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Politique Publié le mardi 15 mars 2011 | Le Temps

Bro Grébé (pdte des Femmes patriotes) :«Aucune armée ne peut venir à bout d’un peuple déterminé»

© Le Temps Par Prisca
Pré campagne électorale du candidat du FPI : 10.000 femmes apportent leur soutien au président Laurent Gbagbo
Samedi 11 septembre 2010. Abidjan, Treichville. Palais de la culture Bernard B. Dadié. Photo: Mme Bro Grébé
Les tueries et les assassinats du Rhdp et des soldats onusiens, le sit-in des Ivoiriennes devant le cantonnement de l’Onuci à la Riviera III, les agissements colonialistes de Sarkozy, le résultat du panel des chefs d’Etats de l’Ua… C’est de tous ces sujets que parle, dans cet entretien, Mme Géneviève Bro, la présidente de la Coordination des Femmes patriotes de Côte d’Ivoire.

Quel était votre objectif en initiant un sit-in du 28 février au 6 mars dernier, devant le cantonnement de l’Onuci, à la Riviera 3 ?

Nous l’avons fait parce que le Gouvernement ivoirien a demandé le départ de l’Onuci de la Côte d’Ivoire. Et comme elle refuse d’obtempérer, nous, les Femmes ivoiriennes, nous avons fait ce sit-in pour amplifier le message de notre Gouvernement. Et aussi pour prier pour les soldats de l’Onuci pour que le Seigneur incline leur cœur vers la justice et la vérité. Parce que nous estimons que l’Onuci a pris faits et causes pour le mensonge, d’Alassane Dramane Ouattara et ses rebelles.

Que retenez-vous, en termes de bilan, après cette action ?
Au niveau de la mobilisation notre objectif a été atteint parce que nous avons mobilisé des milliers de femmes par jour. Au niveau spirituel, notre objectif a été aussi atteint parce que nous avons appelé le Seigneur au secours. Nous devrions faire 6 jours. Mais les femmes m’ont dit : «Mme la ministre, c’est le 7e jour que le mur de Jéricho, dans la bible, s’est effondré». Et effectivement, le 7e jour, après des prières intenses, le portail de l’Onuci est tombé. C’était un accident.

Comment l’interprétez-vous ?
C’est le signe que nos prières ont porté parce que nous sommes restées 7 jours et le portail s’est écroulé. Un soldat onusien, au volant d’un véhicule, a heurté cet énorme portail qui est tombé à notre 7e et dernier jour de présence permanente. Et pourtant, il n’y avait jamais eu ce genre d’accident dans leur camp. C’est en cela que nous disons que nous aurons la victoire finale.

Vos prières ont été entendues en quelque sorte par Dieu… (Elle coupe et sourit).
Ah oui ! Je dis qu’elles ont été entendues également par l’Onuci. Parce qu’il y a des soldats qui sont venus nous voir pour nous demander de prier pour eux. Il y a un soldat nigérien qui était venu faire le rosaire avec nous. Il y a eu également un Togolais, je pense, qui était venu pour nous dire de prier pour lui parce qu’il va certainement partir. Ils pensent que leurs gouvernements respectifs vont bientôt les rappeler. C’est en cela que nous disons que nous avons atteint nos objectifs au niveau de la mobilisation et au niveau spirituel.

Pensez-vous que ces soldats onusiens ont des remords ?

Oui, je sais qu’ils ont des remords. Le deuxième jour du sit-in, ceux de l’Afrique de l’Ouest ont foncé sur nous avec un véhicule de type 4 x 4. Au troisième jour, les mêmes ont eu le culot de verser de l’eau chaude sur des femmes aux mains nues. Ils les ont en plus bastonnées et blessées. Et le quatrième jour, le chef du contingent, un Jordanien, est venu vers nous et nous a rassurées en nous disant que nous pouvions rester poursuivre notre mouvement tant que c’est pacifique.
Comment expliquez-vous ces actes de violence de ces soldats ouest-africains ?
C’est de la bêtise. Nous sommes dans l’absurdité en Côte d’Ivoire depuis un certain temps. Ils ne font que se comporter selon les déclarations de leurs Présidents respectifs. Quand on prend le Nigérian Goodluck Jonathan, c’est lui qui veut faire la guerre à la Côte d’Ivoire à travers l’Ecomog. Aboulaye Wade lui, ne réclame que la tête de Gbagbo Laurent. C’est vous dire que ce sont des contingents qui agissent selon le bon vouloir de leurs Présidents.

Que feriez-vous Mme la ministre, si après toutes ces actions l’Onuci ne veut pas partir ?
Si elle refuse de partir, nous lui montrerons qu’elle est désormais indésirable en Côte d’Ivoire. (Elle hausse le ton). Il y a plusieurs manières de leur démontrer cela. Dans d’autres pays, nous savons comment l’on a agis pour faire partir l’Onu de force. Elle finira par plier bagage. Parce que nous sommes dans notre pays.

Que feriez-vous concrètement au niveau de la Coordination des femmes ?
Nous continuerons de nous mobiliser pacifiquement. Et il y a des stratégies (elle sourit) que je ne vous dévoilerai pas maintenant. Mais nous allons tenir toujours la mobilisation pour demander à l’Onuci de partir de quelque manière que ce soit.

Il y a de plus en plus une idée qui commence à gagner la galaxie patriotique. On dit que l’heure n’est plus aux meetings mais plutôt aux actions concrètes. Qu’en pensez-vous ?
Je suis d’accord avec cette nouvelle vision. Parce que nous n’allons plus rester les bras croisés et regarder l’Onuci et les rebelles nous massacrer. A Abobo, à Anonkoi-Kouté, hier (le mercredi 9 mars dernier, ndlr) c’était Santé, localité située à l’entrée de Bingerville, qui en a fait les frais. C’est tous les jours qu’on égorge d’innocents Ivoiriens. Nous n’allons donc pas rester les bras croisés. Je demande à toutes les femmes, à tous les jeunes, à tous les villages de s’organiser pour riposter. On ne va plus attendre qu’on vienne nous massacrer.

Ne pensez-vous pas que les Ivoiriens ont été trop tendres avec l’Onuci et les rebelles ?
Quand nous sommes tendres, on nous dit que nous avons des discours de va-t-en-guerre. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est inédit. C’est un complot international. Il faudrait que les Ivoiriens le comprennent. La France veut recoloniser la Côte d’Ivoire. Et elle se fait aider en cela par l’Union européenne, par l’Onu, par les Etats-Unis, l’Angleterre et bien d’autres pays africains comme le Burkina Faso de Blaise Compaoré, du Sénégal de Wade, du Nigeria de Goodluck… (Elle hausse le ton). Depuis quand un contentieux électoral a abouti à la fermeture des banques, à l’embargo sur les médicaments. Ils vont jusqu’à mettre un blocus maritime. On refuse l’exportation du cacao. On ne peut faire cela qu’aux Noirs. C’est pour cela que je dis qu’il est temps que les Ivoiriens se ressaisissent. Ceux du Rhdp, doivent surtout comprendre que nous ne sommes pas face à un problème Ouattara-Gbagbo. Ce problème dépasse notre petite personne. Ce n’est pas la première fois qu’il y a eu un contentieux électoral dans le monde. La grande Amérique a fait face à un contentieux électoral ; et on s’est assis, en homme civilisé, pour recompter les voix. Et puis, il y a quelqu’un qui a gagné. Pourquoi, diantre, chez nous on passe par toutes ces sanctions : interdiction d’aller en Europe, fermeture des banques, interdiction de l’exportation du cacao… Les Ivoiriens doivent savoir que celui par qui ce scandale est arrivé ne les aime pas, n’aime la Côte d’Ivoire.

Que doit faire le Rhdp dans pareille situation ?
Nos frères se réclamant du Rhdp doivent se désolidariser du Rdr qui est un parti violent. (Elle hausse encore le ton). Qui a l’habitude d’égorger, d’incendier des êtres humains comme des bêtes sauvages. Il faut que le Pdci se désolidarise de ce qui se passe. On ne peut pas accepter que les gens meurent dans l’indifférence tous les jours. C’est ignoble !

Que pensez-vous du fait qu’Ali Coulibaly, un proche d’Alassane Ouattara, dit à qui veut l’entendre que c’est le président Gbagbo qui est l’auteur de toutes les tueries ?
C’est tout ce qu’Ali Coulibaly peut dire. Mais pourquoi depuis 1990 ont-ils imposé Alassane Dramane Ouattara à la Côte d’Ivoire ? Ils (les Français) n’ont pas pu tuer le président Félix Houphouët-Boigny. Maintenant on se pose même des questions puisqu’il était parti en France bien portant. Qu’est-ce qui prouve que ce n’est pas eux qui l’ont tué en vue de positionner Alassane ? Pourquoi l’ont-ils imposé depuis 1990 ? Et depuis, nous n’avons plus la paix en Côte d’Ivoire. Ali Coulibaly doit se poser des questions. Pourquoi la France s’offusque-t-elle tant quand le président Gbagbo fait des appels d’offres pour le cacao, le café et les marchés publics ? Pourquoi s’offusque-t-elle lorsque Gbagbo Laurent va en Chine ? Pourquoi s’offusque-t-elle lorsque Gbagbo travaille avec la Russie si elle n’a pas de velléités d’impérialisme et de néocolonialisme ? Pourquoi elle ne nous laisse pas tranquille ? Pourquoi c’est Nicolas Sarkozy qui, depuis l’Inde, reconnaît Alassane Dramane Ouattara comme président du soi-disant résultat provisoire ? Ce ne sont pas, en effet, des résultats provisoires puisqu’en réalité, la Commission électorale indépendante (Cei) n’avait pas donné de résultat. C’est après le kidnapping du président de la Cei qu’on est allé donner ces fameux résultats au Golf Hôtel. Qu’Ali Coulibaly se pose des questions et surtout qu’il nous donne des preuves de leur prétendue victoire. Parce que nous, nous le démontrons avec des preuves à l’appui. Eux, ils se contentent de dire que leur mentor a gagné. Et ils disent que c’est Gbagbo qui crée le désordre en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas le président Laurent Gbagbo qui a fait la guerre en 2002. Ce n’est pas Gbagbo qui a fait le coup d’Etat le 24 décembre 1999. Ce n’est pas Gbagbo qui est en train de faire la guerre aux Ivoiriens, en ce moment. Est-ce que c’est Gbagbo qui est allé égorger et brûler les populations d’Anonkoua-Kouté récemment ? Ce n’est pas Gbagbo Laurent qui a attaqué le centre émetteur à Abobo, qui a incendié des maisons et brulé des êtres humains.

Que pensez-vous des prétendues 6 femmes tuées lors de ce qu’ils appellent marche pacifique ?
Les partisans du Rdr sont des comédiens. On n’a tué personne à Abobo. Et puis, au cours de cette marche dite pacifique, vous avez dû le voir, il y avait des marcheurs qui portaient des lance-roquettes, des kalachnikovs. On ne fait pas une marche pacifique avec des armes. Et vous avez dû voir que, par extraordinaire, l’une des femmes qui a avait été… tuée, était ressuscitée après le tournage du film. Elle s’est même levée trop tôt et nous avons bien entendu quand on lui disait en Malinké, qu’elle devait rester encore couchée. Ça veut dire que Dieu existe. Je crois que les Ivoiriens qui ne croient pas en Dieu vont maintenant se raviser et se dire qu’il existe et est bien vivant en Côte d’Ivoire.
Qu’allez-vous faire maintenant que le panel des chefs d’Etat s’est fourvoyé lors de la 265e réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Ua ?

Je voudrais dire que c’est une décision stupide qui prend en compte les desiderata de Nicolas Sarkozy et des Occidentaux. Nous savons qu’ils ont subi des pressions énormes de la part de la France et des Etats-Unis. C’est vous dire que certains présidents africains ne sont pas libres. On voit aussi que ce sont les Occidentaux qui financent l’Union africaine. Et comme on le dit, la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. Une fois de plus, certains présidents africains sont restés enfants. On les infantilise parce qu’ils veulent se faire infantiliser. Je suis certaine, néanmoins, qu’en Afrique, il y a encore de sages capables de dire la vérité. Mais beaucoup ont peur de se prononcer publiquement en craignant de subir la punition de la France. Dans ce lot, je fais allusion à Yayi Boni du Bénin. La France lui a déjà mis un autre Alassane Dramane Ouattara dans les pattes, Amadou Toumani Touré du Mali qui a des élections très prochainement, etc. Ils n’osent pas s’exprimer et dire la vérité. Ils auraient dû taper du poing sur la table quand la Cedeao avait voulu que l’Ecomog vienne nous tuer. Mais ils ont laissé faire. Aujourd’hui, nous avons certes des problèmes, mais tous les pays de la sous-région les ressentent plus que nous les Ivoiriens. J’ai même lu dans la presse que la Cedeao, en une semaine, a perdu 113 milliards de F cfa. Et ça va continuer ainsi et ils comprendront qu’ils ont eu tort de se comporter de la sorte. Ils comprendront que la reconnaissance est importante et qu’il ne faut pas faire du mal à celui qui t’a fait du bien. Ce sont tous des gens que nous avons traînés comme des boulets aux pieds. On aurait pu, depuis longtemps, battre monnaie. (Elle durcit le ton). Parce que nous en avons les capacités économiques, financières, intellectuelles etc. Par solidarité, nous ne l’avons pas fait. Et aujourd’hui, il nous paye en monnaie de singe. Nous savons que nous sommes dans la vérité. D’où notre sérénité. Et Dieu interviendra en Côte d’Ivoire pour montrer Sa Gloire.
Comment expliquez-vous le fait que le président de la Tanzanie fasse volte-face au dernier moment pour suivre Blaise Compaoré et les autres ?

Le président tanzanien, pendant qu’on l’attendait le 4 mars 2011 à Nouakchott, était à Paris sur invitation pressante de Sarkozy. Et là-bas, il a dû lui donner des bonbons pour qu’il puisse changer de position. Son attitude ne nous étonne pas. J’ai toujours dit dans mes interventions que la Côte d’Ivoire sera ce que les Ivoiriens veulent qu’elle soit. Je n’attendais pas grand’ chose du panel parce que je savais qu’il y avait des pressions. Ce dont je suis sûr, c’est la détermination du peuple de Côte d’Ivoire. Pour notre part, nous allons continuer de nous mobiliser jusqu’à la victoire totale.
Ne craignez-vous pas pour votre vie, Mme la ministre, pour tout ce que vous faites ?
Je suis un leader d’opinion. Je ne dois donc pas transmettre la peur à mes collaboratrices. Je n’ai pas peur parce que je crois en Dieu. Et Dieu est Vérité et Amour. Et nous, dans le camp présidentiel, nous sommes dans la vérité. Je pense que Dieu va intervenir. Humainement parlant, je pense que nous avons fait tout ce qu’il y avait à faire. Dieu va donc intervenir pour que Sa Gloire éclate. Vous verrez que les choses vont bien se passer en Côte d’Ivoire. Ceux qui sont dans le mensonge, l’apprendront à leurs dépens.

Le premier jour de votre sit-in, le 28 février 2011, on vous a vue parler nez à nez à un furieux soldat nigérien de l’Onuci. Vous aviez même tapé, amicalement, dans sa poitrine, sur son gilet pare-balles. Vous lui avez même dit : «C’est moi la ministre Géneviève Bro Grébé, si vous voulez, tuez-moi et mes camarades…». D’où tirez-vous votre détermination et votre courage ?

(Elle rit). Certes, ce soldat onusien portait un gilet pare-balles, mais par ce geste, je touchais son cœur pour qu’il change positivement. Je lui disais que nous étions là pour prier pour eux, pour que Dieu apaise leurs cœurs. Ce n’était pas méchant, mais il était très furieux et arrogant. Je n’ai pas peur des soldats de l’Onuci et il faut leur montrer que nous sommes déterminées. Après la bastonnade, ils ne s’attendaient pas à nous le lendemain. C’est pourquoi, quand ils nous ont revues encore plus nombreuses, ils sont sortis pour nous accueillir.

Interview réalisée par Eugène Djabia & Guéi Brence
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