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Politique Publié le lundi 14 février 2011 | Soir Info

En meeting, samedi, à Agboville Blé Goudé met en garde le panel : « Ne touchez pas à notre totem »

Pièce de rameau en main jumelée à une queue de cheval, tête coiffée d’une autre pièce de rameau, Bédénachoué- du nom d’un célébrissime guerrier de l’Agnéby- avance à pas feutrés. Le leader des jeunes patriotes ne pouvait pas s’attendre à meilleur hommage sur un sol agbovillois qui « sait reconnaître les résistants ». Une demi-heure après l’hommage par le peuple Abbey, voici Charles Blé Goudé, sur le plancher, se préparant à faire une adresse au quinté de chefs d’Etat attendu prochainement à Abidjan pour élaborer une « solution politique d’ensemble » à la crise post-électorale.

« La Constitution, n’y touchez pas. Ils sont avertis… », dit Charles Blé Goudé. Il narre une histoire qui se passe dans un village et établit un parallèle avec la situation ivoirienne : « Lorsque tu arrives dans un village, on te souhaite la bienvenue. Puis on te dit : ici, dans ce village, il existe un totem. Lequel ? Il est interdit de tuer les singes ou de les manger. Et toi, qu’est-ce tu fais ? Tu fais une promenade à travers le village. Sachant très bien que le singe est un peu comme un homme (on ne le tue pas, on ne le mange pas), tu prends un matin ta machette et tu tues un singe sur ton passage. Non content de ta prouesse, tu fais cuire le singe dans une sauce graine. Et tu invites les gens du village avec à leur tête le chef à manger avec toi. Imagine la réaction des villageois. L’acte est très grave…En Côte d’Ivoire, le totem de tous ceux qui sont venus des pays lointains (USA, Angleterre, France, Onu…) s’appelle Koudou Gbagbo Laurent. On leur dit : faites vos enquêtes comme vous voulez mais Gbagbo, ne le touchez pas. La Constitution, n’y touchez pas ». L’ancien leader estudiantin explique à son auditoire que quiconque touche à la Constitution trouvera les patriotes sur son chemin. « Je voudrais dire aux Ivoiriens qu’ils soient à Guiglo, Duékoué, Dimbokro, partout sur l’ensemble du territoire : chacun d’entre eux est le gardien du temple. Et notre totem, c’est notre Constitution. S’ils y touchent, avant même que je ne prenne la parole, je vous demande de vous révolter partout où vous êtes. Je serai moi-même à la tête du mouvement », fait valoir Charles Blé Goudé, actuel ministre en charge de la Jeunesse et de l’Emploi. Plus tôt, il fustigeait les déclarations de Ban Ki-Moon qui avait trouvé que dans le cas ivoirien, « faire un recompte des voix serait une grave injustice ». « Il y a eu des élections en Afghanistan sous l’égide de l’Onu. Il y a eu recomptage. Celui qui était crédité pour 54%, après recomptage, il obtenait 49%. En Haiti, ils ont recompté…En Côte d’Ivoire, on évoque le recomptage et que dit Ban Ki-moon ? Ce serait une grave injustice », se désolait Blé Goudé. Il raillait au passage Alassane Ouattara, reconnu
président élu par une partie de la Communauté internationale : « Un homme qui lorsqu’il appelle à la grève générale n’est pas suivi. Au contraire, les malades se lèvent et se rendent au travail. Désobéissance civile ? Il ne connaît pas la psychologie du peuple. A quoi renvoie la désobéissance civile chez le paysan d’Agboville ? Gbagbo n’a jamais parlé de désobéissance civile. Il prônait la marche, lui-même en tête. Désobéissance fiscale ? C’est la totale ».

Blé Goudé était accompagné lors de son meeting de deux collègues du gouvernement : Atsé Yapo Benjamin, en charge de la Construction et de l’Urbanisme et Philippe Attey, en charge de l’Industrie.

Kisselminan COULIBALY
(Envoyé spécial)
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