Comment peut-on lancer des obus dans un marché grouillant de monde ? C’est ce qui s’est malheureusement passé hier à Abobo. Un blindé des FDS qui traversait le boulevard jouxtant le marché du quartier Banco, a lancé des obus dans la foule. Causant la mort de plus d’une dizaine de personnes. Le premier bilan fait cas de plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Mais ce bilan risque de s’alourdir dans les heures qui suivent. Après les tirs à l’arme lourde sur des femmes le 3 mars dernier, les forces pro-Gbagbo ont encore tiré à l’arme lourde, sans motif valable sur des citoyens aux mains nues. Qu’est-ce que des hommes et des femmes qui vaquent paisiblement à leurs activités commerciales ont à voir avec les actes de guerre ? Pourquoi tirer à l’arme lourde sur des femmes et des hommes qui sont venus chercher de quoi manger pour leurs familles ? Un soldat normal, assermenté peut-il poser de tels actes ? Tout porte à croire que Laurent Gbagbo a décidé de punir les populations d’Abobo pour n’avoir pas voté pour lui. Sinon, comment comprendre que des habitants sans défense puissent être la cible d’armes de guerre à destruction massive comme les obus et les lance-roquettes ? Dans la foule qui vaquait tranquillement à ses occupations dans ce marché, aucun membre du « commando invisible » qui mène la vie dure aux hommes de Dogbo Blé Brunot, n’était présent. L’acte posé par les forces pro-Gbagbo est donc un acte gratuit de pure méchanceté. Comme l’a mentionné Human Rights Watch dans son dernier rapport, un « crime contre l’humanité ». La quatrième convention de Genève signé le 12 août 1949 est claire sur ce sujet. En temps de belligérance, les civils doivent être protégés et ne doivent faire l’objet d’aucune violence de la part des parties en conflit. Les mercenaires et miliciens de Laurent Gbagbo apparemment n’ont pas lu cette partie de la convention de Vienne. Ils ont décidé de faire passer leur frustration, après plusieurs déconvenues face au « commando invisible », sur de pauvres civils sans défense. Au fil des jours, sentant la fin de leur pouvoir proche, Laurent Gbagbo et ses bras séculiers sombrent de plus en plus dans la folie meurtrière. Il est temps, grand temps, d’y mettre un terme. Définitivement.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
