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Politique Publié le mardi 29 mars 2011 | Le Patriote

Abobo/ Entre bombardements et crise humanitaire - Les populations entre angoisse et misère

Boutiques et magasins fermés à double tour. Rues presque désertes. Des endroits autrefois bondés de monde, présentant un visage de cimetière. Abobo vit aujourd’hui dans l’angoisse et la peur. Entre les bruits de tirs d’obus et d’armes automatiques, les quelques habitants encore présents dans la commune préfèrent rester terrés chez eux.
Nous sommes le jeudi 24 mars 2011. Très tôt le matin, les hommes et femmes de la cité dortoir ont été réveillés par des tirs à l’arme lourde. Une situation qu’ils vivent quotidiennement depuis bientôt deux mois, mais à laquelle ils ne peuvent s’habituer. Habitant de la commune, Fofana Adama déplore cette nouvelle habitude malheureuse. « Du matin au soir, tous les jours, c’est la même chose. Nous n’entendons que des coups de feu, des bruits d’armes de toutes sortes et cela est bien dommage», regrette-t-il avec beaucoup d’amertume. Pendant que nous échangeons avec notre interlocuteur, des tirs sporadiques à l’arme lourde continuent de retentir. Du quartier « Habitat » où nous sommes, on a l’impression que les affrontements se passent juste derrière la maison, avec des bruits assourdissants à crever les tympans. A Abobo, ces crépitement d’armes lourdes et automatiques sont devenus monnaies courantes. « Au départ, la situation était beaucoup difficile. Nous n’arrivions presque pas à dormir. Nos enfants étaient constamment effrayés », raconte Alice, habitant non loin de l’escadron de la gendarmerie, communément appelé ‘’camp commando d’Abobo’’. Cette peur, Alice et ses parents qui ont préféré ne pas partir d’Abobo, comme bon nombre de leurs voisins, la vivent quotidiennement. Une angoisse à laquelle certains ont fini par se résigner. Cependant, du côté des quartiers « Marley », « Derrière rail », « Kennedy », « Anador », et « Plateau Dokui », les quelques rares personnes qui y vivent encore le sont avec une peur bleue au ventre. « Nous sommes conscients qu’à tout moment, la situation peut dégréner et que nous pouvons être victimes de « balles perdues » où même de tirs d’obus, comme ce fut le cas récemment », redoute le jeune Bazoumana que nous avons rencontré au quartier Marley. Comme lui, c’est toute la population d’Abobo qui a encore à l’esprit le triste évènement du vendredi 18 mars dernier. Ce jour là, les hommes armés fidèles à Laurent Gbagbo n’ont pas hésité un seul instant à larguer six obus dans différents quartiers de la commune. Faisant au moins 40 morts, dont 12 dans le seul marché de Marley. A Abobo, ce jour a été rebaptisé le « vendredi noir ». Il rappelle également un autre jeudi noir, celui du 3 mars 2011. Cette fois, ce sont sept femmes et un jeune garçon qui ont été froidement tués par les mêmes soldats proches du Président sortant. Ces deux évènements malheureux ne cessent de hanter les esprits des « abobolais ». A en croire Koné Mamadou, nul n’échappe à la peur à Abobo. « On se dit qu’à tout moment, on peut être la prochaine cible. Surtout quand on voit autant de morts, des personnes civiles tuées inutilement », soutien à son tour Ibrahim K, chauffeur de taxi communément appelé « wôrô-wôrô ». Pour lui, comme pour bien d’autres habitants d’Abobo, s’il y a une autre question qui préoccupe le plus, c’est bien celle de la pauvreté devenue plus accrue.

Fuir pour éviter la faim

Au le plan des activités administratives et commerciales, Abobo se trouve aujourd’hui dans l’impasse. Plus rien ne fonctionne. Commerces, transports sont arrêtés. Cela, selon certains acteurs de ces secteurs, à cause de l’environnement qu’ils jugent très peu favorable pour les affaires. Une situation plutôt difficile pour les quelques ménages restés dans la communes. Ceux-ci peinent aujourd’hui à se procurer, ne serait-ce que de la nourriture. « Manger deux fois par jour relève aujourd’hui d’un véritable luxe à Abobo. Les provisions en nourritures sont en train de finir », regrette à son tour dame Kouamé Cristelle. Selon elle, il est de plus en plus difficile pour les abobolais d’aller s’approvisionner dans les autres marchés d’Abidjan, notamment à Adjamé (commune commerciale regorgeant plusieurs marché de gros), devenu aussi une zone d’affrontement. A Abobo, les moyens de déplacement se font aussi rares. Taxi-compteur, « gbaka », « Wôrô-woro », tous sont garé pour l’instant, en attendant des jours meilleurs. « C’est par peur que nous avons préféré garer nos véhicules, parce qu’à tout moment les affrontements peuvent reprendre. Il s’agit donc d’une mesure de prudence », renchérit le jeune Ibrahim K. A cause de cette autre situation, plusieurs personnes continuent de fuir la commune. Ces personnes préfèrent aller se mettre à l’abri ailleurs. A la question de savoir pourquoi elle et d’autres personnes sont toujours à Abobo, dame Kouamé rétorque qu’elle et ses parents n’ont aucun endroit où aller. Aussi, déplore- t-elle une telle situation en ces temps de vache maigre. « Si nous devons partir d’Abobo, c’est bien pour aller au village à Bondoukou. Or, nous n’avons plus d’argent pour payer le transport de toute la famille », se lamente-t-elle. Tout en déplorant aussi les coupures intempestives de l’eau et de l’électricité dans la commune. Comme Cristelle, les hommes et les femmes d’Abobo n’ont aujourd’hui qu’un seul vœu : « que cette situation que vit la Côte d’Ivoire et particulièrement Abobo prennent fin le plutôt possible ». vivement!
DS
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