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Politique Publié le samedi 12 février 2011 | Le Nouveau Réveil

Devoir de mémoire : “Le coup d`Etat de 99, la mutinerie de 2000, l`article 35, c`est Gbagbo”

© Le Nouveau Réveil Par Emma
Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire: le président Laurent Gbagbo assiste à la prise d`armes au palais
Samedi 7 août 2010. Abidjan, palais présidentiel du Plateau. Le défilé militaire est le point culminant des cérémonies marquant la fête de l`indépendance.
Ministre influent du CNSP pendant la transition militaro-civile de 2000, Zoin Honoré a accordé une interview importante à Le Nouveau Réveil, en octobre 2005. Plus de 5 ans plus tard, l`interview est d`actualité. Nous vous reproposons cette interview. Il convient de souligner que Zoin Honoré a rejoint le camp Lmp lors de la campagne électorale.

Monsieur le ministre, vous êtes en exil depuis quelques années, depuis la fin de la transition. Alors qu`est-ce qui justifie ce statut ?

Je me présente d`abord. Je suis le ministre Zoin Honoré et j`ai été membre du Comité national du salut public (CNSP). J`ai été président de la Commission de contrôle du patrimoine de Côte d`Ivoire.

Vous avez été également ministre?

Oui, j`ai été aussi ministre de la Construction et de l`environnement et ministre de la Jeunesse et des sports pendant la transition militaire.

Vous étiez proche du Général Guéi, est-ce son départ du pouvoir qui a occasionné votre exil aux Etats Unis?

Pas forcement son départ du pouvoir, mais c`est sa mort brutale, suite à laquelle des éléments sont allés tirer dans mon appartement aux Deux-Plateaux. Et donc quand j`ai su que j`étais recherché pour être exécuté, j`ai pris la clé des champs et je suis parti d`Abidjan.

Est-ce à dire que vous êtes parti après le coup d`Etat du 19 septembre 2002 ?
Oui, après le coup d`Etat du 19 septembre 2002 au cours duquel le Général Guéi a trouvé la mort.

Vous dites que vous étiez recherché. Vous étiez recherché par qui?
Je ne sais pas, peut-être que par les escadrons de la mort. Ce qui est sûr, c`est que les gens sont allés tirer dans mon appartement sis aux Deux-Plateaux le même jour de l`assassinat du Général Guéï. Les traces de balle se trouvent encore sur les portes de l`appartement.

Alors; aujourd`hui, quel est exactement votre statut là où vous êtes?

Je ne voudrais pas trop m`étendre là-dessus, je voudrais plutôt qu`on passe, mais sachez que j`ai un statut de réfugié politique.

Et où êtes-vous ?

Je suis aux Etats-Unis d`Amérique

Revenons à l`actualité politique du pays. Aujourd`hui, on parle de plus en plus de transition en Côte d`Ivoire après le 30 octobre. Quelle est votre opinion sur la question. Il y a aussi le Général Doué Mathias et le Colonel Yao Yao Jules qui sont en exil comme vous. Avez-vous des contacts avec eux ?

Je suis en contact avec eux. Et la situation politique en Côte d`Ivoire, je la suis au quotidien. Mais je suis étonné des déclarations du Président Gbagbo sur la transition. .. Et je voudrais attirer votre attention pour dire que le dénominateur commun du mal en Côte d`Ivoire, c`est bien Laurent Gbagbo. Je vais m`expliquer pour dire pourquoi c`est lui le dénominateur commun du mal. Les mutineries de mai et de juin 1990, il avait pris des contacts avec des militaires déjà pour faire un coup d`Etat.

Vous pouvez donner des noms ?

De donner le nom de qui ?

Des militaires qu`il aurait contactés pour faire le coup d`Etat.

Non, vous les journalistes, vous ne donnez pas vos sources. De la même manière, je ne donne pas mes sources.

Mais peut-on avoir d`autres preuves?

Pour les preuves, vous savez que lui-même, il a dit qu`il avait mis des militaires à Londres pour les faire venir ... C`était au cours des élections de 1995. Donc il était en contact avec l`armée.

Vous étiez en train de démontrer que le Président Gbagbo est le problème central. On vous suit toujours.

Il est le dénominateur commun du mal. Et en plus de cela, je peux vous dire qu`au mois de décembre 1999, nous les jeunes militaires, nous étions partis pour manifester contre notre ministre de la Défense dans les rues. Et le Président Gbagbo nous a envoyé notamment Lida Kouassi, Boga Doudou, Odette Sauyet et Freedom Neruda dans la rue pour nous dire que la Côte d`Ivoire souffre depuis 40 ans avec le PDCI et que c`était une occasion rêvée. Et que notre manifestation ne devrait pas être une simple manifestation de réclamation de primes et qu`on devrait faire en sorte qu`elle soit un coup d`Etat. C`est donc sur leurs conseils que tout s`est concrétisé: Donc le Président Gbagbo a participé à ce coup d`Etat. Et lorsque ses envoyés échangeaient avec nous, ils étaient constamment en contact avec lui. Après, ils sont venus nous rejoindre au camp Galliéni, sur la route conduisant à Akouédo, à la station d`essence où on se servait. Et à plusieurs reprises à Akouédo. Quand le coup d`Etat a eu lieu, nous avons accueilli M. Gbagbo en fanfare à Yamoussoukro. Pensant qu`il venait travailler avec nous. Surtout que c`est sur ses conseils que ça s`est passé. Finalement il a décidé de ne pas travailler avec nous. Mais il a donné quatre ministres. En plus ceux qui étaient venus nous dire de concrétiser le coup d`Etat ont été nommés.

C`est ainsi que Lida Kouassi a été nommé Conseiller spécial du préside Guéi, Odette Sauyet a été nommée Directrice centrale de la télévision et Boga Doudou a été celui qui introduit les articles litigieux dans la Constitution actuelle. Donc ils ont joué des rôles importants pendant la transition.


Monsieur le ministre, vous dites des choses graves, parce que celui qui a piloté le coup d`Etat n`est pas celui qui a été dans le fauteuil présidentiel. Alors qu`est-ce qui explique l`arrivée du Général Robert Guéi ?

Nous avions pensé que c`est Laurent Gbagbo qui allait diriger l`affaire. Mais, il n`a pas voulu accepter et il a joué les seconds rôles afin de surprendre tout le monde. Comme il l`a toujours fait.

C`est pour cela qu`il n`a pas pris ses responsabilités. Donc il ne faut pas qu`il fasse croire au peuple de Côte d`Ivoire qu`il ne savait pas qui organisait le coup d`Etat de 1999. Il était bien avec nous. Je n`ai pas parlé pour observer la scène jusqu`aujourd`hui. Et je voulais dire au peuple de Côte d`Ivoire que c`est Laurent Gbagbo qui a aidé à faire ce coup d`Etat. La nomination de certaines personnalités du FPI était une récompense par rapport à ce coup d`Etat. Et par rapport au fait que lui-même était constamment à nos côtés pour nous aider à faire ce qu`il y avait à faire, notamment la Constitution. Dans laquelle il a introduit avec son ami Boga Doudou, les articles litigieux qui sont à la base des problèmes aujourd`hui en Côte d`Ivoire.

Monsieur le ministre, vous étiez très proche du Général Guéi et du Président Gbagbo. Qu`est-ce que vous savez exactement de leur rapport avant son assassinat?

Avant son décès, je savais que Gbagbo était très proche du Général Guéi. Et pendant la mise sur pied de la Constitution, il venait le voir régulièrement. Il avait proposé que l`actuel président de la CEI, Camille Hoguié soit président de la Commission électorale indépendante.

C`est Monsieur Gbagbo qui a proposé cela?

Gbagbo a fait cette proposition à l`époque, sous la transition. Et c`est quand il est parti, que nous avons eu une réunion, le Général et moi. Et après, quelqu`un m`avait soufflé que Camille Hoguié a été celui-là même qui avait demandé à Houphouët-Boigny de sanctionner les militaires suite aux événements de Yopougon. Et c`est pour cela qu`il n`a pas été retenu.

En tant qu`ancien membre du CNSP, vous avez été témoin du rejet de la candidature du Président Henri Konan Bédié et du Premier ministre Alassane Ouattara. Pouvez-vous nous en dire davantage pour éclairer l`opinion ivoirienne?

Pour éclairer l`opinion ivoirienne, je veux dire que cela a été toujours les manœuvres du Président Gbagbo. Parce que vous savez très bien que quand il est avec vous, il manœuvre pour autre chose. Par exemple pour le "Et" et le "Ou", j`étais en tournée à l`intérieur du pays. Je suis arrivé à Gagnoa, Gbagbo a insisté auprès de moi pour que le Ou soit changé en Et. Le Président Guéi a dit non, je ne peux pas changer comme ça. Il faut que je demande l`avis du peuple. Quand je lui ai fait le point de ma mission, il a dit c`est quelqu`un qui est resté avec nous jusqu`aujourd`hui, on a tout fait ensemble. Je lui ai dit à l`époque d`annoncer déjà l`événement. Il a dit non. Un chef ne déshabille pas un chef. On ne peut pas le dénoncer si lui-même ne se prononce pas.

Et c`est comme cela déjà à l`époque qu`il a pu côtoyer et qu`on a changé des éléments dans la Constitution. Au jour d`aujourd`hui, il fait croire que cette Constitution a été élaborée uniquement par Guéi, alors qu`il a été à la base de son élaboration, surtout des éléments litigieux. Rappelez-vous lors d`une réunion au palais de la présidence, pour justifier le "Et" et le "Ou", on avait dû faire appel à tous les leaders politiques. Et comme ils travaillaient avec nous, Gbagbo a donné Boga Doudou qui a parlé, ce jour-là, de double nationalité de certaines personnalités comme M. Sidia Touré de Guinée qui est parti en Guinée pour devenir Premier ministre ; comme une autre dame qui est partie au Mali pour devenir ministre ... C`était pour justifier le fait que nous travaillions ensemble et que nous devions intervenir dans un certain nombre de choses. Et après, sa propre campagne présidentielle a été financée par le Général Guéi. Le Général Guéi lui a donné 200 millions pour faire sa campagne et la femme du Général lui a donné 100 millions. Donc c`est vous dire qu`on était très proches. Et parce que justement, il avait souhaité travailler avec le Général Guéi dans les nouvelles structures après les élections. Et puis au dernier moment, il nous a trahis.

Monsieur le ministre, il est aussi dit que le Président Gbagbo a fait pression sur le Général Guéi pour qu`il se présente comme candidat comme lui-même et sans les autres candidats. Avez-vous des informations à ce sujet?

Je n`ai pas d`information à ce sujet. Mais je sais qu`il est fortement impliqué dans les amendements des textes pour écarter des candidats pour avoir affaire seulement au Général Guéi.


Monsieur le ministre, que savez-vous de l`assassinat du Général Guéi ?

A propos de sa mort, je n`en sais rien puisqu`au moment des événements, lorsque le Général Guéi m`a joint le matin pour me dire de me cacher parce qu`il entend des tirs à Cocody, je suis parti et donc je n`ai pas pu suivre. Mais j`ai appris sa mort comme tout le monde.


Mais il est dit que le corps qui est "stocké" à l`Ivosep de Treichville subit des pratiques cabalistiques. Qu`est-ce que vous en savez exactement?

Certaines personnes m`ont dit que le Président Laurent Gbagbo aurait transporté le corps au palais pour faire des cérémonies. Et que suite à cela ses marabouts lui ont recommandé de ne jamais enterrer le Général Guéi sinon son pouvoir tomberait. C`est ce que j`ai entendu dire.

De personnes sûres ?

C`est ce que j`aurais entendu dire. Je n`ai pas de confirmation, je n`ai pas mené d`enquête pour vérifier l`information.

Mais Monsieur le ministre, vous soutenez que le Général a financé la campagne de Laurent Gbagbo à hauteur de 300 millions ?

Oui. 200 millions de la part du Général lui-même et 100 millions de la part de sa femme. Il est venu chercher cet argent en tenue bleue ce jour-là.

C`était la nuit?

C`était vers le soir qu`il est venu chercher cet argent en tenue bleue.

In LE REBOND N°049
du jeudi 1er février 2007
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