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Politique Publié le jeudi 10 mars 2011 | AFP

L`Afrique du Sud applique sa diplomatie du compromis à la Côte d`Ivoire

L`Afrique du Sud, qui ambitionne d`être le faiseur de paix incontournable du continent africain, pousse une fois de plus en Côte d`Ivoire pour un gouvernement d`union, quitte à ménager le président sortant Laurent Gbagbo à contre-courant de la communauté internationale.
"Sa position est d`éviter de s`aliéner chacune des deux parties", estime
l`analyste indépendant Laurence Caromba, alors que le président Jacob Zuma
participe à Addis Abeba à une réunion du panel de l`Union africaine (UA),
chargé de trouver une sortie de crise à Abidjan.
"L`Afrique du Sud considère que son rôle est de servir de médiateur en
Afrique et est convaincue que la solution aux conflits est le partage du
pouvoir", comme elle l`a obtenu au Zimbabwe, ajoute le spécialiste basé à
Pretoria.
Cette vision s`est exprimée dès le début de la crise en Côte d`Ivoire, née
du scrutin contesté du 28 novembre. Alors que la communauté internationale et
l`UA reconnaissait la victoire de Alassane Ouattara, Pretoria s`est muré dans
le silence.
Ce n`est que le 8 décembre que l`Afrique du Sud a "pris note" dans un
communiqué des appels de l`UA à la démission de Laurent Gbagbo.
Dès le 21 janvier, Jacob Zuma plaidait pour une nouvelle approche: "Nous
devons faire quelque chose d`autre que de demander à l`un des deux chefs de
partir", lançait-il.
Un mois plus tard, le président sud-africain négocie à Abidjan avec
d`autres chefs d`Etat mandatés par l`UA, quand M. Ebrahim Ebrahim, son
ministre adjoint des Affaires étrangères révèle à l`AFP que le panel va
proposer la mise en place d`un gouvernement d`union.
Pour "éviter que le pays ne bascule dans un nouveau conflit", l`alternative
pourrait être "un partage du pouvoir" entre MM. Gbagbo et Ouattara: "l`un
pourrait être président et l`autre vice-président pendant deux ans et ensuite
ils alterneraient", suggère Ebrahim.
Sur place, Jacob Zuma se fait bousculer par des partisans de Ouattara.
Faisant fi des critiques, sa chef de la diplomatie, Maite Nkoana-Mashabane,
a encore défendu jeudi cette approche pragmatique. "Quand la communauté
internationale a soutenu Ouattara, cela n`a pas apporté la paix. Ni
d`avancée", a-t-elle affirmé.
Cette posture rappelle celle adoptée au Zimbabwe, où Pretoria a toujours
refusé de critiquer ouvertement le président Robert Mugabe malgré des
violations des droits de l`Homme flagrantes et fait naître au forceps un
gouvernement d`union.
Logique sous-jacente: le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), qui a
négocié avec les maîtres de l`apartheid pour obtenir la chute du régime
raciste, est convaincu que le dialogue est toujours possible et préférable à
l`usage de la force.
"Si vous voulez obtenir un résultat pendant des négociations, vous parlez
aux gens, vous ne leur hurlez pas dessus", avait coutume de dire l`ancien
président sud-africain Thabo Mbeki (1999-2008) pour justifier sa "diplomatie
discrète" au Zimbabwe.
Pour la même raison, l`Afrique du Sud a refusé dans le passé de soutenir
des résolutions de l`Onu contre les régimes birman et iranien, ce qui lui a
valu d`être sévèrement tancée par les associations de défense des droits de
l`Homme. "La force de cette approche, c`est qu`elle prend la réalité du
terrain en compte: à savoir, en Côte d`Ivoire, que Gbagbo a des armes",
souligne Laurence Caromba. "Il ne partira qu`après un bain de sang ou un
compromis."
"Mais le risque est de créer un précédent qui pourrait entraîner de
nouvelles crises sur le continent, poursuit-il. Cela pourrait donner un
prétexte pour s`accrocher au pouvoir aux chefs d`Etat qui perdent une
élection."
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