Abou Moussa, le Tchadien numéro deux de l’ONUCI n’est plus de l’effectif de la représentation de l’ONU en Côte d’Ivoire. Il a été renvoyé mardi par Joung J. Choï. Il lui est reproché aussi d’être à la solde du pouvoir ivoirien parce qu’il défend des thèses qui ne soutiennent pas la cause défendue par Choï. Mais selon une source diplomatique, son limogeage tire sa source dans les informations relatives au documentaire intitulé «Gbagbo dans le tourbillon du Golfe de Guinée» diffusé à profusion par la RTI et qui met à nu le complot ONUCI-France-rebelles pour déstabiliser le régime ivoirien. Pour Choï, Abou Moussa et le général Hafiz sont les seuls à pouvoir détenir les informations contenues dans ce documentaire poignant.
Par ailleurs, au cours de la réunion qu’il a eue dans la nuit de mardi à mercredi avec ses collaborateurs, le Sud-Coréen n’a pas apprécié que ceux-ci et, notamment, Mussa aient demandé qu’on revoie à la hausse leur salaire dès l’instant où le mandat de l’ONUCI a changé à 180 degré. De force de maintien de la paix, l’ONUCI est devenue une force belligérante qui est même à la tête de la rébellion armée qui tue sans cesse les populations civiles à la grande joie de son patron. Pour les collaborateurs de Choï, ce changement exige forcément une révision de leur mandat d’autant qu’ils sont amenés à prendre et à courir beaucoup de risques. D’ailleurs, ils ont même demandé à leur patron que si leur mandat devrait changer, il faut que leurs pays d’origine donnent leur accord. Ce qui n’est pas le cas. D’où leur colère et leur exigence de ne pas participer à la tuerie des civiles telle que cautionnée par Choï. Celui-ci n’ayant pas apprécié la proposition de ses collaborateurs et devant le clash perceptible, a pris la décision de limoger Moussa.
Cette fois, pour ne pas ameuter les journalistes sur le renvoi du Tchadien, on a essayé d’habiller l’affaire en lui trouvant un point de chute au Gabon. Si vous interrogez Choï ou Hamadoun Touré son complice, ils vous diront que l’ex-numéro deux de l’ONUCI est affecté au Gabon. La question qu’on se pose tout de suite est de savoir s’il y a une mission des Nations-Unies au Gabon. La réponse est non à moins ce ne soit pour qu’il prenne la tête d’une ONG qui s’occupe de l’environnement au Gabon.
Quant au personnel civil de l’ONUCI qui n’en peut plus de vivre l’enfer imposé par Choï, il a exigé et obtenu son départ de la Côte d’Ivoire. Devant sa détermination à partir et ne voulant pas que l’affaire fasse trop de bruit, il a accédé à l’exigence des civils. Ceux-ci devraient avoir commencé à partir depuis hier pour le Ghana, nous a-t-on dit de source diplomatique. Choï fait cette épuration pour rien puisque des sources bien informées, les informations de première main diffusées dans le documentaire sont venues essentiellement de Paris et de Washington. Si le Sud-Coréen avait pris son temps pour s’informer amplement, il aurait su cela et n’aurait pas régler des comptes inutilement. Malheureusement, c’est sa façon à lui de travailler : l’action avant la réflexion.
Abdoulaye Villard Sanogo