faire, a proclamé, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle, la victoire du candidat Alassane Ouattara avec 54, 10% des voix contre 45,90% pour son adversaire Laurent Gbagbo.

Pour arriver aux chiffres quasi surréalistes qui ont donné Laurent Gbagbo vainqueur avec 51 % des suffrages exprimés, l’étrange alchimiste qu’est le président du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, M. Paul Yao NDRE qui, rappelons-le, est un ami personnel de M. Gbagbo, a pris prétexte des réclamations fallacieuses de son candidat concernant de prétendues fraudes et autres violences de nature à empêcher ses partisans de voter, pour annuler purement et simplement les résultats de 13 départements du Centre et du Nord du pays, considéré comme un bastion imprenable du candidat Alassane Ouattara. Celui-ci y avait fait des scores supérieurs à 90% lors du premier tour. Du coup, M. Yao NDRE annulait d’un trait de plume les voix de plus de 600.000 Ivoiriens qui s’étaient prononcées en faveur du rival de Laurent Gbagbo.

Non seulement le Conseil constitutionnel s’est arrogé des prérogatives qui n’étaient pas les siennes, en proclamant, en violation du Code électoral, les résultats du second tour de la présidentielle mais, plus grave, il a violé la Loi fondamentale de la République de Côte d’Ivoire, précisément en son article 64, qui stipule qu’en cas de troubles graves de nature à entacher la sincérité du scrutin, le Conseil constitutionnel doit en annuler les résultats. Il sera alors procédé à la reprise de la consultation dans un délai de 45 jours.

Ensuite, il y a eu la polémique sur la certification de l’élection présidentielle par M. Choi, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire. Elle a été notamment remise en cause par le camp de M. Gbagbo qui l’a accusé de partialité. C’était faire un bien mauvais procès à ce haut fonctionnaire des Nations unies qui a fait la preuve de son intégrité, de sa rigueur et de sa compétence.

En effet, il faut rappeler, notamment à ceux qui seraient tentés de l’oublier, que c’est le gouvernement ivoirien lui-même qui a demandé aux Nations unies de procéder à la certification des résultats des élections. Et cela, afin d’éviter les risques de « contestation non démocratique et les compromissions. »

Dans sa résolution 1765, le Conseil de sécurité de l’ONU avait finalement accédé à la demande du gouvernement ivoirien. Mais il avait, cependant, tenu à préciser que « toutes les parties ivoiriennes acceptaient la nécessité de maintenir la responsabilité des Nations unies pour ce qui est de la certification internationale du processus électoral, conformément aux accords de Pretoria, afin de garantir la transparence et la crédibilité des élections et de réduire au maximum les risques d’une crise politique, au cas où certains contesteraient le processus électoral. »

Il n’y a pas de débat non plus en ce qui concerne une prétendue primauté de la Constitution ivoirienne sur la certification des Nations unies. En effet, la certification apparaît en définitive comme l’instrument juridique de validation, en dernier recours, de l’élection à toutes ses étapes. Ce que la pratique a d’ailleurs confirmé, car la liste électorale définitive a été bel et bien certifiée par M. Choi. Comme il en a été de même des résultats du premier tour du scrutin, qui ont été certifiés après leur proclamation par le président du Conseil constitutionnel.

Aujourd’hui, les faits démontrent amplement que la certification des Nations unies était d’une nécessité absolue. Le refus du représentant de son Secrétaire général en Côte d’Ivoire de valider les résultats fabriqués de toutes pièces par le Conseil constitutionnel est parfaitement justifié.

Il s’appuie notamment sur ses propres constatations en tant que coorganisatrice de l’élection, les rapports concordants et unanimes des observateurs nationaux et internationaux présents sur le terrain, mais aussi, et surtout, sur ceux des représentants qualifiés de l’Etat de Côte d’Ivoire que sont les préfets des régions où se seraient déroulés des troubles qui sont nés de l’imagination fertile des partisans de M. Gbagbo.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Pour nous, la cause est entendue. Il ne peut subsister aucun doute sur le résultat final de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

La contestation alimentée par des groupes de pression n’est qu’un déni de démocratie gravement dommageable pour l’image de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.

Dans ces conditions, maintenir Laurent GBAGBO au pouvoir c’est tuer toute espérance chez le peuple de prendre en main son destin.

C’est donner un chèque en blanc à Laurent GBAGBO pour imposer son système totalitaire avec tout ce que cela comporte comme violation de toutes les libertés, la liberté d’avoir une opinion différente, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté d’aller et venir, bref toutes les libertés qui constituent l’emblème d’un pays véritablement démocratique.

Maintenir Laurent GBAGBO au pouvoir c’est le laisser poursuivre impunément sa politique d’exclusion, ses exactions contre des populations innocentes, ses atteintes graves aux droits de l’homme, c’est adresser le pire des messages à l’Afrique. C’est créer un précédent dangereux en Afrique.

Car, l’enjeu dépasse le seul cas de la Côte d’Ivoire, comme l’a dit fort justement le Président Nicolas SARKOZY. Il concerne toute l’Afrique où se dérouleront cette année 17 élections.

Il n’y a aucune négociation possible. On ne négocie pas avec un homme qui tire sur des soldats de la paix, un homme qui assassine des journalistes. Souvenez-vous de Jean Hélène et de Guy- André KIEFFER dont le corps n’a toujours pas été retrouvé. On ne négocie pas avec un homme qui a du sang sur les mains. Un homme qui tue son propre peuple.

Laurent GBAGBO doit partir, ne serait –ce que pour les crimes odieux qu’il a commis dont il devra répondre un jour devant la Cour Pénale Internationale.

Depuis que M. Laurent Gbagbo y a confisqué le pouvoir d’Etat plus de trois cents personnes ont été froidement assassinées. Des milliers d’autres ont été blessés et les disparus, ainsi que les cas de viols se comptent par dizaines. Exécutions sommaires, enlèvements crapuleux, arrestations arbitraires, tortures, humiliations et vexations de toutes natures, tel est le lot quotidien du peuple martyr de Côte d’Ivoire.

Comble d’ignominie ! Il arrive que ses partisans refusent de remettre les corps aux familles pour les empêcher de donner une sépulture digne à leurs morts.

Laurent Gbagbo a constamment brandi l’argument de la « guerre » (référence à la tentative de coup d’Etat manquée du 19 septembre 2002 qui s’est muée en rébellion ouverte contre son régime) pour justifier la terrible répression, les violences de tous ordres et les crimes perpétrés contre les militants et les sympathisants de l’opposition. Il a en été ainsi de la barbarie de mars 2004, qui a vu une partie des Forces de défense et de sécurité, épaulée par des miliciens à la solde du régime, massacrer, trois jours durant, près de 500 personnes, selon l’ancien président Henri Konan Bédié (un rapport officiel des Nations unies fera, pour sa part, état, de 120 morts et de dizaines de disparus), qui voulaient manifester pacifiquement pour protester contre les blocages du processus de paix orchestrés par le président sortant.

La vérité de Laurent Gbagbo est enfin apparue derrière les impostures sur lesquelles il a bâti toute sa carrière politique. Certes, il a, à un moment donné, dans sa vie, fait preuve d’un esprit de révolte, d’un certain radicalisme, mais il s’est malheureusement dissous dans le pouvoir et dans les honneurs.

Son long règne de dix ans n’a été qu’une longue suite d’épreuves pour le peuple ivoirien. Il n’a jamais revêtu les habits d’homme d’Etat.

Laurent GBAGBO a passé le plus clair de son temps à diviser le peuple ivoirien, à mettre à mal la cohésion sociale, à instrumentaliser une partie de la jeunesse, et tenter, par l’esbroufe et la manipulation, d’infantiliser ses compatriotes.

Cette rage de détruire qui l’anime, lui et ses partisans, risque de faire sombrer la Côte d’Ivoire dans le chaos.

Laurent GBAGBO va droit dans le mur. Mais, il accélère.
Ce qui est affligeant, c’est que l’homme affirme agir au nom de Dieu. Il se croit investi d’une mission divine. Il est totalement envoûté par les prêches des Pasteurs de sa secte Four Square Church basée à Atlanta aux Etats-Unis.

Pour lui, le choix est simple. Il est entre le diable et Dieu.

Contrairement au chef de l’Etat sortant qui a dit un jour, avec un cynisme qui donne froid dans le dos : « 1.000 morts à droite, 1.000 morts à gauche, j’avance ! », le Président Alassane OUATTARA est un homme profondément épris de paix.

Malgré les épreuves qu’il a traversées au cours de son long combat politique contre l’exclusion, il a toujours prôné la réconciliation, le pardon et le rassemblement.

La Côte d’Ivoire nouvelle que le Président Alassane OUATTARA veut construire c’est une Nation exemplaire à tous égards. Un Etat fort, moderne et laïc. La laïcité, il l’a toujours défendue. Parce que c’est pour lui, la pierre angulaire de toute République.

Monsieur OUATTARA symbolise la tolérance, vertu qu’il a toujours cultivée, puisqu’il a laissé ses enfants libres du choix de leur religion.

S’il a remporté l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, c’est parce que les Ivoiriens de toutes les régions qui l’ont choisi entre quatorze candidats, considèrent qu’il est le seul capable faire vivre toutes les filles et tous les fils de la République ivoirienne, sur le même territoire, dans le respect des différences, qu’elles soient d’ordre ethnique, régional ou confessionne.
C’est un homme d’ouverture et de dialogue.

Il a toujours affirmé et répété qu’il n’entend pas accéder au pouvoir en enjambant les cadavres d’Ivoiriens, fussent-ils du bord adverse.

Il sait le poids des souffrances quotidiennes imposées à chacune et à chacun des Ivoiriens. Il est sensible à l`angoisse de chacune et de chacun des Ivoiriens, à la peur qui saisit des gens innocents qui craignent pour leur vie.

Mesdames et Messieurs les Députés,

il faut se rendre à l’évidence. Tout a été fait pour faire prévaloir une solution de raison, une solution de paix.

L’usage de la force légitime demeure le seul moyen de mettre un terme définitif à la crise, au drame et aux souffrances sans nom qu’endure notre peuple par la faute d’un assoiffé de pouvoir.

Qu’on se comprenne bien ! Il ne s’agit aucunement d’une guerre contre l’armée ivoirienne et encore moins contre le peuple ivoirien dont nous faisons partie, mais plutôt d’une opération destinée à rétablir l’ordre et la démocratie en Côte d’Ivoire.

Rien dans notre comportement ne permet d’affirmer que nous sommes des va-t-en guerre.

S’il n’y a pas d’autre alternative au recours à la force pour contenir la tragédie, Laurent GBAGBO, en raison de son obstination injustifiable et incompréhensible en portera seul l’entière responsabilité.

Mesdames et Messieurs les Députés,

Vous ne pouvez pas rester indifférents au drame qui se joue en Côte d’Ivoire. Nous partageons tous des aspirations communes au bonheur, au bien-être, à la prospérité, à la paix et à la sécurité.

Nous devons tous, nous sentir concernés par ce qui se passe à des milliers de Km d’ici, en Côte d’Ivoire, pays ami de la Côte d’Ivoire. Pays où on parle le Français, cette langue de la liberté qui dépasse chacune de nos Nations.

Qu’on ne se méprenne pas.

Les désordres en Afrique ont des répercussions en France et dans le monde.

Car, ce qui est en cause c’est la paix en Afrique, les droits de l’homme en Côte d’Ivoire.

Ce qui est en cause c’est la démocratie en Côte d’Ivoire.

Ce qui est en jeu, ce sont des valeurs sans lesquelles, nous ne serons plus nous-mêmes. Des valeurs sans lesquelles la France ne serait pas la France. La démocratie et le droit.

C’est pourquoi, vous ne devez pas laisser Laurent GBAGBO confisquer le destin du peuple ivoirien.

Malheureusement, le temps n’est pas notre allié.

Chaque jour qui passe, un jour de gagné pour le dictateur. Chaque jour qui passe, ce sont 15 morts de trop en Côte d’Ivoire.

Combien de morts faudrait-il encore pour qu’on se rende compte que l’homme est dangereux ?

Dangereux pour la Côte d’Ivoire. Dangereux pour l’Afrique. Dangereux pour l’humanité.

J’espère que nous saurons bâtir entre les hommes et les femmes par delà les frontières une solidarité d’un genre nouveau. Une solidarité qui transcende la Nation.

La culture de la France n’a jamais été le renoncement.

La Côte d’Ivoire a besoin de la démocratie. Et la France et le monde ont besoin d’une Côte d’Ivoire démocratique. Sans la démocratie, il ne faudra plus compter avec l’Afrique.

Je vous ai parlé en ami et je souhaite que les propos que j’ai tenus avec gravité trouvent un écho attentif auprès de vous, les élus de la France.

Encore une fois, merci Monsieur le Président de votre aimable invitation qui m’a permis de parler de la Côte d’Ivoire qui souffre, mais aussi de la Côte d’Ivoire qui espère.

Merci à vous, Représentants de la Grande Nation Française pour l’attention que vous avez bien voulue me prêter.

Mardi 7 février 2011
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