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Politique Publié le vendredi 11 février 2011 | L’expression

Crise postélectorale : Explosion en vue sur le front social et dans l’armée

Le fruit est mûr. Sous la poussée du peuple et de l’armée, le pouvoir usurpé de Laurent Gbagbo risque d’éclatera en mille morceaux. La colère des populations et celle de la grande muette préparent un cocktail explosif, plus bruyant que celui de la Tunisie.

Le couvercle social risque de sauter d’un moment à l’autre. Tous les ingrédients semblent réunis pour une implosion. La confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo, candidat malheureux à la présidentielle du 28 novembre, a mis le pays sous de très fortes tensions. Tous les secteurs d’activités se sont déglingués, offrant une société prête à exploser à tout moment. L’éducation, la santé, les programmes en cours, l’économie et les projets de développement sont en train de mourir. Les bailleurs de fonds les ont mis en veilleuse en attendant que le gouvernement de Guillaume Soro s’installe. Les sanctions de l’Union Européenne contre le secteur pétrolier et agricole (café cacao) ont coupé Laurent Gbagbo de ses ressources pour lesquelles il faisait tant le fier.

L’intervention militaire souhaitée par le président élu, Alassane Ouattara, et la Cedeao paraît moins dangereuse, au regard de la fronde sociale et de la colère qui sourde dans l’armée. Des déflagrations entre le pouvoir illégitime de Gbagbo et l’armée et, entre le peuple et les mercenaires et miliciens de Gbagbo, sont à craindre.

Sur le plan social, l’exacerbation des tensions ethniques et religieuses orchestrée par Tv Lmp a divisé profondément la société ivoirienne en deux blocs antagonistes. Dans certaines régions du pays où il y a une forte concentration d’allogènes comme au Sud, à l’Ouest et au Sud-Ouest, la destruction de la cohésion sociale se fait le plus sentir. D’un côté, le pouvoir de Gbagbo fait croire que les Bété, Didas, les Guérés considérés comme Lmp sont en train d’être dépossédés de leur propriété, le pouvoir. De l’autre, les Dioulas et les Baoulés (auxquels il faut ajouter les non nationaux) assimilés à des membres du Rhdp, sont attaqués, chassés de leurs plantations ou expropriés de leurs biens, pour avoir voté Alassane Ouattara. Il y a peu, à Bassam et à Abobo, des éléments des Forces de défense et de sécurité ont lâché des rafales sur des fidèles et lancé des grenades dans des mosquées. Le Conseil supérieur des Imams (Cosim) avait réagi vigoureusement, dénonçant cette instrumentalisation de la religion pour installer le chaos.

Les représailles contre les communautés du Nord et du Centre du pays, après le vote, ont obligé ces populations à réagir et à adopter la posture de la tribu assiégée. En effet, que ce soit à Abidjan ou dans les fiefs du Front populaire ivoirien, certaines maisons sont marquées des initiales « D pour Dioula » et « B pour Baoulé », dans l’optique de préparer un génocide. Si pour certains analystes, cette méthode vise à faire peur à la Cedeao qui prépare l’option militaire, elle est à prendre au sérieux, notamment quand cela concerne des peuples qui sont nourris chaque jour à la haine de l’autre. La télévision nationale transformée en outil de propagande haineuse, ne facilite pas les initiatives de dialogue des préfets, chefs traditionnels et guides religieux. Elle dresse les populations les unes contre les autres, manipule les esprits pour installer la chienlit. Les affrontements de Duékoué et de Lakota (avec plus de 30 morts et 30.000 réfugiés) sont venus conforter ces tensions entretenues par des cadres de La majorité présidentielle. Ce désordre permet de donner l’illusion de l’existence d’un pouvoir. Un pouvoir qui ne s’exprime désormais que dans la violence.

Confrontés aux limites de la manipulation, le camp Gbagbo a décidé d’installer la terreur au sein des populations : massacres, charniers, répressions sauvages, réquisition de l’eau et de l’électricité, enlèvement des blessés dans les hôpitaux, tout y passe pour pousser la population à bout et, justifier un éventuel carnage. Cette approche a eu l’effet contraire de dresser l’ensemble des populations contre le pouvoir de Gbagbo et de les pousser à se défendre par tous les moyens. Les cas d’Abobo, Anyama, Bondoukou, Yamoussoukro, Duékoué montrent clairement qu’elles refusent d’être les moutons du sacrifice de l’usurpation du pouvoir. De plus en plus, elles s’organisent pour mener la résistance et s’opposer à cette tyrannie.

Au peuple torturé par la paupérisation, les pertes d’emplois, le chômage technique, l’armée pourrait adjoindre sa voie. Ces derniers jours, la grande muette bruisse d’informations pas très rassurantes. La traque aux soldats loyalistes, considérés comme des pro-Ouattara, s’est intensifiée ces derniers jours. Les délations sont monnaie courante. Certains soldats exaspérés et parfois accusés à tort ont décidé de déserter les casernes pour éviter d’être « zigouillés ». Ils sont à la maison ou dans la nature. D’autres ont décidé de rejoindre la République, à visages découverts malgré la grande purge qui les frappe.

De plus, le diagnostic de l’armée révèle également la précarité économique à laquelle elle est assujettie depuis le 28 novembre. L’ambassadeur des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, Philip Carter, a annoncé le vendredi 4 février, lors d’une visite à Washington que Gbagbo n’a plus les moyens de payer les forces armées ivoiriennes et que celles-ci allaient inéluctablement s’éloigner de son régime.

Pendant la conduite du processus de paix né des Accords de Marcoussis et de Ouaga, les soldats se sont rebellés à plusieurs reprises pour des primes (haut-les-cœurs) impayées. Ils ont manifesté bruyamment dans les casernes et même dans les villes de Bouaké et d’Abidjan où certains ont eu à bloquer les rues et ponts Houphouët-Boigny et De gaulle.

Moins que le temps et les sanctions, l’armée reste le véritable ennemi de Laurent Gbagbo. Quand elle et le peuple rugiront de concert, il sera trop tard pour recoller les morceaux.

Assoumane Bamba
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