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Politique Publié le samedi 26 février 2011 | Ministères

Comité spécial des Opérations de Maintien de la Paix: Déclaration du représentant permanent de la République de Côte d’Ivoire auprès des nations unies, l’Ambassadeur Youssoufou Bamba

© Ministères Par DR
Nations unies : SEM Youssouf Bamba, le nouvel ambassadeur de la Côte d`Ivoire a remis ses lettres de créances à Ban Ki Moon
The new Ivory Coast Ambassador to the United Nations, Youssoufou Bamba, speaks to the media December 29, 2010 at UN headquarters in New York. Bamba represents the government of president-elect Alassane Ouattara.
Session de fond 2011 Comité spécial des Opérations de Maintien de la Paix
Seul le texte prononcé fait foi

New York, le 22 février 2011 - Madame la Présidente,

M’exprimant pour la première fois devant cette assemblée, depuis ma nomination par le Président de la République de Côte d’ Ivoire SE. Monsieur Alassane OUATTARA, je voudrais au nom de la délégation que je conduis vous dire ma satisfaction de vous voir présider cette importante réunion qui nous permet d’aborder l’un des sujets les plus importants de ce début de 21ème Siècle : les opérations de maintien et de consolidation de la Paix dans les différentes régions du monde où les situations de crise mettent en danger la paix et la sécurité internationales. Ma délégation souhaite vous assurer de sa pleine et entière collaboration et reste convaincue que sous votre « leadership », nos travaux seront couronnés de succès.

Ma délégation adresse ses sincères félicitations à Monsieur le Secrétaire Général SE. Monsieur BAN KI MOON pour son engagement remarquable dans la recherche de la paix et la sécurité dans le monde et surtout pour les efforts que les Nations Unies ne cessent de déployer dans la résolution de la crise ivoirienne.

Bénéficiaire de la présence en Côte d’ivoire, à la demande du gouvernement d’alors, depuis 2003 d’une mission de paix des nations unies, la MINUCI, transformée en 2004 en mission multidimensionnelle d’opération de maintien de la paix, l’ONUCI, ma délégation tient également à remercier particulièrement Monsieur ALAIN LE ROY, Secrétaire Général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, ainsi que tous ses collaborateurs pour leur professionnalisme et leur dévouement impressionnant, particulièrement Monsieur Y J CHOI, Représentant Spécial du Secrétaire Général en Côte d’ivoire. Nous étendons ces remerciements également à l’endroit de Madame SUSANA MALCORRA, Chef du Département de l’appui aux missions, et ses collaborateurs pour la qualité du travail accompli dans le cadre de la gestion des délicates opérations de maintien de la paix à travers le monde en général, et en Côte d’ivoire en particulier.

Ma délégation souscrit bien évidemment à la déclaration faite par le Maroc au non des pays non-alignés.

Madame la Présidente,
Depuis mai 1948, date de la 1ère mission de paix au moyen-orient, les opérations de maintien de la paix sont devenues une préoccupation constante pour la communauté internationale dans sa recherche de la paix et de la sécurité collective. En effet, le monde s’est retrouvé en proie à des crises et des conflits dans toutes les régions du monde, et qui sont passées de différends inter-étatiques à des crises de nature intra-étatique au fil des décennies. Les missions des opérations de maintien de la paix ont évolué de façon significative. Les missions traditionnelles d’observation de cessez-le-feu ont laissé place aux opérations contemporaines de maintien de paix dites multidimensionnelles, intégrant des effectifs plus importants et plus diversifiés, en même temps que des mandats plus complexes. Leurs objectifs embrassent un large éventail de responsabilités touchant respectivement à la prévention des conflits, au rétablissement de la paix, au maintien de la paix, à l’imposition de la paix, et à la consolidation de la paix. Leurs objectifs visent également à restaurer l’ordre public et la sécurité, à permettre l’acheminement de l’assistance humanitaire, à protéger et promouvoir les droits de l’homme, en mettant l’accent sur la protection des civils en situation de danger, la protection des femmes et des enfants, tout en prenant en compte particulièrement la situation des enfants soldats, à appuyer le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, à accompagner et faciliter le processus électoral, à assister à la reforme des secteurs de la sécurité et de la justice, à appuyer la restauration de l’administration et du secteur économique, et à aider au rétablissement de l’état de droit.

Le Secrétaire général des Nations Unies BAN KI-MOON, abordant la question du maintien de la paix en juin 2010, estimait que si la paix était difficile à établir, il n’en demeurait pas moins que la présence d’une mission de la paix la rendait plus probable, et par conséquent, la réussite d’une telle entreprise devait être «une responsabilité partagée» entre des Etats membres. C’est donc en s’inscrivant dans une telle logique que mon pays participe activement à plusieurs opérations de maintien de la paix, notamment par le déploiement d’officiers de police et de gendarmerie au sein de la MINUSTAH, la MONUSCO, et la MINUAD.

Madame la Présidente,
Les opérations de maintien de la paix des nations unies s’avèrent aujourd’hui comme un outil irremplaçable qui apporte aux populations en situation de conflits armés une relative sécurité et un soutien essentiel à maints égards.

On dénombre à ce jour 16 opérations de maintien de la paix, nécessitant près de 123.000 personnels militaires, policiers et civils, déployés sur quatre continents. Cependant, ma délégation reconnait que les Missions de paix des Nations Unies se doivent d’évoluer au double niveau conceptuel et opérationnel à la lumière des nouvelles dimensions observées lors des récentes crises. Ma délégation est donc favorable à la mise en place d’une politique visant à renforcer l’efficacité des Opérations de Maintien de la Paix des Nations Unies, par une collaboration effective entre les Missions de maintien de la Paix et les autres organisations régionales et internationales, notamment la Communauté économique des états d’afrique de l’ouest, (CEDEAO) organisation régionale dont mon pays est membre, et qui est naturellement fortement impliquée dans la résolution de la crise que traverse mon pays depuis le 28 novembre 2010.

Madame la Présidente,
La situation en Côte d’ivoire continue en effet de constituer une sérieuse menace à la paix et à la sécurité internationales dans la région ouest africaine du fait du refus obstiné de Mr Gbagbo de céder le pouvoir qu’il a perdu par les urnes ;

Que constatons-nous ?

- La démocratie est bafouée,
- Les violations des droits de l’homme sont légion,
- Les medias d’état contrôlés par le camp de Mr Gbagbo propagent jour et nuit des messages de haine incitant à la violence contre les partisans du Président de la République et contre les soldats et le personnel de l’opération des nations unies en Côte d’ivoire (onuci),
- Le Gouvernement légitime est l’objet d’un blocus intolérable,
- Les soldats de la paix de l’onuci sont la cible d’attaques par des foules instrumentalisées par les affirmations mensongères distillées par la propagande du camp de Mr Gbagbo,
- Les patrouilles de l’onuci sont de plus en plus empêchées d’effectuer leur mission de protections des populations civiles ;
- L’entité illégale aux ordres de Mr Gbagbo continue de défier impunément la communauté internationale.

Bref, les ivoiriens vivent sous un régime de terreur imposé par le camp de Mr Gbagbo.

Depuis le début de cette crise post-électorale, on dénombre plus de 500 morts, notamment des manifestants aux mains nues pris pour cibles par les forces militaires de Mr Gbagbo armés de lance roquettes ; les images des corps des victimes déchiquetées sont disponibles sur internet ; l’existence de six charniers dont l’accès reste interdit à la division des droits de l’homme de l’onuci ; 50.000 réfugiés ivoiriens partis vers des pays voisins ; 30.000 personnes déplacées, dont des femmes enceintes, des jeunes mères et des enfants en âge d’aller à l’école.

Malgré les médiations, les pressions, les sanctions, Mr Gbagbo refuse toute coopération en vue d’une transition pacifique du pouvoir.

Madame la Présidente,
Le gouvernement du Président OUATTARA déplore ces faits qui n’honorent certainement pas la Côte d’ Ivoire. Il condamne dans les termes les plus forts ces agissements, et exhorte l’ONUCI ainsi que son personnel à poursuivre sa mission et à ne pas se laisser intimider. Le gouvernement légitime de la côte d’ivoire invite les Nations Unies à tout mettre en œuvre pour accomplir sa mission de protection des populations ivoiriennes en bute à cette dictature. On le voit, ces faits d’une extrême gravité touchent une question essentielle objet de nos discussions sur les objectifs des missions onusiennes de paix : la protection des populations civiles et des soldats de la paix ainsi que la nécessaire définition aussi précise que possible du mandat des missions de paix.

En effet, il est indéniable que la protection des civils en situation de conflits armés demeure au coeur même des opérations de maintien de la paix et nécessite l’adoption de dispositions concrètes et effectives. Le climat qui prévaut en Côte d’Ivoire, illustre de façon saisissante l’impérieuse nécessité pour la communauté internationale de s’unir pour adopter des mesures urgentes et effectives qui font prévaloir la légitimité et le droit international. C’est le lieu de mettre l’accent sur l’actualité du préambule de la charte des nations unies qui vise à « préserver les générations futures du fléau de la guerre », et de rappeler aux membres du conseil de sécurité des nations unies, surtout les membres permanents, leur responsabilité statutaire de protéger et promouvoir la paix et la sécurité internationale, notamment en fondant leur décision sur le respect de la volonté des peuples.

Notre sentiment est que le défi le plus stratégique à long terme consiste à déterminer comment décourager efficacement les attaques contre les populations civiles. Des progrès peuvent être accomplis en réagissant avec fermeté pour arrêter et sanctionner les auteurs de telles atrocités ; en imposant des contraintes légales et normatives internationales plus strictes pour freiner les comportements hostiles aux civils, notamment en actionnant la Cour Pénale Internationale.

Ce faisant, il nous faudra concevoir des systèmes efficaces de collecte et d’analyse d’informations pour détecter les schémas d’atrocités, élaborer des stratégies et des approches opérationnelles axées sur la protection contre les violences physiques et enfin fournir aux acteurs de maintien de la paix des ressources nécessaires pour entreprendre des tâches opérationnelles et tactiques cruciales

A cet égard, l’une des mesures à considérer est d’accroître le nombre ainsi que les moyens matériels des soldats de maintien de la paix à déployer. Cela permettrait de dissuader les attaques contre les soldats de la paix, comme nous l’observons en Côte d’Ivoire. A cet égard, les résolutions 1967 et 1968 adoptée en 2011 par le conseil de sécurité qui autorisent l’accroissement du contingent de l’ONUCI de 2000 soldats supplémentaires, ainsi que la fourniture à l’ONUCI de deux hélicoptères de transport et trois hélicoptères d’attaque, constituent une réponse robuste à la défiance continue de Mr Gbagbo face à la communauté internationale. Ma délégation voudrait à cette occasion exprimer sa gratitude à l’endroit de l’Ukraine dont le parlement a autorisé la mise à la disposition de l’ONUCI des trois hélicoptères d’attaque, ainsi qu’à tous les membres du conseil de sécurité qui ont adopté ces résolutions à l’unanimité, sans oublier tous les Etats membres contributeurs de troupes militaires et de police dans le cadre de l’ONUCI.

Madame la Présidente,

Les violences faites aux civils et les attaques délibérément ciblées contre les soldats de maintien de la paix ne doivent plus être tolérées. C’est pourquoi ma délégation souhaite, en l’espèce, que la Résolution 1265 du Conseil de sécurité, qui cite des mesures possibles à adopter en situations de conflit armé dans lesquelles des civils sont pris pour cible ou dans lesquelles l’acheminement de l’assistance humanitaire destinée aux civils est délibérément entravé, puisse à être mise en œuvre sans délai. Enfin, il nous apparaît parfaitement indiqué que la réflexion qui a débuté en 2009 à l’Assemblée générale des Nations unies sur la responsabilité de protéger puisse se poursuivre et aboutir rapidement sur des décisions de mise en œuvre pratique et effective.

Je vous remercie.

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