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Politique Publié le samedi 26 février 2011 | Le Patriote

Point de vue / Lettre ouverte à Gbagbo : « Ton pouvoir n’est qu’illusion et vanité »

Vanitas Vanitatum et Omnia Vanitas. Laurent Gbagbo est un homme seul. Comme Créon. À la fin d'Antigone de Jean Anouilh, ce monarque de Thèbes faisait les frais de son entêtement à se montrer inflexible dans l'application de sa propre loi. Et Laurent Gbagbo aujourd'hui, comme Créon hier, est un homme bien seul. Vae soli !, disaient les latins - malheur à l'homme seul !

Comme Créon, Gbagbo refuse de faire marche-arrière, même s'il réalise aujourd'hui qu'il ne peut plus s'accrocher indéfiniment à un pouvoir qui lui a échappé inéluctablement, et irrémédiablement. Il a clamé tenir son pouvoir de la constitution, la loi fondamentale. Il a aussi clamé avoir prêté serment solennellement devant le Conseil Constitutionnel, dans une cérémonie qui n'avait rien à envier à celle de l'auto-couronnement de Napoléon Bonaparte. Tout ceci justifierait pourquoi il ne peut plus revenir en arrière et reconnaître avoir perdu les élections. M. Gbagbo, tu connais bien la formule : vanitas vanitatum, et omnia vanitas - vanité des vanités, et tout est vanité.

Et le pouvoir que tu exerces dorénavant n'est que pure expression de cette vanité : devant la loi internationale qui t'a dessaisi de la gestion des comptes de l'État ivoirien à la BCEAO, tu n'as pas trouvé mieux que d'user de l'ultimo ratio regum - le dernier argument des rois -, à savoir, l'usage des canons pour faire main-basse sur les coffres-forts. Tu as couplé ce braquage avec d'autres braquages perpétrés sur la BRVM, et même une micro-finance à Adjamé ! Que tu es tombé bien bas, monsieur l'ancien président reconverti en braqueur de banques, véritable Ali Baba et ses quarante voleurs d'Aké N'Gbo. Et devant la fermeture en cascade des banques commerciales que tu as paralysées avec ton braquage criminel et insensé de la BCEAO, tu n'as pas trouvé mieux que de les ''nationaliser''. Bien entendu, pour toi et les tiens, nationaliser, ça signifie saisir manu militari les locaux et les coffres-forts des banques françaises et te servir en billets de francs CFA, cette monnaie horrible qui consacre notre servage et que tu aimes tant.

Mais Laurent, tu sais bien qu'on peut user de la force au sommet de l'État de temps à autres, pour rétablir l'ordre, mais que, surtout, il faut faire sien le uti, non abuti - user, non pas abuser. En ignorant cette maxime dans ton recours à la force brutale à Abobo, tu as dressé sur ton chemin le symbole de la résistance absolue à ton pouvoir finissant. Tes soldats croient maintenant qu'ils ne peuvent pas gagner la guerre d'Abobo et leurs ennemis pensent qu'ils ne peuvent pas perdre sur cette ligne de front. Tu as bâti la légende du commandant Fongnon tant et si bien que désormais, tes soldats s'enfuiront devant la moindre brise sur la ligne de front, car Fongnon est invisible et insaisissable ! Après Abobo, beaucoup d'autres lignes de front croiront que tes soldats ne peuvent guère les défaire car le moral de tes troupes est à plat. Elles décrochent sans cesse, subissent de lourdes pertes dans leurs rangs et, surtout, elles perdent de nombreuses armes lourdes et des munitions qui servent à les tuer lors des prochaines offensives. Rien de plus démoralisant que cela. Plus personne ne voudra mourir pour te maintenir ''vigoureusement assis dans le fauteuil présidentiel'', ainsi que l'a dit ta femme fatale d'épouse.

Maintenant tes ministres font croire que les banques françaises ''nationalisées'' - selon votre définition - ouvriront demain, véritable déictique temporel qui prend ici tout son sens puisqu'il est toujours repoussé au lendemain. Mais vous ne pouvez dire la vraie vérité aux Ivoiriens, à savoir que vous ne disposez d'aucune donnée informatique vous permettant de ''nationaliser'' ces banques. En effet, les Blancs les ont désactivées depuis Paris et vous n'y pouvez rien, pas plus que vous ne trouvez aucune solution à la désactivation similaire opérée par la BCEAO à Dakar. En clair, vous ne connaissez ni l'identité des clients de ces banques, ni leur nombre exact, encore moins l'état réel de leurs comptes bancaires respectifs. Ces obstacles franchis, il vous faudra encore forcer, avec succès, les coffres-forts …

Votre vanité va jusqu'à faire croire que c'est uniquement les banques françaises qui posent problème, d'où l'accusation fanfaronne de racisme. Or, tout le monde sait que sur les 20 banques implantées en Côte d'Ivoire, 13 ont fermé leurs portes, y compris des banques totalement ou partiellement ivoiriennes, comme la Banque Atlantique, la Sib, en plus des banques africaines Ecobank, UBA, BIAO, etc. Vous ne les avez pourtant pas ''nationalisées'' ni accusées de racisme.

Koumoé Augustin, votre ministre fantoche de l'Énergie, à cor et à cri, rassurait les Ivoiriens sur la bonne marche de la Sir et l'impossibilité de rupture de stock en bonbonnes de gaz butane depuis des semaines. Depuis ce soir, c'est effectif : la SIR met la clé sous le paillasson pour une durée indéterminée. Mais ce soir encore, votre porte-parole Ahoua Don Mello continue de rassurer ses concitoyens. Il paraît que votre stock en carburant raffiné est inépuisable ! Mais vos assurances et réassurances ne rassurent plus personne justement. Elles ne sont suivies que d'un enlisement plus profond dans la crise. M. Gbagbo, vade in pace - va en paix - pendant qu'il en est encore temps.

Jusqu'ici, tu n'es qu'humilié sur les fronts diplomatique, économique, financier, militaire et social, ce qui est très peu de chose. Mais bientôt tu te rendras compte que si vulnerant omnes, ultima necat - toutes blessent, la dernière tue. Tes deux ports sont quasiment fermés, plus aucun navire ne transporte les médicaments en direction de la Côte d'Ivoire. Les pharmacies se vident, les stocks seront épuisés d'ici un mois au maximum. Il n'y aura plus de carburant pour personne dans ce pays. Ton armée t'aura majoritairement lâché d'ici là. Si tu ne saisis pas cette dernière chance de t'incliner dans la paix, tu t'entendras bientôt dire, vade retro, Satana - retire-toi, Satan.

Dr Famahan SAMAKÉ
Ph D Royaume Uni
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