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Politique Publié le mardi 12 avril 2011 | AFP

Des scènes de tueries politico-ethniques dans tout l`Ouest ivoirien

BLOLEQUIN (Côte d'Ivoire), "Ma femme est tombée sur moi
en criant: papa, je suis morte", affirme le vieux Robert Gbonké, après le
décès de son épouse "tuée par des mercenaires libériens" de l'ex-président
Laurent Gbagbo, à Bloléquin, une ville de l'ouest ivoirien déchiré par les
tueries ethniques.
"Je n'arrive pas à oublier la façon dont elle est morte. Son sang tombait
sur moi", dit Robert Gbonké, assis devant son appartement, les deux mains
entre les jambes, le regard sombre.
"Je suis resté couché jusqu'au départ des tueurs, des mercenaires libériens
qui parlaient anglais et guéré", ethnie de l'ouest ivoirien qui a
majoritairement soutenu Gbagbo, explique-t-il, la voix entrecoupée de sanglots.
Il fait partie des 523 déplacés, des allogènes (qui ne sont pas originaires
de la région) Sénoufo, Dan, Baoulé, Agni et Burkinabè réfugiés depuis fin mars
dans la préfecture de Bloléquin pour fuir les exactions des miliciens et
mercenaires libériens de Laurent Gbagbo.
Ce dernier, qui disputait le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu président
par la communauté internationale après l'élection du 28 novembre, a été arrêté
lundi à Abidjan par les forces de son rival.
Ces déplacés ont dit avoir été attaqués quelques jours après par des
combattants libériens qui avaient le même jour repoussé les forces
pro-Ouattara de la ville.
"Nous avons entendu des tirs d'obus vers 04H30. Nous nous sommes couchés à
terre. Vingt minutes après, ils (les mercenaires) sont entrés dans la cour de
la préfecture et nous ont mis en rang", explique Lahi Dramane Sawadogo, un
Burkinabè de 67 ans.
"Ils ont demandé aux Guéré de lever la main et de sortir. Ils ont ensuite
arrosé tout le reste. Ce fût la débandade. Pendant qu'ils vérifiaient si nous
étions tous morts, ils ont entendu des tirs de loin et se sont repliés (à
l'arrivée) des Forces républicaines (de Côte d'Ivoire, FRCI, pro-Ouattara). On
a compté 86 cadavres et une trentaine de disparus", ajoute-t-il.
Avant cet incident, des allogènes avaient confié à l'AFP avoir quitté la
ville d'Ifa, dans l'ouest de Côte d'Ivoire.
"Les Guéré disaient qu'ils diraient aux (mercenaires) libériens de nous
tuer si on restait à (Ifa). On connaît ces Libériens pour leur cruauté. Nous
avons quitté pour aller" trouver refuge dans la préfecture de Bloléquin, avait
indiqué Jérôme Kadio Kassi, chef des Baoulé de la ville d'Ifa.
"Avant l'arrivée des Forces républicaines, les miliciens et les mercenaires
libériens ont tué beaucoup de Dioula, Baoulé et Burkinabé et faisaient
disparaître leurs corps. Je ne suis pas sûr qu'on puisse en retrouver de
sitôt", indique Firmin Koua, infirmier à Guiglo.
Selon plusieurs témoins, la Croix-rouge a ramassé des corps en putréfaction
dans des quartiers de cette autre ville de l'ouest ivoirien.
"Ce sont des personnes tuées juste après la prise de Duékoué (ville de
l'ouest) par les Forces républicaines. Les miliciens qui les ont tuées ont
ensuite quitté la ville pour se diriger vers le Liberia", dit Henry Gnonsoa,
48 ans.
Selon des habitants, il y a également eu des tueries dans des forêts et
villages d'accès difficile.
Les forces pro-Ouattara et pro-Gbagbo ne se sont pas affrontées à Guiglo
mais la zone est depuis le 2002 le théâtre de conflits fonciers opposant les
allogènes aux autochtones.
"Les Dozos, des allogènes, se sont attaqués aux populations autochtones
après l'arrivée des Forces républicaines. Ils continuent de tuer les Guéré
dans les forêts. Si tu vois qu'aujourd'hui la ville est vide, c'est parce que
tous les Guéré sont rentrés en brousse. Malheureusement là bas, les Dozos les
attendent", dit Dehe Patrice qui se présente comme militant pro-Gbagbo.
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