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Politique Publié le mercredi 30 mars 2011 | Le Temps

Le ministre Nyamien Messou : «On devrait commencer par raser tous les bidonvilles qui sont des dépotoirs des terroristes de l’Onuci….»

Le ministre Nyamien Messou, est connu pour son franc-parler. Il n’est pas passé par quatre chemins pour dire ce qu’il pense de la crise ivoirienne, au micro des communicateurs bénévoles.

Le ministre Charles Blé Goudé a récemment lancé plusieurs appels à la mobilisation des jeunes Ivoiriens pour la défense de la patrie…
Je pense que c’était un appel à faire. Nous sommes dans une situation où les Forces de défense et de sécurité doivent affronter des terroristes qui multiplient les fronts d’attaque. C’est très difficile pour une armée de faire face à ce genre d’attaques perfides. Même les grandes puissances ont du mal à empêcher des attentats terroristes sur leurs territoires alors qu’ils ont des moyens matériels et humains colossaux. Comme nous sommes une Armée régulière et que nous ne pouvons pas verser dans le terrorisme, d’où une certaine difficulté pour faire face à cette guérilla. Il était donc bien indiqué que cet appel soit lancé, pour que les enfants de ce pays viennent participer à la défense de la Nation. Dans les pays développés ils ont des réservistes qu’ils appellent sous les drapeaux dès que la situation le commande. Je pense que l’appel de Blé Goudé est une bonne chose.

Et la mobilisation populaire de ce week-end toujours à l’appel de Blé Goudé où près d’un million d’Ivoiriens ont veillé à la place de la République du 26 au 27 mars?
C’était une vraie démonstration de force. Nous partons d’un principe, le monde entier dit que Monsieur Ouattara a gagné les élections. Gagner les élections, ça veut dire qu’au plan national c’est lui qui est l’élément représentatif au plan politique. Ce qui peut vouloir dire que le président Gbagbo est minoritaire dans la population. Au plan de la démocratie, quand on appelle les gens pour marcher et se mobiliser, on est suivi quand on est majoritaire. Or, nous avons vu depuis fin novembre 2010, qu’aucun des appels de Monsieur Ouattara n’a jamais été suivi par les populations. Ni ses appels à la désobéissance civile, ni ses appels à la mobilisation. On a plutôt vu des gens sortir en son nom pour brûler, égorger et tirer sur des Ivoiriens civils et militaires. En revanche, ce que l’on a vu ce week-end, avec la sortie en masse des Ivoiriens pour soutenir le président Laurent Gbagbo, prouve que c’est bien lui que les Ivoiriens ont élu le 28 novembre comme président de la République de Côte d’Ivoire. Que l’Otan, que l’Onu, que la Cedeao, que l’Ua, que tout le monde comprenne bien que c’est le président Gbagbo qui est majoritaire dans ce pays.
Est-ce que vous pensez qu’ils vont l’entendre, puisque ce sont bien eux qui ont couvert les fraudes et les exactions de Ouattara ?
Qu’ils l’entendent ou pas, ce qui nous importe, c’est de savoir que nous-mêmes sommes conscients de notre force, et sommes fortement mobilisés, et que cette mobilisation qui dure depuis 2000 ne faiblit pas, mais au contraire accroît au fil du temps. Nous savons qu’ils sont de mauvaise foi. Ils ont survolé cette grande mobilisation avec leurs hélicoptères, croyez-moi, ils ont bien vu, et ils savent à quoi s’attendre. Nous sommes suffisamment forts pour faire face à toute forme d’agression.
Sur le plan diplomatique, on a l’impression qu’ils tournent en rond, au point de demander aujourd’hui, par la voix de Monsieur Sarkozy, que l’Onu empêche l’Armée ivoirienne de se défendre...
Pour qui connaît la France et ses méthodes, cela ne nous étonne pas. En 2004, lorsque l’Etat de Côte d’Ivoire avait décidé de libérer son territoire de la rébellion, nous avons prévenu les Français que nous considérions comme nos partenaires, de notre décision de lancer une offensive de libération de notre territoire. Connaissant la force de frappe de notre armée, les Français sont allés ramasser tous les chefs rebelles, à peu près une dizaine, pour aller les mettre à l’abri à Lomé. Nous avons donc lancé l’offensive le 4 novembre 2004. Et le 6 novembre, vers 13 h, alors que le président Gbagbo était assis à sa table de travail pour rédiger son discours d’annonce de la sortie de guerre, nous avons appris, que, prétextant du fait que l’armée de Côte d’Ivoire venait de bombarder un de leurs camps, les Français avaient détruit tous nos aéronefs. En réalité, c’était un moyen pour la France d’anéantir nos capacités de défense pour permettre à la rébellion de reprendre la main sur le plan militaire.
Mais, y a-t-il eu oui ou nom bombardement d’un camp français ?
La question n’est pas de savoir s’il y a eu bombardement ou pas, mais bien de savoir qui a bombardé et dans quelles conditions. Il faut rappeler que les Français ont bombardé leur propre camp à Kolwezi (Rdc) pour justifier leur propre intervention militaire.
Est-ce qu’il n’y a pas eu aussi un dysfonctionnement au niveau de notre propre hiérarchie militaire, je pense notamment au rôle ambigu du Général Doué Mathias
Quand vous êtes dans une telle crise avec des grands Etats, il faut être sûr d’une chose, de toute façon, ils vont corrompre un certain nombre de responsables de votre armée. Cela me donne ici l’occasion de parler du parcours de notre armée, pour bien comprendre les choses. Houphouët-Boigny avait mis en place une armée dont il n’attendait pas grand-chose, parce que pour lui, la Côte d’Ivoire avait signé des accords de défense avec la France, et donc le système de défense de la Côte d’Ivoire était totalement contrôlé par la France. De son armée, il ne craignait qu’une seule chose, un coup d’Etat militaire. C’est d’ailleurs depuis que la Côte d’Ivoire a été attaquée de façon frontale en septembre 2002, que nous avons commencé à mettre en place une véritable armée. Je peux dire que c’est depuis ces cinq ou six dernières années que Gbagbo Laurent joue véritablement le rôle de chef suprême des Armées. C’est ainsi que les responsables militaires de haut niveau sont en liaison directe avec le président de la République, comme dans toutes les démocraties du monde.
Aujourd’hui, on a une coalition internationale armée (Onuci, Licorne) contre la Côte d’Ivoire. Comment on fait ?
C’est vrai qu’au départ les choses peuvent paraître difficiles. Rappelez-vous qu’Hô-Chi- Minh était un ouvrier de Renault. Il était retourné dans son pays au Vietnam, était rentré en politique et s’était retrouvé en négociation avec les Français où il demandait tout simplement que les colons leur accorde une autonomie. Et les Français se sont moqués de lui, il s’est levé et il leur a dit : c’est vrai que nous sommes faibles. Mais si vous me laissez partir sans aucun accord, alors là, vous aurez une guerre qui durera peut-être cent ans, mais vous la perdrez. Et il y a eu Diên Biên Phu. Donc moi, je n’ai aucune crainte. Les Européens surestiment un peu leur système de défense, et ils pensent que parce qu’ils ont des armes, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il faut plutôt comprendre que nous sommes à la fin d’un système. Il y avait un monde bipolaire avec le bloc communiste et le bloc occidental. C’était la concurrence aux plans militaire, économique, culturel, etc.. L’Occident s’est donné tous les moyens, notamment avec ses médias et d’autres outils d’asservissement. Il faut également noter que l’Onu est avant tout l’instrument des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, et principalement la partie des Occidentaux. Ils se sont donné les moyens de créer des Institutions spécialisées comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Ils ont donc utilisé ces instruments monétaires, médiatiques et diplomatiques pour avoir le dessus sur le bloc communiste. Même l’église catholique, via le Vatican a été mise à contribution pour la destruction du communisme. Lorsque le Mur de Berlin est tombé, les Occidentaux ont pensé que tout était bon pour eux. Ils ont pensé que l’ouverture des marchés allait leur donner toutes les opportunités. Or, ils n’ont pas pensé que l’ancien bloc communiste allait se réformer. Depuis cinq six ans, ils font face à une situation qu’ils n’avaient pas prévue, c’est-à-dire les anciens communistes dont la Chine qui ont adopté un capitalisme d’Etat, bien plus puissant, bien plus humain et contre lequel ils ne peuvent plus grand-chose. Un exemple, le Coréen Samsung, c’est quarante deux mille chercheurs (trois fois le Cnrs français), son chiffre d’affaire équivaut à ceux de Apple et Microsoft réunis. Que peuvent les pauvres Américains et Européens face à ça. Ceux qui pendant des décennies n’ont cessé de pomper les richesses des autres pour assurer leur train de vie sont confrontés au réveil des peuples pillés et asservis, qui se sont voués au culte du travail pendant que les Occidentaux cultivaient leurs loisirs. Et la compétition est devenue très rude pour les Occidentaux.
Que va donc faire l’Occident alors ?
C’est justement la raison pour laquelle l’Occident en est réduit à un gangstérisme d’Etat sous sa forme la plus sauvage, Qu’avant, ils arrivaient un peu à maquiller. Regardez en Tunisie, en Egypte, les peuples se sont soulevés pour changer la donne. En Lybie, deux types en sandalettes se sont attaqués au pouvoir avec des Rpg et tout de suite Nicolas Sarkozy les a appelés à Paris et a décidé de les reconnaître comme les représentants légitimes de la Libye. Et Dès que l’Etat libyen a lancé une contre-offensive sur les rebelles, les voyants en débandade, les Occidentaux se sont servis de leur instrument qu’est l’Onu pour aller anéantir les capacités de défense de la Lybie. Jusqu’à quand cette manipulation ? Cela fait pitié !
Concrètement sur la Côte d’Ivoire, si l’Onu prend une résolution pour empêcher l’Etat de se défendre contre les terroristes ?
Soit la décision ne passe pas, parce qu’elle paraît tout à fait incongrue, soit elle passe. Mais si jamais elle passait, pour nous cela ne changerait rien. Pour nous c’est rien du tout !
Et la Cedeao qui s’interdit toute action militaire en Côte d’Ivoire, tout en demandant à l’Onu d’autoriser une mission militaire en Côte d’Ivoire?
Comme si on ne voyait pas que c’est Nicolas Sarkozy qui actionne la Cedeao, c’est tellement téléguidé que cela paraît ridicule et enfantin.
Et l’Ua dans tout ça ? Ne va-t-on pas encore vers des médiations sans lendemain pour nous perdre du temps ?
Ce sont eux qui perdent leur temps. Nous n’avons aucun problème. Quand vous avez des gens aussi arriérés dans leur état d’esprit qui se mettent à égorger et à brûler vif des êtres humains, et l’Onu couvre tout ça, mais que ce sont les Forces de défense et de sécurité qui tentent de protéger les populations de la barbarie qui sont vouées aux gémonies, cela dépasse tout entendement. C’est l’occasion de dire ici qu’il faut qu’on révise tous nos cours d’histoire afin de redonner un enseignement correct à nos enfants. Leur montrer toute la face hideuse du monde dans ce jeu infâme des relations internationales.

On en arrive donc au dialogue inter Ivoirien, on met quoi dans ce dialogue pour ne pas arriver aux arrangements qui apparaissent comme une prime aux égorgeurs ?
Il y a simplement à dire que la Côte d’Ivoire est un Etat souverain avec des règles et des lois qu’il faut respecter. Les arrangements politiques finissent toujours par des choses qui ne sont pas correctes. Depuis le début de cette crise on a été poussés par la France et on a fait toutes les concessions possibles aux rebelles pour finalement se retrouver dans la situation que l’on connaît, aujourd’hui avec des rebelles armés, alors que tous les accords mettaient le désarment au cœur du retour à la paix.
On est quand même aujourd’hui, dans une situation de blocage ?
Si cela ne tenait qu’à moi, il faut laisser bloquer. L’Etat de Côte d’Ivoire doit prendre ses responsabilités et faire ce qu’elle a à faire.
Et les embargos ?
Il faut qu’on arrête de pleurnicher. Par exemple, pour les médicaments, il faut qu’on aille se fournir là où les Européens eux-mêmes vont se fournir. Je rappelle que 80% des médicaments de marque européenne sont fabriqués en Chine et en Inde. Je vais vous dire une chose, depuis ces cinquante dernières années, il n’y a pas un pays qui ne soit passé par un embargo dès qu’il a décidé de s’émanciper de la tutelle des Occidentaux.
Au niveau de la monnaie, on utilise le Franc Cfa dont les mécanismes nous échappent quand même…
Si on commence à montrer aux Occidentaux qu’on peut se passer d’eux, le reste va suivre.
Concrètement, comment fait-on sans la Bceao ?
Si la situation perdure, d’ici deux mois, on ne parlera plus de l’Uemoa. Ils vont s’asphyxier plus rapidement que nous. Je rappelle que les 3 premières places financières de l’Uemoa sont en Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké et Daloa), Dakar ne venant qu’en quatrième position. L’Uemoa ne peut pas survivre sans la Côte d’Ivoire, donc ils vont revenir.
Et les choses vont repartir comme en quarante... ?
Ah non ! Pas du tout ! Les choses ne seront plus comme avant. La Côte d’Ivoire doit avoir à la fois le poste de Gouverneur et le Siège, et au Conseil d’Administration, il ne doit plus y avoir ne serait-ce qu’un seul Français. Notre problème finalement a été notre humilité. Aujourd’hui, on va leur montrer qui sont véritablement les chefs. Voici des gens qui dépendent de nous et qui veulent nous dicter leur loi, c’est impensable. Il faudra redéfinir de nouveaux rapports dans la sous-région.
L’urgence n’est-elle pas de normaliser la situation à Abidjan ?
La situation à Abidjan est en train de se normaliser. Pour lutter plus efficacement contre les terroristes, on devrait commencer par raser tous les bidonvilles, qui sont des dépotoirs des terroristes de l’Onuci, qui déverse les rebelles à Abidjan. Tous les bidonvilles, sans exception doivent être complètement rasés. Et les Forces de défense et de sécurité doivent prendre position dans tous ces bidonvilles, une fois rasés. Si on fait ça, la ville va devenir calme.
Quels sont selon vous les ressorts de la résistance du peuple ivoirien ?
Les Ivoiriens doivent comprendre une chose, se développer véritablement, c’est de rompre les chaînes avec tous ces instruments de domination. Fmi, Banque mondiale, Coopération française, Ppte, liquider tout ça, souffrir un peu, et au bout du compte, on va se développer. Il faut que les Ivoiriens sachent que toute cette communauté internationale n’est rien du tout. La crise nous a coûté au bas mot, six cent milliards de Fcfa, et cette communauté internationale n’a déboursé que quelque 4% soit environ trente cinq milliards. Tous les pays qui se sont développés sont ceux qui ont foutu ces gens à la porte de chez eux. Je sais que les Ivoiriens sont forts, déterminés et courageux, et nous vaincrons !
Source : Les communicateurs bénévoles pour le rayonnement de la démocratie
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