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Politique Publié le vendredi 11 février 2011 | Le Mandat

Atteinte à la liberté de la presse /Laurent Gbagbo aux journalistes : “Je suis malheureux devant la RTI”

Parler sans penser au lendemain, telle est la spécialité de Laurent Gbagbo qui ne se retient jamais lorsqu’il s’agit pour lui de dire ce qu’il pense. Malheureusement, lorsque ses propres propos le rattrappent, il se dédit.

Le bâillonnement de la presse libre a commencé depuis l’accession ‘’calamiteuse’’ de Laurent Gbagbo au pouvoir en 2000 est en train d’atteindre une autre dimension après le limogeage du président du Conseil national de la presse(CNP), Eugène Dié Kacou. Mais ce bâillonnement n’aura pas lieu, parce qu’aucun journaliste, homme ou femme des médias n’acceptera la déchéance mentale et psychique des confrères et consœurs d’en face qui rament à contre courant de la réalité. A titre de rappel à Laurent Gbagbo et à tous ceux qui le suivent, l’Association des journalistes politiques ivoiriens avait invité le président du FPI, Laurent Gbagbo mercredi 20 octobre 1999 dans la salle Félix Houphouët-Boigny de l’Hôtel du District d’Abidjan- Plateau en vue de développer le thème suivant :« Quelle presse politique pour une Côte d’Ivoire unie dans la démocratie ?» Dans ses propos liminaires Laurent Gbagbo, alors président du FPI a invité les journalistes à « se libérer» du carcan du ministère de l’Information d’alors sous l’ère PDCI-RDA.

Voici, en substance quelques propos du conférencier ; le christ de Mama. «Vous-mêmes avez le pouvoir de tout changer, journalistes, libérez-vous (...) C’est vraiment un appel que je vous lance.

Il ne faut pas vous cacher derrière vos responsables ou le ministère de l’Information ». Laurent Gbagbo demandait en son temps aux journalistes de prendre en exemple deux de leurs collègues de la télévision et de la radio ivoirienne « Je vais saluer publiquement devant toute la presse réunie, nos camarades Odette Sauyet et Pol Doukoui qui pendant les heures chaudes, en 1990, sont venus me voir à la maison pour me dire : « Nous sommes venus pour militer » ! Comme pour encourager ses invités à les suivre, Laurent Gbagbo a révélé qu’ « ils sont toujours à leurs postes ». C’était au temps du PDCI-RDA et ce, malgré leur engagement politique. Et de tirer cette conclusion : « Quand tu te caches, c’est là que tu écopes de la sanction suprême. Mais si tu le fais au grand jour, les gens ne peuvent rien contre toi ». Il incitait ainsi les journalistes à être indépendants dans l’exercice de leur profession. Laurent Gbagbo prend encore un autre exemple, celui du Rédacteur en Chef de la RTI, Lévy Niamkey qui a démissionné de son poste. Pour lui, il faut que « l’exemple de Lévy Niamkey serve de détonateur » aux journalistes. Voici des exemples concrets cités par Laurent Gbagbo qui était dans l’opposition de 1990 à 2000 où les journalistes exerçaient leur profession sans contrainte, selon ses propres dires.

En 1984, dans un article paru dans la revue Peuples Noirs/ Peuples Africains, intitulé ‘’Réponse à une Réponse » au PDCI-RDA, sa cible privilégiée, Laurent Gbagbo écrivait « Il n’y a pas de liberté d’information » et de poursuivre « En Côte d’Ivoire, les organes d’information gérés par l’Etat (radio et télévision) sont entièrement aux mains du PDCI du fait de la pratique du parti unique », et de poursuivre « Quant à la presse écrite, ce n’est guère différent : le directeur général du quotidien Fraternité-Matin est Amadou Thiam, ministre de l’Information, membre du Comité Directeur du PDCI ». La conclusion qu’il tire est que « La liberté d’information n’existe pas en Côte d’Ivoire, tout simplement parce que la liberté politique n’y existe pas » !

Qui croyait que Laurent Gbagbo pouvait faire un tel hold-up sur tous les médias ivoiriens après avoir écrit ce qui précède ! Et de limoger aujourd’hui, le Président du Conseil National de la Presse Eugène Kacou qui après avoir fait ses preuves au service de sports de la RTI et après avoir animé une émission à la télévision intitulée : 5X3 avec maestria, Eugène Kacou a dirigé le CNP avec professionnalisme même si on se plaignait de temps en temps quand les journaux bleus dérapaient !

Aujourd’hui, Laurent Gbagbo se montre très hostile à toute critique des journalistes qui ne le caressent pas dans le sens du poil.

A la conférence publique du 20 octobre 1999, il déclarait en ces termes : « on n’aime pas souvent qu’un autre nous regarde et nous critique. Or, dans le métier que nous avons choisi de faire, la politique, nous sommes soumis constamment à votre regard et à votre critique ». Et de déclarer ceci : « En ce qui me concerne personnellement, je n’attends pas que des journalistes qu’ils soient neutres » !En écrivant « Les conditions matérielles déterminent toujours la conscience de l’homme », Karl Marx n’a vraiment pas menti. Laurent Gbagbo « pense qu’un journaliste a le droit d’avoir un parti pris » qui est un aiguillon incitateur au travail. « Je suis malheureux devant la RTI » Critiquant les programmes de la RTI, Laurent Gbagbo se croyait « malheureux » quand il regardait la télévision ivoirienne. Comme solution, il a préconisé : « Si vous me trouvez devant l’écran, c’est que je suis en train de regarder les chaînes privées belges, françaises, et suisses ». Pour la radio ivoirienne, son constat est le identique. Il écoutait RFI et BBC, parce qu’il ne peut pas capter une chaine qui l’insulte et qui « déforme les faits, qui passe les images des opposants dans l’optique de plaire aux tenants du pouvoir »

Dans l’opposition, Laurent Gbagbo reprochait aux médias d’Etat que sont Fraternité-Matin, la radio et la télévision ivoirienne de ne pas informer les contribuables ivoiriens. Le constat actuel avec le multipartisme est que la situation est pire qu’avant avec le parti unique. Il y a eu changement d’époque, mais les mentalités des agents des médias d’Etat son restées inchangées.

Nous avons vu la RTI au temps du Président Félix Houphouët-Boigny avec la citation de la ‘’pensée du jour’’ unique du Président qui nous énervait et nous indisposait. Maintenant nous voyons la RTI au temps de Laurent Gbagbo qui nous laisse sur notre faim car la RTI en ce moment est pire que les époques passées citées.

Nous regrettons d’avoir critiqué tôt, notre époque passée. Ah ! Si nous savions l’avenir !

A cette même conférence, Laurent Gbagbo déplorait l’emprisonnement des journalistes « C’est un peu injuste que les journalistes soient les seuls qui aillent en prison pour des fautes dans leur métier ». La main sur le cœur comme s’il savait qu’il mentait, il a poursuivi : « Dire cela, ce n’est pas de la démagogie». C’était comme si on lui avait demandé de se justifier. Et aujourd’hui, deux journalistes croupissent dans ses geôles et torturés jours et nuits. Le souhait qu’il avait formulé est la libération des journalistes emprisonnés car selon lui « Ça vaudra mieux pour l’image de la Côte d’Ivoire et pour la santé de la Côte d’Ivoire » Le tournant que vient de prendre l’équipe Gbagbo n’atteindra pas son but car ;

« Ce ne sont pas ceux qui sont pris par force, enchaînés et vendus qui sont les vrais esclaves, ce sont ceux acceptent moralement et physiquement de l’être », a dit Sambène Ousmane dans Les Bouts de Bois de Dieu.

BEN KASSAMBA
benkassamba@yahoo.fr
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