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Art et Culture Publié le samedi 30 avril 2011 | Le Patriote

Interview / Venance Konan (Directeur de Fraternité matin) : “J’espère que c’est le dernier mort pour qu’on bâtisse la nouvelle Côte d’Ivoire”

© Le Patriote Par Christian
Presse nationale - Le quotidien "L`Expression" souffle sa première bougie en présence des ministres Sy Savané, Konaté et du Roi de Bassam
"L’Expression" a célébré son 1er anniversaire à Grand-Bassam, dans le cadre somptueux du Koral Beach, les 3 et 4 juin 2010. Le séminaire initié à cette occasion, et qui portait sur le renforcement et l’enrichissement de son offre éditorial a été animé par des plumes de référence telles que Alfred Dan Moussa, Zio Moussa et Venance Konan (photo). Plusieurs personnalités étaient présentes: les ministres Ibrahim Sy Savané et Konaté Sidiki, Sa Majesté Nanan Awula Tanoé Amon, Roi des N’zima Kotoko et le député-maire Jean-Michel Moulod
Fraîchement nommé Directeur général de Fraternité matin, Venance Konan était, hier, l’invité de Radio France Internationale (RFI). Sur l’actualité ivoirienne dominée par la mort d’Ibrahim Coulibaly dit IB, le nouveau patron du journal gouvernemental a donné son avis.
Question : Y avait-il une lutte à mort entre IB et Guillaume?
Venance Konan : Ce que je sais d’IB, c’est qu’il n’aimait pas Soro. Je crois que Soro non plus n’aimait pas IB. Les deux hommes ne s’aimaient pas.

Q : Dans une interview pour le mensuel Afrique Magazine, qu’il vous avait accordée dans son lieu d’exil à Cotonou, au Benin, IB avait revendiqué la paternité de l’insurrection armée de septembre 2002. Etait-ce fondé?
VK : C’est ce qu’il avait dit! Je pense qu’au-delà d’IB, il devait y avoir quelqu’un. Mais, il est vrai que sur le terrain, au nord en Côte d’Ivoire, tout le monde présentait IB comme le patron de cette histoire et lui- même le revendiquait.

Q: Alors, pourquoi s’efface-t-il en ce moment-là devant Guillaume Soro?
VK : Je ne sais pas si c’est lui-même qui s’est effacé ou si on l’a obligé à s’effacer. Je crois que lorsqu’il a fallu passer à une autre phase qui était plus politique, il a fallu trouver quelqu’un de plus politique qu’IB, qui était essentiellement militaire. C’est en ce moment là que Soro a fait son apparition et a eu l’envergure qu’on lui connait aujourd’hui. A mon avis, c’est cela qu’IB n’a pas digéré.
Q: D’aucuns ont dit qu’on lui a demandé de s’effacer parce qu’il est musulman alors que Guillaume Soro est chrétien
VK: C’est plutôt parce qu’il fallait quelqu’un d’essentiellement politique.

Q: En janvier dernier, IB arrive clandestinement à Abobo, dans le Nord d’Abidjan, quel rôle a-t-il joué concrètement dans le fameux Commando invisible?
VK: Au début, on s’est tous posé la question de savoir qui était derrière ce fameux commando invisible, avant de voir que c’était IB. Je dirais qu’il a permis d’abord de protéger Abobo, il a permis aussi aux forces de Laurent Gbagbo de douter d’abord avant de reculer après. Tout compte fait, il a joué un rôle important dans la victoire finale.

Q: Après la capture de Laurent Gbagbo, le 11 avril, beaucoup d’Ivoiriens avaient espéré une réconciliation entre IB et Guillaume Soro, pourquoi n’a-t-elle jamais eu lieu ?
VK : Je ne sais pas. C’est dommage qu’elle n’ait pas eu lieu. Il est vrai que ses hommes et ceux de Guillaume Soro, c’est- à-dire les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), ont contribué à faire tomber M. Laurent Gbagbo et nous tous espérions que les deux allaient se serrer la main afin que nous rebâtissions la nouvelle Côte d’Ivoire dont on rêve tous.

Q : A plusieurs reprises, ces dernières semaines, IB a demandé une audience auprès d’Alassane Ouattara, pourquoi ne l’a-t-il jamais obtenue ?
VK : Là, non plus je ne saurais vous répondre. Je ne sais pas comment les choses se sont passées.

Q : Pensez-vous que c’est Guillaume Soro qui s’opposait à une telle audience ?
VK : J’ai lu, comme tout le monde, qu’il (IB) devait être reçu par le chef de l’Etat ; maintenant, pourquoi ça ne s’est pas fait ? Je ne suis pas plus informé.

Q : Sa mort était-elle programmée ?
VK : Apparemment, lorsque j’ai vu sa résistance, quand j’ai vu ses revendications, je me suis dit que quelque chose pourrait arriver. Je me suis dit s’il ne mettait pas un peu d’eau dans son vin, ce serait dommage, mais la mort pourrait arriver. Quand je l’ai appris, je n’étais pas surpris.

Q : le 11 avril dernier, Alassane Ouattara a donné l’ordre aux Commandants de zone de ne pas tuer Laurent Gbagbo. Mais, pourquoi ce mercredi (Ndlr-mercredi dernier) n’a-t-il pas donné le même ordre à propos d’IB ?
VK : C’est possible qu’il l’ait donné, maintenant comment les choses se sont passées sur le terrain, on n’en sait rien encore. Mais, ça m’étonnerait que le chef de l’Etat ne dise pas cela, surtout qu’il parle de réconciliation et de pardon, il n’y a pas de raison qu’il ne demande pas qu’on ne tue pas IB qui, à mon avis a contribué à la victoire finale sur Laurent Gbagbo. Dans cette victoire, IB a joué un rôle et je pense que le chef de l’Etat a dû donner cette instruction.

Q : La mort d’IB est-elle une mauvaise nouvelle pour la Côte d’ivoire?
VK : Pour moi, c’est une mauvaise nouvelle, après ce que nous avons traversé. Mon souhait était qu’on fasse l’économie d’une nouvelle mort, surtout celle d’IB qui, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, a joué un rôle important dans la dernière bataille qui a permis de sauver Abidjan et Abobo.

Q : Est-ce que la mort d’IB va laisser des traces au sein des anciennes Forces Nouvelles ?
VK : Entre lui et Soro, c’était comme un marigot où deux caïmans ne pouvaient pas cohabiter. C’était l’un ou l’autre, les deux ne pouvaient pas cohabiter. L’un devait tuer l’autre.

Q : A Abobo et à Séguéla (dans le Nord du pays), IB a des partisans, ceux-ci ne vont-ils pas vouloir se venger?
VK : J’espère qu’ils ne vont pas entrer dans cette logique et qu’enfin nous allons régler nos problèmes autrement que par les coups de feu, par les armes. Je comprends qu’ils soient désemparés et qu’ils en veuillent à ceux qui ont tué IB, mais une fois l’amertume passée, ils comprendront qu’il faut qu’on avance.

Q : La mort d’IB, est-ce le dernier règlement de comptes ou, au contraire, c’est le premier ?
VK : J’espère que c’est le dernier mort dans cette histoire-là. Et qu’on commence maintenant à bâtir la Côte d’Ivoire qui se pardonne, elle-même.

Retranscrits par Jean- Antoine Doudou
(Source RFI)
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