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Politique Publié le mardi 15 mars 2011 | Le Temps

Achat du café et du cacao par l’Etat/ Dr. Coulibaly Issa Malick (ministre de l’Agriculture) : «Cette mesure ne remet pas en cause les réformes en cours dans la filière»

© Le Temps Par Prisca
Front populaire ivoirien (FPI) : Dr. Coulibaly Issa Malick, directeur national de campagne (DNC) du candidat Laurent Gbagbo
Dans cet entretien, Dr Coulibaly Issa Malick fait des précisions sur l’ordonnance prise par le président de la République, Laurent Gbagbo pour le contrôle de la Filière Café-Cacao.

Monsieur le ministre, comment expliquez-vous la reprise de la commercialisation du cacao par l’Etat de Côte d’Ivoire ?

Le 6 mars 2011, le président de la République, Laurent Gbagbo a pris une ordonnance portant organisation de la commercialisation intérieure et extérieure du café-cacao en Côte d’Ivoire. Cette ordonnance a été prise parce que nous sommes sous embargo de l’Union européenne depuis le 24 janvier de cette année. Nous avons constaté que le maillon faible de la chaîne, les paysans, souffrent énormément. Nous avons 800.000 planteurs qui font vivre à peu près 8 millions de personnes et nous avons d’autres opérateurs dans le secteur. Ce qui fait que cette mesure gêne environ 10 millions de personnes, c’est-à-dire la moitié de la population ivoirienne. Et ces populations ne peuvent plus se soigner convenablement. Elles ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école convenablement. Elles ne peuvent plus, vivre de façon décente. Vous savez que la campagne café-cacao est l’occasion concrète de lutter contre la pauvreté. Et cette mesure d’embargo de l’Union européenne a mis fin à tout cela et a semé la misère au sein de nos populations. C’est pour aider donc ces producteurs que le président de la République, Laurent Gbagbo a pris cette mesure. Qui, en fait, a deux volets essentiels. Le premier concerne la commercialisation interne du café et du cacao. Jusqu’à maintenant, cette commercialisation interne ne concernait pas les agréments que l’Etat donne aux exportateurs. Ce sont eux-mêmes, les exportateurs qui vont dans nos villages et campements pour acheter le cacao bord champ. Ce sont également ces mêmes qui exportent le café et le cacao. Vous savez que la Côte d’Ivoire produit 40 % du cacao mondial et le prix du kilogramme est fixé à 1100 Fcfa. Malheureusement, à cause de ces exportateurs, les prix achetés aux paysans sont dérisoires. Cela crée une misère totale au niveau de ces braves paysans. Cela est choquant. Les paysans eux-mêmes l’ont manifesté à plusieurs reprises. Ils sont allés exprimer leur ras-le-bol devant la représentation de l’Union européenne à Abidjan en brûlant une partie de leurs récoltes et remis une motion au délégué de l’Ue. Malheureusement, tout cela est resté sans effet. C’est la raison principale qui a guidé le président de la République, Laurent Gbagbo à prendre cette ordonnance pour protéger les paysans. La deuxième raison concerne l’Etat lui-même qui a une bonne partie des ressources budgétaires basées sur les recettes et perçues à l’occasion de la commercialisation et ne le sont plus depuis que l’embargo a été décidé par l’Union européenne.

L’Etat ne s’est pas arrêté au niveau de la commercialisation interne. Il entend faire également de l’exportation.

L’Etat n’était pas dans l’exportation. Il le fera maintenant. Je dois préciser que tous les autres opérateurs sur le terrain, ceux qui ne le sont pas ou ceux intéressés par l’exportation sont les bienvenus. L’option libérale n’est pas du tout remise en cause. Ceux qui souhaitent exporter du cacao de Côte d’Ivoire peuvent toujours le faire. Les opérateurs actuels peuvent toujours le faire. Et ceux qui seront intéressés peuvent toujours le faire. C’est extrêmement important à comprendre. La seule chose nouvelle, c’est qu’avant, il n’y avait qu’eux. Maintenant, l’Etat s’ajoute pour une part de la production nationale.

Les exportateurs et d’autres Etats, notamment l’Union européenne et les Usa parlent d’une supposée spoliation ou même de vol des produits destinés à l’exportation. Qu’en est-il exactement ?
Les exportateurs ont des stocks qui sont estimés à peu près à 400.000 tonnes qu’ils n’exportent pas à cause de l’embargo pris par l’Union européenne. Ces stocks sont dans leurs magasins, qui sont leur propriété. Et ces nouvelles mesures ne concernent pas du tout ces stocks. Leurs stocks n’ont pas été spoliés. Ils n’ont pas été réquisitionnés comme leurs Etats veulent le faire croire. Ces stocks sont toujours leurs propriétés. Ces entreprises de par l’agrément que l’Etat de Côte d’Ivoire leur a donné, ont jusqu’au 31 mars 2011 pour liquider leurs achats qui sont dans leurs magasins afin de respecter leurs engagements vis-à-vis de l’Etat de Côte d’Ivoire. Ces engagements sont tout simplement le paiement de leurs taxes, la parafiscalité, le Droit unique de sortie (Dus)…

Peut-on dire aujourd’hui, que cette mesure vise à une protection des intervenants de la filière ?
Oui, je l’affirme. Cette mesure vise à protéger les paysans ivoiriens et tous les intervenants dans la Filière Café-Cacao. Cette mesure ne met non plus en cause ni la libéralisation, ni la restructuration de la filière dans laquelle l’Etat s’est effectivement engagé depuis quelques temps. Et c’est une mesure qui ne concerne pas tout le stock que les exportateurs ont actuellement dans leurs magasins. Et c’est une mesure qui, sur le plan de la commercialisation extérieure et donc sur le plan de l’exportation, n’exclut personne.

Propos recueillis par Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
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