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Politique Publié le samedi 19 mars 2011 | Nord-Sud

Conseil général de Sinfra / Le 3e vice-président est mort

Qui a tué Bakayoko Braïman? Sinfra ! La petite ville chef-lieu du département du même nom est pétrifiée. Et tous, petits et grands, toutes ethnies, religions, obédiences politiques, administrations locales et Fds, confondus se posent inlassablement la même question : «Qui a ôté la vie à Bakayoko Braïman ? » Et l’on se perd en conjectures, selon que l’on soit du Rhdp ou de Lmp. Car, le défunt n’est pas un inconnu dans le département, loin s’en faut.

Activiste politique, inconditionnel du Front populaire ivoirien(Parti de Laurent Gbagbo), Bakayoko a été de tous les combats de ce parti, puis de La mouvance présidentielle. 3e vice-président du conseil général de Sinfra, ce barbu jovial de 53 ans était le cousin des ministres Lia Bi Douayia (Lmp) et Houga Bi Gohorey Jacques (Rhdp). Il était méconnaissable dès que les intérêts de son groupement de partis politiques étaient menacés et n’hésitait pas à aller au charbon quand c’était nécessaire. Pour les militants du Rhdp, Bakayoko était l’œil, l’oreille et le bras armé, « l’homme à tout faire et le metteur en scène des basses œuvres de Lia Bi et du Fpi». Aussi lui attribue-t-on les « délations, intimidations d’allogènes et d’allochtones accusés de tricherie sur la nationalité ivoirienne ». De même, pensent ses adversaires politiques, Bakayoko est l’un de ceux qui entretiennent les miliciens proches du pouvoir frontiste et qui sèment panique et désolation dans le département de Sinfra. C’est pourquoi, dans la cité, les militants Rhdp que nous avons rencontrés, à défaut d’un coupable désigné par les enquêteurs sont formels : « C’est sûrement l’œuvre des miliciens, las de trimer sans rétribution depuis le début de la crise postélectorale… ». Et de relever que ces derniers temps, Bakayoko était toujours armé de 2 pistolets sans compter les gros bras qui lui servaient de gardes du corps. Ils notent aussi que tous les villages environnants ont leurs comités d’auto défense, formés de miliciens armés...
Faux, clament ceux de Lmp que nous avons pu rencontrer qui, eux-aussi, pointent du doigt leurs adversaires politiques. « Ça ne peut venir que du Rhdp », clament-ils, sans eux aussi donner la moindre preuve. Pour eux, « Bakayoko était leur (Rhdp) bête noire, celui qui les empêchait de tricher tranquillement. C’est pourquoi ils l’ont tué ».

Il faut laisser la gendarmerie mener ses investigations

Cette mutuelle ‘’bouc –émissairisation’’ risque de dégénérer en vendetta dans une zone où les violences politiques sont monnaies courantes. C’est ainsi qu’on nous apprend que le mardi, au cours d’une réunion chez le ministre Lia Bi Douayia, les pontes locaux du Fpi ont trouvé leurs coupables. « Ce sont : MM. Baradji Kader, Yacou Kamagaté, Ballo Madou, Troré Sindou et un certain Fofana dont je n’ai pas retenu le prénom », nous dit notre source. Qui affirme que deux véhicules 4x4 remplis de miliciens convoyés par des Fds devaient arriver ce jeudi à Sinfra pour faire payer à ces personnes leur crime supposé ! Joint au téléphone, le maire Houga Bi Gohorey Jacques émet des doutes sur ces assertions. Toutefois, dit-il, « Dès que j’ai été informé du meurtre, j’ai aussitôt appelé successivement le préfet, le commandant de brigade de la gendarmerie et le commissaire de police ». L’ex-ministre des NTIC « regrette la mort de Bakayoko dans des conditions aussi atroces. Nous sommes des frères malgré nos divergences politiques et au Rhdp, nous n’avons pas la culture de la violence », affirme-t-il. C’est pourquoi il souhaite, pour « éviter à la ville d’autres morts, suite à la déflagration que causera la vendetta que la dite réunion aurait décidé, que l’on laisse la gendarmerie faire son travail».
Dans la nuit du mercredi au jeudi 17 mars, vers 23h, 2 coups de feu ont retenti à Kayeta, le village maternel du défunt, situé à 23 Km de Sinfra sur l’axe menant à Yamoussoukro. Le second coup a été entendu dans la concession de la famille maternelle de Bakayoko où l’homme avait pris ses quartiers depuis le début de la crise postélectorale. Les parents qui accourent découvrent le corps sans vie de Bakayoko Braiman qui aurait, selon un témoin, reçu une décharge de chevrotines tirée d’un fusil de calibre 12. La brigade de gendarmerie de Koninfla, aussitôt alertée, ne peut que constater l’irréparable. « Il a reçu la décharge à bout portant et dans le dos », nous indique un maréchal des logis qui assure que l’enquête ne négligera aucune piste. « Car, ajoute-t-il, sans l’arrestation du meurtrier, les hostilités politiques risquent de mettre le feu à la poudrière qu’est devenue la ville de Sinfra ». Ce que Bakayoko, de là où il se trouve, ne souhaiterait sûrement pas.

Ousmane Diallo, envoyé spécial à Sinfra
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