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Économie Publié le mercredi 23 mars 2011 | Le Journal De L’Economie

Groupe SIFCA Pourquoi Jean-Louis Billon a démissionné

Que s’est- il passé pour que le PCA du plus grand groupe privé d’agro alimentaire et d’agro industrie décide de rendre le tablier ? Pas si surprenante que ça, la décision prise par Jean- Louis Billon : Chronique d’une démission annoncée.
Pour certains, la nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre, pour d’autres, la démission de Jean-Louis Billon de son poste de Président du Conseil d’administration du groupe Sifca était prévisible. Selon un communiqué produit le 21 mars dernier par le Groupe, c’est à Singapour que le Conseil d’administration de Sifca s’est réuni le 15 mars pour accepter ‘’la démission de M. Jean- Louis Billon en tant que Président du Conseil d’administration et celle de M. Yves Lambelin en tant que Directeur général’’. Ce dernier (Yves Lambelin), toujours selon le communiqué a été élu PCA, sur proposition de Jean- louis Billon. Le poste de DG laissé vacant par la cooptation de Lambelin est depuis, ce 15 mars, pourvu par Bertrand Vignes, proposé par Yves Lambelin. Un chamboulement, pourrait-on dire à la tête du premier groupe privé ivoirien. Mais un chamboulement que les acteurs du microcosme des affaires en Côte d’Ivoire ont vu venir. Avec eux, on peut faire le décryptage suivant. Cet aménagement au sommet de Sifca n’est pas véritablement fortuit. Il pourrait être directement lié à personnalité même de Jean- Louis Billon. Cela est de notoriété publique. Le PCA du groupe Sifca dérange par ses prises de position. La classe politique, notamment celle au pouvoir n’échappe pas aux virulentes critiques de celui qui est aussi Président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI). Dans un contexte de crise politique post- électorale qui a tôt fait de se muer en crise économique, il urgeait, pour les responsables de Sifca, de séparer les déclarations du patron du fonctionnement normal de l’entreprise. Si les rapports entre le PCA et le DG sont bons, cela n’empêche pas au DG, Yves Lambelin, de rappeler de temps à autre à Jean- Louis que ses interventions médiatiques ne facilitent pas toujours les relations avec les autorités. Il était question donc de donner au PCA toute son indépendance de parole sans engager le groupe tout entier. Désormais, le Président de la CCI-Ci peut parler, critiquer, s’investir même plus pleinement dans ses activités politiques (il est maire de Dabakala et on lui prête volontiers des ambitions plus importantes au sommet de l’Etat), sans qu’on s’en réfère à Sifca. Ses prises de position n’engageront que lui seul désormais. l s’agit là donc d’une volonté, claire de ce Groupe qui emploie plus de 11 000 personnes et qui intervient dans cinq pays (Côte d’Ivoire, Bénin, Ghana, Nigeria, Libéria) de se couper totalement de la politique, qui lui a fait déjà beaucoup de mal par le passé. Sous la transition militaire, la présence supposée de l’ancien président Henri Konan Bédié dans son actionnariat lui a causé plusieurs inimités avec les membres de la junte. Un précédent que l’entreprise ne veut plus vivre. Par ailleurs, l’actionnariat même du groupe a beaucoup évolué. La monté en puissance des Singapouriens (Nauvu : 27%) appelle une nouvelle orientation dans le management du groupe. Ce n’est pas un hasard que la réunion du Conseil d’administration qui a entraîné cet aménagement se soit déroulée à Singapour. On pourrait conclure à une exigence de ces partenaires asiatiques.

Lambelin, imminence grise et faiseur de roi

Jean- Louis Billon qui disparaît de l’organigramme fait encore plus de lumière à Yves Lambelin, l’inamovible DG du groupe, en poste depuis les années 80. Homme de terrain, le nouveau PCA, malgré son âge avancé, sera loin d’être un primus inter pares. Tête pensante de la politique générale de Sifca, il s’est déjà frotté à cette fonction de PCA, qu’il a occupé à la mort de Pierre Billon (père de Jean- Louis et fondateur du groupe), avant de le céder au fils. Aujourd’hui, plus que jamais, on devra s’attendre à un PCA plus opérationnel.

Quant à Bertrand Vignes, il doit son ascension ‘’fulgurante’’ à Lambelin. C’est sous sa bénédiction, en effet, qu’il a atteint aujourd’hui les cimes de la holding. Bertrand Vignes avait été nommé DG de Palmci en octobre 2009. A cette époque, il cumulait ce poste avec celui de directeur général adjoint en charge des opérations. Il avait été d’abord directeur des plantations de caoutchouc appartenant à Michelin.

Par Jean-Louis GBANGBO
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