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Région Publié le mercredi 23 mars 2011 | Nord-Sud

Yamoussoukro au cœur de l’exode - Quitter Abidjan par tous les moyens

L’exode continue pour des milliers d’Abidjanais qui fuient les obus de mortiers, les miliciens et autres jeunes patriotes hâtivement armés. « Et il en arrive tous les jours, par tous les moyens imaginables », s’émeut Sylla A, transporteur. En effet, suppléant les compagnies de transport et autres minicars, des camions, des pick-ups, des voitures personnelles sont depuis peu rentrés dans le mouvement de fuite. « Hier soir, on a vu un camion-remorque débarquer des passagers », affirme-t-il. Information vérifiée auprès de S. Doumbia, le chauffeur : « On ne peut pas faire autrement devant la détresse des gens », s’explique-t-il. Il a pris ses passagers après le corridor de Gesco. « Dans les autres corridors, généralement les Fds comprennent la situation. Et ceux qui sont trop regardants sur le droit sont désintéressés par quelques billets », affirme le chauffeur qui reconnaît l’illégalité de ce mode de transport en Côte d’Ivoire.
Et Yamoussoukro, de site de transit, se mue progressivement en un vaste centre d’accueil. Rares sont les familles ici qui n’ont pas reçu un parent ou un ami. Kouadio Yannick, fonctionnaire, héberge dans le salon de son 3 pièces ceux qu’on peut désormais appeler ‘’les déplacés d’Abidjan’’. Ballo S, transporteur, est quant à lui devenu, malgré lui, le consul d’Anyama à Yamoussoukro. « Que faire ? On ne peut pas abandonner ses parents en détresse au motif qu’il n’y a pas de place ! », dit-il. Il héberge, oncles, tantes, cousins et frères ayant fui la cité de la cola. Ceux qui en ont les moyens poursuivent leur route vers le Centre et le Nord. Mais, souligne-t-il, « la plupart restent. On est obligé de les orienter vers d’autres parents qu’il faut aider pour la prise en charge. »
Le drame des
«sans parents »
« Je ne connais personne ici. J’ai emprunté la première occasion que j’ai eue pour quitter Abidjan », explique Doh Amandine, qui flâne dans la gare depuis 4 jours. Dépourvue de tout, elle vit grâce aux bonnes volontés et dort sous les hangars avec les ‘’Bakroman’’. Hier, à cause de la forte pluie qui s’est abattue sur Yamoussoukro, ils étaient des centaines à se coincer, debout, devant les maquis, cafés et boutiques de la gare routière. «Chez UTB, il n’y avait plus un mètre carré de libre hier soir. On fait ce qu’on peut, mais le flux est trop grand et nous ne pouvons pas héberger tout ce monde », explique un employé de la compagnie qui craint, si rien n’est fait, « que nous assistions à une catastrophe humanitaire. » Déjà, ajoute-t-il, « lorsque vous nous avez quitté avant-hier (samedi dernier), une pauvre femme a accouché de jumeaux en pleine gare ! La femme n’a pas survécu, selon ce qui m’a été rapporté, après que des bonnes-sœurs soient venues avec une ambulance la chercher agonisante avec ses deux enfants. »
Tout cela se déroule sans qu’aucune autorité administrative ou organisation non-gouvernementale ne s’émeuve et viennent au secours de ces pauvres hères, victimes de la folie meurtrière que subissent quotidiennement les Abidjanais.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
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