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Politique Publié le vendredi 11 février 2011 | Le Patriote

Lettre ouverte au premier ministre Guillaume Soro : “Vous êtes entré dans le panthéon de notre Histoire”

© Le Patriote
Mr Soro Guillaume Premier Ministre
Monsieur le Premier ministre, je vous écris cette lettre au moment où vous rendrez d'une mission qui vous a conduit dans plusieurs capitales africaines, pour trouver les voies et moyens pour régler la crise créée par Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le fauteuil présidentiel qu'il a perdu devant le Président élu, Alassane Ouattara. A peine avez-vous déposé vos valises que vous êtes à nouveau à la tâche. Excellence, je vous écris cette lettre pour deux raisons essentielles. De prime abord, je viens de relire votre livre, « Pourquoi je suis devenu un rebelle », où vous expliquer fort à propos, les raisons qui ont guidé la prise d'armes en septembre 2002. Votre ouvrage, je l'ai lu à plusieurs reprises, une dizaine de fois pour être précis, et chaque jour davantage,
l'actualité politique vous donne raison, tant le livre et notre histoire présente s'imbriquent si merveilleusement. Dans votre livre, dis-je, vous avez établi une analogie entre ce qui s'est passé au Rwanda et ce qui se trame dans notre pays. A savoir la préparation d'un génocide par le camp Gbagbo. Avec ce qui se passe en ce moment, les faits vous donnent entièrement raison. Il n'y a qu'à regarder l'identité de tous ceux qui ont été assassinés durant la décennie de pouvoir de Laurent Gbagbo pour s'en convaincre. Déjà en 2005, vous prédisez le tableau sombre que se précise à notre pays : « Aujourd'hui en Côte d'Ivoire, les ingrédients d'une catastrophe humanitaire analogue à celle qu'a connue le Rwanda se mettent progressivement en place, au vu et au su de toute la communauté internationale ». On ne peut pas dire que vous n'avez pas raison,
Excellence, les tueries orchestrées par les hommes de Gbagbo donnent du poids à vos propos. Aujourd'hui plus qu'hier, votre appel à une intervention militaire pour faire échec à l'imposture de l'ancien chef de l'Etat qui veut confisquer les rênes d'un pouvoir qu'il a perdu dans les urnes, est plus que judicieux. « Il est encore temps de prévenir ce génocide. Il est encore possible
pour tous les Ivoiriens de vivre librement et en paix. Il est encore temps de faire obstacle à la vague xénophobe qui balaye mon pays… C'est bien parce que le pire est à craindre que j'ai décidé de ne pas baisser les bras ». Sur le dernier scrutin présidentiel qui a vu la défaite de Gbagbo, vous aviez déjà une idée très claire, en totale harmonie avec la réalité qui se précise à nous depuis le 28 novembre dernier : « M. Laurent Gbagbo n'a aucune chance de remporter un
scrutin ouvert et transparent. Son entourage n'a de raison d'être et de participer au pouvoir que la guerre. Pour eux, si la crise ivoirienne se termine, le chômage les attend… La communauté internationale doit veiller à empêcher que ces extrémistes parfaitement identifiés ne brûlent le reste de la Côte d'Ivoire ». A dire vrai, M le Premier ministre, il a fallu une élection juste et
transparente, après dix ans de louvoiement, pour que Gbagbo soit réduit à sa plus simple expression. On comprend parfaitement pourquoi l'homme crée toutes sortes d'artifices pour ne pas partir et pour provoquer une guerre en Côte d'Ivoire. Assurément vous êtes légitimé à dire dans votre ouvrage que « Gbagbo est le problème de notre pays » en des termes si saisissants et
probants avec la donne actuelle : « La Côte d'Ivoire de demain, la Côte d'Ivoire dont je rêve, sera libre et ouverte à tous. Les étrangers partis à cause de la crise pourront revenir sereinement pour vivre dans ce pays. Cette Côte d'Ivoire-là se fera sûrement sans Laurent Gbagbo. Il est et restera dans l'histoire de mon pays comme l'homme qui en a divisé les fils. L'homme qui a causé une guerre et l'a perdue ». Excellence, l'actualité vient conforter votre opinion sur le fait que Laurent Gbagbo est le problème majeur de la Côte d'Ivoire. Sa tentative de confiscation du pouvoir, les tueries massives de ses cerbères, les braquages des banques, notamment la BCEAO, l'instrumentalisation des médias d'Etats transformés en officines du FPI, montrent à l'envi que cet homme, nonobstant ses proclamations patriotiques, n'aime pas son pays.

Monsieur le Premier ministre et cher frère, pour avoir suivi votre parcours depuis la Fesci jusqu'à maintenant, pour avoir échangé souvent avec vous, je puis vraiment saluer votre profond attachement à la démocratie. Vous n'avez jamais varié dans votre quête. De la Fesci à aujourd'hui, vous êtes resté dans la ligne de mire de la liberté, de la démocratie et de la justice. Durant toute votre lutte, vous n'avez eu de cesse de dénoncer les injustices, les abus et les atteintes aux droits de l'homme. Au sacrifice de votre vie et de votre jeunesse, vous avez mené le bon combat, celui d'une Côte d'Ivoire sur la voie de la démocratie. Grâce à votre combat et celui de vos collaborateurs, le despote Gbagbo, qui ne connaît que le langage de la force, a été neutralisé. Sous votre action, nous avons eu l'accord politique de Ouaga, qui a diminué les souffrances de nos compatriotes. Grâce à votre acharnement, chacun de vos concitoyens a eu sa carte d'identité et a pu prendre part à l'élection présidentielle et a voté librement pour le candidat de son choix. En son temps, vous avez prévenu en ces termes : « nous irons aux élections quand chaque
ivoirien aura sa carte d'identité et d'électeur ». Vous avez tenu l'engagement.

Vous êtes un homme de parole quand certains se complaisent à demeurer des hommes à paroles. Vous n'avez pas varié dans votre opinion, nonobstant les cris d'orfraie de certains sceptiques qui voulaient interpréter vos silences et vos discours. A dire vrai, Monsieur le Premier ministre, c'est le 4 décembre dernier, à l'hôtel du Golf, que vous avez conforté votre attachement aux valeurs
démocratiques. Ce jour-là, devant la presse, vous avez démissionné de la primature et vous avez remis votre démission et celui de votre gouvernement au Président élu, Alassane Ouattara. Vos propos résonnent encore dans mon esprit : « au nom de ma foi chrétienne et de mon attachement à la démocratie et à la paix, je ne pouvais pas accepter de manipuler les résultats… Alassane
Ouattara a remporté le scrutin présidentiel ». Plus que le 19 septembre 2002, où vous avez pris les armes pour faire chuter le pouvoir dictatorial, c'est le 16 décembre dernier que vous êtes entré, de façon splendide, dans le quotidien des Ivoiriens, dans le panthéon des personnalités qui comptent dans notre pays et dans notre histoire présente. Les Ivoiriens retiennent que c'est grâce à
vous que nous avons mis fin à plus de quinze années d'un lourd contentieux politique qui empoisonnait la vie nationale. Pour la suite de votre carrière en politique, cela va jouer beaucoup. Vous avez un destin brillant devant vous, pour avoir montré à la Côte d'Ivoire et au monde que la politique doit exclure les voies de compromissions, de louvoiement, de double langage, pour
emprunter les sentiers de la liberté d'expression, de la vérité et du discours sans équivoque. Avec vous, un destin est en train de s'assumer et nous ne pouvons que vous souhaitez bonne chance et bonne continuation dans votre quête inlassable pour une société ivoirienne désormais attachée à la paix, à la démocratie, à la bonne gouvernance et à la moralisation de la vie publique.
Bien à vous, Monsieur le Premier ministre

Bakary Nimaga
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