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Art et Culture Publié le mercredi 27 avril 2011 | Nord-Sud

Dégâts orchestrés par la crise post-électorale La presse ivoirienne sinistrée

Après quatre mois de crise, la presse ivoirienne renaît de ses cendres. Mais, elle reste fortement affectée par la barbarie des hommes de Gbagbo.



La presse ivoirienne paye un lourd tribut à la guerre de Laurent Gba­gbo. La crise d’après élection née du refus de l’ex-chef d’Etat à quitter le pouvoir qu’il avait perdu, le 28 novembre dernier, a touché de plein fouet les entreprises de presse ivoirienne. Les rédacteurs privés qui ont souffert le martyre durant près de cinq mois, bâillonnés par un organe de régulation (Conseil national de la presse) qui a viré au bleu et des hommes armés acquis à la cause du patron de Lmp, ont entamé la reprise du travail, le 17 avril dernier, dans la précarité. Derrière les Unes des journaux prises d’assaut tous les matins par les populations, se cachent des hommes et des femmes qui risquent leur vie chaque jour. Pour rappel, le chauffeur de Nord-Sud Quotidien, Ouattara Yacouba, enlevé par des éléments de la garde républicaine, le 22 février dernier, reste introuvable jusqu’à ce jour. Des journalistes et responsables de journaux non-acquis à la cause de Laurent Gbagbo avaient été convoqués à la brigade criminelle et sommés de reconnaître son hold-up électoral. Des journalistes ont été battus par des hommes en armes qui estimaient qu’ils écrivaient contre leur mentor. Des rédactions ont dû fermer pour préserver la vie de leurs travailleurs. Des employés ont été pris en otage alors qu’ils se trouvaient sur leur lieu de travail. Le siège de votre quotidien adoré a été perquisitionné pour, soit disant, rechercher des armes. L’incendie de la société de routage et de distribution des journaux Edipresse, le 3 avril dernier, par des éléments du Gpp a aggravé la situation. « A ce jour, Edipresse n’est pas en mesure de nous faire le point sur les ventes. Car, l’entreprise a perdu ses bases de données. Nous n’avons pas les chiffres de vente. Par ricochet, nous ne sommes pas informés de combien nous avons gagné », explique C.F., comptable d’un quotidien de la place. Une situation qui met en péril la question des salaires. En effet, certains organes de presse cumulent, en grande majorité, deux à trois mois de salaire impayés à cause de la fermeture des banques. Mais, d’autres vont jusqu’à sept mois de retard, à cause des problèmes de trésorerie antérieurs à la crise. Et, l’horizon reste brumeux. « Sur 25 jours ouvrables dans le mois, nous n’avons pas eu plus de dix jours de parution. Ce qui veut dire que le payement des salaires des mois à venir ne sera pas aisé », explique S.T., journaliste. A tout cela, il faut ajouter l’épineuse question de la sécurité qui a poussé de nombreux rédacteurs à quitter la ville d’Abidjan et qui hésitent encore à y revenir. « Pour ceux qui habitent certaines communes, comme Cocody, Treichville, Marcory… il n’y pas de problème. Mais nous qui sommes à Yopougon, nous attendons encore », se rassure S.G., homme de presse ayant trouvé refuge à Bouaké. Au sein des rédactions, les journalistes vivant à Yopougon et à Abobo se doivent de rentrer très tôt. Malgré cela, ils ne sont pas épargnés par d’éventuels affrontements. « Hier, en rentrant à la maison, je suis tombé entre deux feux. Il a fallu la main du Seigneur pour que j’en sorte vivant », déplore D. R., agent d’une rédaction, vivant dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Dans son appel pour la reprise du travail dans le secteur de la presse, le Groupement des éditeurs de presse (Gepci) a « exhorté les autorités compétentes à prendre les dispositions nécessaires, notamment, des consignes aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), aux fins d’assurer la sécurité des entreprises de presse et des personnes qui y travaillent ». Une attention qui doit aller bien au-delà de la question sécuritaire et qui doit se présenter sous forme d’un plan Marshal de la presse ivoirienne.


Sanou A.
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