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Politique Publié le samedi 19 février 2011 | Nord-Sud

Laurent Gbagbo : De l’idéal démocratique à la dictature

© Nord-Sud Par DR
Politique nationale - Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d`Ivoire
Après avoir fait rêvé la Côte d’Ivoire et l’Afrique avec son pseudo-amour pour la démocratie, Laurent Gbagbo a déçu plus d’un pour avoir inscrit son nom sur la tristement célèbre liste des dictateurs.

Laurent Gbagbo, un homme-deux visages. Ce n’est pas le titre d’un livre. Mais la représentation du cheminement politique du chef de file de la ‘’refondation’’. Dont la vie pourrait être subdivisée en deux grandes parties : la lutte pour la pluralité politique et l’assassinat de la démocratie.

Le premier secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi) a fait rêver plus d’un avec son combat pour la démocratie. La jeunesse scolaire et estudiantine, le monde syndical ont vu en lui un défenseur de la liberté d’expression et de pensée.

Le contexte favorable qu’offrait le parti unique en 1990- qui n’existait pourtant plus selon la constitution- mis en liaison avec le nouvel ordre mondial de pluralisme politique- a conféré à Laurent Gbagbo un statut de ‘’messie’’. Les jeunes, inspirés par le « Woody » traitaient Houphouet-Boigny de « voleur ». Comme le rapporte d’ailleurs l’artiste reggae, Fadal Dey, dans sa chanson Mea culpa. Dans laquelle il reconnaît que la majorité des jeunes de cette époque a fait cette injure au père de la Nation. Dans l’euphorie, Laurent Gbagbo réussit à les faire descendre dans la rue à plusieurs reprises. Dont un certain 18 février quand il initie une marche pour que la lumière soit faite sur des exactions dont avaient été victimes des étudiants à la cité universitaire de Yopougon. D’éminentes personnalités dont les professeurs Francis Wodié, Martin Bléou et Ouraga Obou y participent en qualité de membres de la société civile. C’est dire qu’ils croyaient en l’idéal de justice, de démocratie qu’incarnait ce combat. « On était prêt à tout pour lui (Gbagbo). On était comme hypnotisé par son message », se souvient un ex-inconditionnel du président sortant, étudiant à l’époque, qui a participé à la marche. « Enfant des élections, comme j’aime à le dire (…).Depuis que je suis entré en politique, je prône les valeurs de liberté, de justice sociale et d’indépendance économique véritable et je ne m’y déroberai pas. Je reste profondément attaché à ce compartiment essentiel de la vie démocratique », a réitéré le président déchu, le samedi 7 août 2010, dans son discours de commémoration de la fête de l’indépendance. Pourtant, dès 2000 quand il accède au pouvoir, Laurent Gbagbo présente le revers de la médaille.

Plus de critiques ni de marches

Le défenseur de la démocratie, de la liberté d’expression et de pensée en devient le prédateur. Tout commence avec les circonstances de son élection que lui-même a qualifiées de «conditions calamiteuses». «L’enfant des élections » a réprimé, dans le sang, une marche de militants du Rassemblement des républicains (Rdr) qui contestaient sa victoire. Le premier crime contre la démocratie venait d’avoir lieu : le démocrate a tué des marcheurs alors que lui-même en était un champion. Alassane Ouattara qui avait la direction du pays en 1990 n’a pas fait massacrer les partisans de Laurent Gbagbo ni tué celui-ci. Le « Woody » a juste reçu une fessée corrective avant d’être jeté en prison pour deux ans. Il n’y fera finalement que six mois. Laurent Gbagbo ne s’est pas arrêté là. Sous son mandat, les violations de droits de l’Homme se sont multipliées : arrestations et assassinats de journalistes- alors que le délit de presse a été dépénalisé- assassinats politiques, encore et encore des répressions de marches… Dans sa propre famille politique, l’International socialiste, Laurent Gbagbo dérange au point où en 2004, le numéro un du Parti socialiste de l’époque, François Hollande, le déclare « infréquentable ». Dans un article publié le 5 décembre 2010 Le Figaro rapporte une confidence du ministre français de l’Industrie, Eric Besson, qui a confirmé avoir qualifié le président sortant, Laurent Gbagbo, de « dictateur » il y a quelques années, alors qu’il était l’un des responsables du PS. « Il ne m’a pas semblé ni ces dernières années ni ces dernières heures qu’il ait fondamentalement changé », avait poursuivi le ministre français.

Mais la cerise sur le gâteau des actes qui consacrent le virage à 180° du combat pour la démocratie à la dictature, est le refus du résultat des urnes. Ce qui caractérise la démocratie par essence, c’est l’alternance par les urnes. C’est justement ce qui l’oppose à la dictature. Or, battu dans à l’issue de la présidentielle du 28 novembre, l’ex-chef d’Etat refuse de quitter le pouvoir. D’où la colère du Premier ministre, Guillaume Soro, qui l’a qualifié de « dictateur » et de « tricheur », lors d’une interview accordée le mardi 7 décembre 2010 au quotidien Le Parisien. « J’espère pouvoir compter sur la capacité de tous les défenseurs de la démocratie, des Africains comme de la communauté internationale, pour imposer à Gbagbo de céder le pouvoir comme hier les Etats-Unis l’ont fait avec Charles Taylor au Liberia », avait-il souhaité. De quoi se demander pourquoi le Fpi commémore le 18 février 1990.

Bamba K. Inza
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