x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 11 février 2011 | Le Patriote

Parti pris dans la gestion de la crise : Ceux qui trompent la diplomatie sud-africaine

© Le Patriote Par DR
République d`Afrique du sud : le Président Jacob Zuma
Dans la crise électorale née de la volonté de Laurent Gbagbo de confisquer le pouvoir, il joue assurément l’un des mauvais rôles. Lui, l’enfant de la démocratie sud-africaine. Sur le continent, Jacob Zuma, actuel Président de l’Afrique du Sud, surprend la plupart de ses pairs avec son soutien affiché à Laurent Gbagbo, malgré son très flagrant putsch électoral.

Ses services officiels ont beau se fendre d’un communiqué pour clamer haut et fort la neutralité du géant de l’Afrique australe dans le bras-de-fer Gbagbo-Ouattara, Jacob Zuma demeure bel et ben un soutien, pour le moment, sans faille de l’ancien chef de l’Etat ivoirien.

A Addis-Abeba, lors du récent sommet de l’UA, c’est lui qui défendait bec et ongle l’hypothèse de recomptage des voix. Face à la détermination de ses homologues africains, mieux au parfum de la forfaiture de Laurent Gbagbo, Jacob Zuma a dû faire marche arrière et se résoudre à se battre pour la mise en place d’un panel de cinq chefs d’Etat, chargés d’entendre les deux camps et
de prendre des « décisions contraignantes » pour les deux parties. Le comité d’experts mandaté par ce panel vient justement de boucler sa mission de quatre jours en terre ivoirienne meublée par une série d’entretiens avec les acteurs du processus de sortie de crise.

Autre preuve que Jacob Zuma a vraiment pris fait et cause pour Laurent Gbagbo, l’arrivée aux larges des côtes ivoiriennes d’un navire de guerre sud-africain. Toute chose dénoncée avec véhémence et à juste raison par James Victor Gbeho, Président de la Commission de la Cedeao depuis Abuja au Nigéria. Que dire alors des contrats d’armements passés entre le Chef d’Etat
sud-africain et le président ivoirien sortant. Bref, il n’y a l’ombre d’aucun doute. Jacob Zuma a choisi le camp de Laurent Gbagbo. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il a raison ou encore moins qu’il est dans le droit. Car, à la vérité, Jacob Zuma n’a pas bien été briefé sur cette crise de trop, par ses proches. Il a ouvertement été trompé par des personnalités sud-africaines de son sillage.
On pense notamment Thabo Mbeki, l’ex-président sud-africain, à qui Zuma a succédé, Aziz Pahad, ex-vice-ministre des Affaires étrangères, Mosiua Lekota ex-ministre de la Défense. Ce sont eux, surtout Mbeki, qui ont transmis à Zuma un rapport détaillé sur la situation postélectorale en Côte d’Ivoire en reprenant les thèses du régime frontiste. A savoir qu’il y a eu des prétendues fraudes
au Nord, que la CEI(Commission Electorale) n’a pas proclamé les résultats de la présidentielle dans les délais et que le Président de la CEI l’a plutôt fait au Golf Hôtel de Cocody, le « Qg » de campagne du candidat Ouattara… Bref, un tissu de mensonges parce que tout le monde sait pertinemment qu’il y a eu plus de violences avec mort d’hommes à l’Ouest le jour du scrutin que dans n’importe quelle région du pays. On sait aussi que le délai de 3 jours n’était qu’indicatif selon le code électoral et bien plus après les résultats du 1er tour donnés quatre jours après le scrutin. C’est également connu de tous, le « Qg » du candidat était la maison du PDCI, baptisée pour l’occasion, maison du RHDP.

Mbeki et consorts ont donc induit en erreur Zuma. Et pour mieux rallier ce dernier à leur cause, ils vont surfer outrageusement sur la vague du combat contre le colonialisme, la recolonisation ou pour l’indépendance et la souveraineté des Etats africains. Des sujets, vous l’aurez deviné, qui ne laissent indifférents les leaders anti-apartheid sud-africains, y compris Zuma. Alors
qu’il n’en est absolument rien. La réalité, c’est que Laurent Gbagbo veut tordre le cou à la démocratie en se maintenant de force au pouvoir, contre vents et marées.

Derrière cette volonté de nier l’évidence en Côte d’Ivoire, à savoir la cuisante défaite de Laurent Gbagbo dans les urnes, se cache un désir de protéger les deals conclus sous la présidence de Mbeki avec Laurent Gbagbo. Il s’agit de juteux contrats d’affaires, qui vont de la restauration (les fast-foods Debonairs, Steeze…) à l’armement (vente excessive d’armes à Laurent Gbagbo en dépit de l’embargo) en passant par les ressources minières.

Il est donc regrettable qu’un pays aussi exemplaire sur le plan démocratique depuis la fin de l’apartheid, s’accommode, par la faute de dirigeants affairistes, d’un dictateur qui a déjà envoyé ad patres en l’espace de deux mois, environ 300 de ses concitoyens. Pour un fauteuil présidentiel qu’il ne mérite pas. C’est une injure pour l’Afrique du Sud. Espérons que Zuma se ressaisira dans les jours qui viennent…

Y. Sangaré
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ