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Politique Publié le lundi 14 février 2011 | Le Nouveau Réveil

Braquage de la Bceao et des banques commerciales par le régime Gbagbo/Patrick Achi (ministre des Infrastructures Economiques assurant l`intérim du ministre de l`Economie et des finances, Porte-parole du Gouvernement) : “Dans quelques jours, les banques commerciales risquent de fermer”

Après la victoire de son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA à l'élection du 28 novembre 2010, la signature sur les comptes de l'Etat à la BCEAO devait être tout naturellement transférée au Président élu et à ses représentants afin que ceux-ci gèrent l'Etat. Face au refus du Gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, de respecter ce principe, il a été conduit à la démission à l'occasion du 15e Sommet des Chefs d'Etat de l'UEMOA qui s'est tenu le 24 janvier 2011 à Bamako.

Alors qu'on s'acheminait vers la résolution de cette crise du contrôle des finances de l'Etat par le Gouvernement élu, c'est au braquage de la BCEAO par le gouvernement illégitime de Monsieur Laurent Gbagbo que nous avons assisté.

Au cours d'une conférence de presse précédente, nous avions alerté l'opinion publique sur les conséquences dramatiques de cet acte sur l'ensemble du système bancaire, de l'économie et surtout des populations.

Malgré ces perspectives sombres, le gouvernement illégitime a poursuivi ses actes de brigandage et de vandalisme, en violation de tous les accords internationaux, en suspendant la Commission bancaire, chargé du contrôle des banques, en braquant ensuite la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d'Abidjan (détenue à plus de 80% par des opérateurs économiques nationaux et internationaux), puis le Conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers. Pire, on assiste désormais à des descentes quotidiennes des FDS, arme au poing, dans les diverses agences des banques pour menacer les dirigeants et le personnel afin de les obliger à effectuer des opérations illégales et frauduleuses, mettant ainsi en péril les avoirs des banques, des opérateurs économiques et de l'ensemble des populations vivant en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, chaque Ivoirien vit dans son quotidien les conséquences de ces actes de grand banditisme dont se rendent coupables Monsieur Laurent Gbagbo et son gouvernement illégitime. Depuis quelques jours, chacun peut constater que les distributeurs automatiques de billets de toutes les agences bancaires sont quasiment à l'arrêt. Bien que les clients et les opérateurs économiques aient de l'argent sur leurs comptes, les retraits qu'ils souhaitent faire sont rationnés et plafonnés. Les financements ne sont plus disponibles pour l'achat des produits aux paysans. Plus aucun prêt n'est accordé aux opérateurs économiques et aux particuliers. Les chômages techniques et les licenciements dans les entreprises privées commencent à prendre des proportions inquiétantes, accroissant davantage les souffrances des populations.

Alors que ces actes, perpétrés en violation de toutes lois et toutes règles, atteignent des sommets jamais égalés nulle part dans le monde, voilà que le gouvernement illégitime envisage, dans les heures et jours à venir, sous la contrainte des armes de guerre, de passer à la réquisition pure et simple des banques commerciales. Il s'agit-là, à tous points de vue, d'un vaste projet de braquage des avoirs de chacun d'entre nous. Le seuil de l'intolérable est atteint et même dépassé.

Ces actes gravissimes, qui témoignent de l'absence totale du moindre sens des responsabilités de la part de leurs auteurs, ont engendré des conséquences importantes pouvant aboutir à une véritable explosion du système bancaire de la sous région.

En tout état de cause, le Gouvernement de Côte d'Ivoire se doit d'attirer, une fois de plus, l'attention de nos compatriotes - qui ont déjà trop souffert des errements de l'ancien chef de l'Etat - afin qu'ils sachent que, après leur avoir dénié leurs droits politiques, le gouvernement illégitime s'en prend à présent directement à leur portefeuille. Tout doit donc être mis en œuvre pour arrêter cette forfaiture de trop, avant qu'il ne soit trop tard.

Je vous remercie.

“Les actes de Gbagbo mettent en danger les porte-feuilles des Ivoiriens”

Quelles sont les conséquences du braquage de la Bceao sur les Ivoiriens et son impact ?

Pour comprendre les conséquences, il est souhaitable de savoir c'est quoi la Bceao. Si on ne connaît pas la Bceao, si on ne connaît pas ses missions, c’est difficile quelles que soient les explications que je vais donner de comprendre. A votre question, j'en rajoute une. La Bceao c'est quoi ? La Bceao est une Banque comme les opérateurs, des particuliers ont leur argent dans un compte. De la même manière, la Bceao est la banque des banques. C'est-à-dire vos banques ont pour banque la Bceao. Quand je dis les avoirs des banques, il s'agit de votre argent. Les banques gardent une partie de l'argent des déposants pour gérer leurs opérations courantes et le reste est déposé dans leur compte, dans leur banque qui est la Bceao. Le deuxième rôle de la Bceao est que c'est elle qui édicte les règles de fonctionnement du système bancaire. Comment on reçoit les chèques, comment on fait les opérations, comment on compense les chèques, quelles sont les règles de fonctionnement dans le système bancaire! Egalement, comme vous pouvez aller dans votre banque pour emprunter de l'avoir, les banques peuvent aller à la Bceao pour emprunter de l'argent et utiliser cet argent pour servir les besoins d'un client. L'argent que les banques vous prêtent, c'est une partie de l'argent que des personnes ont déposé; c'est également de l'argent qu'elles peuvent avoir emprunté auprès de leur banque. Voilà en quelques mots le rôle de la Bceao. Mais il y a également un autre organe, si nous ne le mentionnons pas on ne peut pas comprendre le fonctionnement du système bancaire. La Commission bancaire est chargée de s'assurer du respect des règles et de sanctionner les banques qui ne respectent pas ces règles.

Vous avez là les deux piliers du fonctionnement du système bancaire. Quand vous braquez la Bceao et la Commission bancaire, il n'y a plus de système bancaire. Nous sommes dans tout sauf dans un pays organisé, structuré. Les auteurs de tels actes ne peuvent être qu'irresponsables.

Parce que par ces actes, ils font explorer systématiquement le système bancaire. Et on passe d'un environnement organisé, structuré dans l'inconnu, dans l'anarchie. Vous déposez de l'argent dans les banques. C'est cet argent que vous déposez dans les banques qui sert à prêter aux banques. C'est cet argent que vous déposez dans les banques qui est déposé à la Bceao. Si donc on braque la Bceao, on s'approprie l'argent des banques, votre argent. Quand vous venez à la banque pour faire un retrait, on prend l'argent où pour vous donner ? Puisque les banques ne peuvent plus aller à la Bceao pour retirer elles-mêmes leur argent pour que vous puissiez retirer le vôtre. La première conséquence du braquage de la Bceao c'est l'illiquidité du système. Mais en même temps, les déposants qui déposent l'argent que la banque peut prendre pour vous prêter ou vous donner ne déposent plus d'argent. Quand on leur dit que la Bceao a été braquée, les banques préfèrent garder l'argent par devers elles. Vous, pourquoi quand vous allez à la banque et que vous demandez un million on dit qu'on peut vous donner que 200.000F. Dans deux ou trois jours c'est 50.000 qu'on pourra vous donner. Peut-être à un moment donner il n'y aura plus rien.

Voilà les conséquences extrêmement graves. Au fil du temps, les banques n'auront plus d'argent.

Elles seront incapables de servir les clients qui, pourtant sur leur relevé, ils ont de l'argent dans leur compte. Il faut comprendre que nous sommes dans un environnement où il n'y a plus de système bancaire. Quand la Commission bancaire est braquée, lorsqu'une banque fera une faute, comment peut-on la sanctionner ? Si les banques se compromettaient en allant coopérer avec le gouvernement illégitime dans un cadre, un système qui est hors la loi la Commission bancaire aurait pu les suspendre. Donc pour empêcher qu'on les suspende, on va braquer la Commission bancaire. Le gouvernement illégitime a fait parvenir un courrier aux banques dans lequel, et je cite parce que c'est extrêmement important. " La direction nationale de la Bceao pour la Côte d'Ivoire n'étant plus liée au siège de la Bceao du point de vue de la responsabilité monétaire de l'organisation et du suivi du système bancaire ivoirien, l'interlocuteur immédiat de votre établissement est le directeur national de la Bceao ". D'abord, il y a un contresens parce que si vous n’êtes plus rattaché à la Bceao, le directeur national de la Bceao ne peut pas être votre interlocuteur. Après avoir braqué la Bceao, ils ont nommé un directeur national de la Bceao, illégitime pour faire fonctionner une administration illégitime dans des locaux qui ne leur appartiennent pas. Mieux, ils font des courriers avec le papier en-têtes de la Bceao. Nous sommes dans un autre monde. La Bceao a fait une réunion à Lomé où elle a produit un communiqué. Dans ce communiqué, le gouverneur de la Bceao dit que " Toute opération effectuée par un opérateur de crédits avec les agences illégales du gouvernement illégitime ou dans leurs locaux est réputé contrevenir aux règles régissant les activités. La Bceao à Dakar dit, si vous coopérez avec le gouvernement illégitime, vous êtes dans l'illégalité, je vous sanctionne. On a parlé de l'explosion du système bancaire régional. Il n'y a pas une banque centrale de Côte d'Ivoire pour huit pays. Les Banques centrales que nous avons dans nos pays sont des succursales des branches des agences de la Banque centrale de Dakar. Et les opérations que nous effectuons sont faites dans le système Uemoa. Donc, toute opération qui s'effectue à la banque centrale à Abidjan, affecte l'ensemble des opérations des avoirs de la Banque centrale commune. Au-delà même des pays de l'Uemoa, nous devons pouvoir faire des opérations avec des pays étrangers. Mais si vous êtes un opérateur et que vous détenez des comptes, vous étant opérateur au Mali ayant des comptes en Côte d'Ivoire, vos avoirs sont pris frauduleusement par un gouvernement, toute la zone est affectée. Il n'y a plus de principe.

Vous avez parlé du braquage de la Bceao et de la Commission bancaire. Comment on opère ces braquages ? Vous êtes le gouvernement légitime. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour éviter cette situation ?

Ils viennent avec les hommes en armes fortement équipées. On atterrit dans votre banque, on demande pour ceux les plus polis, où se trouve le bureau du Dg. Pour certains, il est important de le préciser, ils ont déjà fait des repérages de militants Lmp dans la banque pour collaborer, c'est ce qui s'est passé à la Bceao. C'est bien organisé, bien pensé. Ils connaissent les circuits, où aller, qui a les clés, qui a les papiers. Ils arrivent directement, ils les braquent et prennent ce qu'ils ont à prendre. Ils ressortent sans que la banque ait un recours pour appeler les Fds pour les protéger puisque c'est eux les Fds. C'est ceux qui sont censés vous protéger qui vous agressent.

Les banques sont sur le territoire ivoirien pour fonctionner en toute légalité. Au moment où l'on déstructure tout fondement légal, il y a possibilité d'opérer dans l'illégalité avec des armes.

Pour la seconde question, je peux vous dire que nous discutons régulièrement avec les responsables de la Banque centrale à Dakar pour voir dans quelle mesure, malgré toutes ces contraintes, il peut avoir des opportunités pour ces banques de fonctionner dans une certaine légalité. Offrir des services minimums aux clients sinon elles seraient contraintes à fermer. Nous cherchons des solutions. Nous discutons également avec les ministres des autres pays le la Bceao. Et il y a la Conférence des chefs d'Etat où on exprime des voies. Voilà un peu comment on opère. Aussi, nous sommes en étroit échange avec les banques commerciales. Pas plus tard que vendredi, vous avez dû apprendre qu'un certain nombre de directeurs des banques qui ont été appelés pour échanger avec les responsables du gouvernement illégitime ont été séquestrés par les milices. On leur a dit tant que vous ne donnez pas votre accord sur ce qu’on vous propose, personne ne sort de cette salle. Dans quel système vivons-nous, même si on dit qu'il n'y a plus d'Etat ? Mais au moins, ceux qui posent ces actes ont géré une fois un pays.

Quand on aime son pays et sa population, on pense à demain. Aller braquer une Bourse sous régionale où on cote des actions d'entreprises qui sont dans le monde entier. C'est-à-dire une seule journée sans faire de cotation c'est grave, c’est connu à New-York et dans tous les pays du monde.

A vous entendre parler, nous ne sommes pas loin de la fermeture des banques commerciales ?

C'est un sujet extrêmement délicat. La première conséquence de ce braquage est une désorganisation totale du système bancaire. Nous n'avons plus d'organe de contrôle, nous n'avons plus d'organes qui donnent des directives et des règlements. Les anciennes structures n'existent plus. En face on ne nous dit pas quel est le nouveau dispositif. Avec quelles règles on fonctionne ? Donc nous sommes dans un flou total. Chaque fois que vous faites des opérations, vous mettez les avoirs de vos clients à risque. Nous sommes dans un environnement où d'abord la banque fonctionne avec la confiance. Comment peut-on avoir confiance dans un environnement où il n'y a plus de règles, on viole tout, on va braquer les gens? C'est dire que nous sommes dans une situation de difficulté.

Il y a aussi l'illiquidité. Quand vous n'avez plus d'argent, vous faites comment ? Vous allez ouvrir les agences et attendre que les gens viennent avec des chèques pour dire qu'on ne peut pas vous payer. Or, c'est ce à quoi nous allons si nous n'y sommes pas déjà pour certaines banques parce qu'au moment où le braquage intervenait, puisque les gens n'avaient pas été prévenus, il n'y avait que la trésorerie qui avait quelques fonds. A supposer que la Banque centrale ait des ressources, mais ces ressources finissent. Elle n'a pas la capacité de fabriquer l'argent. C'est vrai, nous avons entendu parler de monnaie ici et là. C'est une histoire saugrenue. Dans la réalité, la deuxième chose, c'est la pression de la liquidité. La troisième chose, elle est factuelle. Vous voulez gérer votre banque on vient avec des kalaches dans votre bureau pour vous demander de faire ceci ou cela ou de donner tout l'argent de vos clients. Si pour lui ce risque est factuel, il est capable de dire qu'il va fermer. Je ne vais pas prendre le risque de laisser des fraudeurs prendre les ressources des Ivoiriens et les utiliser pour acheter des armes, des mercenaires pour maintenir ce climat de terreur dans lequel nous sommes depuis la fin des élections. Personne ne peut accepter cela. Donc les risques existent, il ne faut pas les négliger. Et les conséquences seraient chaotiques.

Propos recueillis par
Akwaba Saint Clair
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