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Politique Publié le jeudi 5 mai 2011 | Le Nouveau Réveil

Professeur Vakaba Touré (vice-président du Pdci-Rda) : Solution d`avenir pour la Fesci : la banalisation

Depuis la chute du régime de la refondation intervenue dans notre pays, la question de la survie d'un de ses bras séculiers, la FESCI, se pose avec acuité et pour cause. Nul n'ignore combien l'organisation- qui n'avait plus d'estudiantin que de nom-avait pris de l'ascendant sur toutes les organisations de jeunesse affiliées au FPI, que ce soit la jeunesse officielle du FPI de Konaté Navigué ou même la COJEP de Charles Blé Goudé. Au point de se muer en section du FPI. Leurs parrains partis, c'est à juste titre que " Le Nouveau Réveil " pose le problème de leur avenir : la FESCI doit-elle survivre à ses maîtres ? Nous livrons notre perception du problème posé par cette organisation qui, pendant dix ans a défrayé très négativement les chroniques.

L'État des lieux
L'histoire de la FESCI et du FPI me rappelle étrangement la légende de l'apprenti sorcier. Les refondateurs en créant ce qui était devenu un monstre entre leurs mains, espéraient bien au départ, s'en servir contre l'opposition, dans le milieu universitaire. Mais au fil du temps, ce monstre les déborda totalement, pour s'imposer comme élément incontournable dans le système de la refondation, sa philosophie, ses méthodes et ses règles. La FESCI était devenue un véritable État dans l'État, avec ses lois, son fonctionnement et sa logique. En tant que telle la FESCI :
Percevait des taxes et des patentes sur tous les commerces installés sur le campus et aux alentours.
Exigeait des étudiants boursiers le versement d'une " contribution " obligatoire sur leurs bourses " faire face aux frais d'organisation de la défense des intérêts des étudiants " !
Disposait d'un quota de chambres dans les cités universitaires, chambres dont elle encaissait les loyers, des chambres dont elle disposait à sa guise, le seul critère d'attribution étant l'appartenance à la FESCI ; aucune exigence de résultat scolaire ; on comprend pourquoi il existait des étudiants professionnels, d'autres qui passaient dix ans en licence. Par ailleurs, il était loisible à l'organisation estudiantine d'attribuer les chambres à des civils, jugés plus solvables et prêts à payer des loyers conséquents pour disposer des chambres, toujours moins coûteuses qu'en ville.
Exigeait des passagers de certains bus de la Sotra, bien en règle avec la société de transport, de s'être acquittés auparavant de la taxe FESCI de 1000 francs par mois, sans quoi ils étaient refoulés, et cela personne n'y pouvait rien. C'était le cas à Abobo.
Disposait des commerces, des kiosques et des débits de boisson sur le campus
Interférait, chose plus grave, dans les actions du gouvernement, comme ce fut le cas en 2001. Nommé ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique, le professeur Séry Bailly crut bien faire en décidant l'évacuation des cités universitaires en vue d'une réhabilitation. Bien qu'ayant obtenu l'accord du gouvernement, le ministre se heurta à l'opposition farouche de la FESCI, qui a estimé n'avoir pas été consultée. Le projet ne vit jamais le jour, le Président Laurent Gbagbo, de l'étranger où il était en visite, avait lui-même intimé l'ordre à son ministre de renoncer à son projet, pour éviter de déplaire à la FESCI !
Avait le droit de vie et de mort sur leurs camarades. Le pauvre jeune étudiant Dodo en a fait les frais. Pour avoir voulu créer une association indépendante de la FESCI, il a été proprement assassiné, par pendaison, sans que ce crime odieux soit suivi de la moindre enquête.
Disposait dans certaines cités, d'un tribunal et d'une prison. Tel était le cas de la Cité rouge
Bénéficiait d'un quota de places à tous les concours d'État (ENA, Police, Gendarmerie, Douane, Grandes Écoles publiques…). Les heureux bénéficiaires n'étaient pas soumis aux épreuves desdits concours. Ils intégraient directement ces écoles.
On n'oubliera pas de si tôt les comportements odieux de la FESCI envers les enseignants. Assurés de l'impunité la plus totale, les membres de la FESCI n'avaient aucun respect pour leurs maîtres envers qui ils éprouvaient un mépris souverain. Ne se gênant pas le moins du monde, ils pénétraient dans les salles de classe pendant les cours qu'ils interrompaient sans un regard pour le professeur, et passaient leurs messages. Gare à l'enseignant qui osait élever la moindre protestation ; il était copieusement rossé, humilié. Sans aucune suite pour les auteurs des mauvais traitements infligés aux professeurs. On ne compte plus le nombre d'enseignants victimes de la barbarie de la FESCI. Certains collègues gardent encore les traces des brutalités subies par cette organisation démoniaque.
Les derniers événements que nous venons de vivre montrent que la FESCI était devenue une véritable milice armée au service du pouvoir FPI. Les cités universitaires étaient devenues des poudrières et des caches d'armes. Bref, en un mot comme en cent, la FESCI n'avait plus rien d'universitaire, et son nom rime avec violence, vol, viol et crime.

ET MAINTENANT ?
Le bref survol qui vient d'être dressé du comportement de la FESCI, confirme bien le fait que cette structure était devenue un danger national et un très mauvais exemple pour la jeunesse ivoirienne. Une organisation qui foulait les institutions de la République au pied. La FESCI était devenue un structure sans loi, qui pouvait se permettre sans conséquence, de voler, de violer, de tuer.
Il est bien évident que l'on ne saurait la laisser jouir de la liberté de nuire dont elle disposait auprès du régime défunt qui avait baissé les bras devant elle. " C'est nous qui avons installé Gbagbo au pouvoir ", claironnaient sans ambages, les militants de cette organisation infernale.
Maintenant que le régime FPI a chuté, maintenant que la FESCI est orpheline, privée de ses soutiens politiques, économiques et administratifs, la question de la survie de la FESCI se pose avec acuité, notamment, faut-il supprimer cette organisation ? A première vue, la réponse serait oui, et pour cause. La FESCI a causé un tel traumatisme dans le Pays, elle a véhiculé une image tellement négative de sa nature, que sa dissolution ferait pousser un grand ouf de soulagement à énormément de monde. Et ce serait normal. Mais nous souhaiteront livrer une autre perception de la solution au problème de la FESCI.

Éviter la victimisation
de la FESCI
En nous référant à l'expérience vécue en 1992, année où la structure estudiantine avait été dissoute, parce que responsable de l'assassinat de l'étudiant Thierry Zébié. Cette mesure a plutôt abouti à un regain d'activité et de popularité de la FESCI, aucune mesure d'accompagnement n'ayant suivi la dissolution. Les membres continuaient à occuper les chambres dans les cités, paradaient au vu et au su de tous, en arborant des teeshirts frappés de leur logo et de l'emblème de l'association. Par la suite, le Président Bédié devenu Président de la République, a rétabli la FESCI dans ses droits.
La dissolution de la FESCI qui semble être la solution qu'affectionnent de nombreux compatriotes que nous avons consultés, ne semble pas la mesure la plus efficace à notre sens ; elle présenterait plus d'inconvénients que d'avantages, et pour cause :
1- La victimisation ; il faut l'éviter, car l'expérience nous enseigne que le peuple a toujours éprouvé de la compassion pour les organisations frappées de mesure de dissolution, de suspension. La Côte d'Ivoire est un pays de droit. Elle reconnaît par conséquent le droit d'association. La FESCI a une existence légale par rapport à la législation sur les associations. Sa dissolution ne peut intervenir que par acte de justice pour délits graves indiscutablement avérés
2- Au moment où tout le monde parle de réconciliation, une mesure de dissolution ne nous paraît pas judicieuse.
3- Risque de clandestinité : la dissolution de la FESCI rejetterait cette formation dans la clandestinité comme en 1992. Elle ferait plus de mal que de bien, à notre sens. Il faut éviter les erreurs de 1992. Obligeons la FESCI à fonctionner à visage découvert.
Par contre, tout en l'autorisant à exister, il est possible de rendre la FESCI moins nuisible, en la ravalant au rang de n'importe quelle association d'étudiants. Cela est possible par des textes légaux bien précis et des mesures administratives adéquates.

Mesures adéquates
1- Suppression du principe de l'attribution de quota de chambres aux organisations d'étudiants
2- Élimination de toutes les organisations estudiantines de la gestion des loyers des chambres, puisque seuls les agents du trésor public sont habilités à le faire, parce qu'assermentés et sont responsables devant une hiérarchie.
3- Interdiction à toute organisation d'étudiants de percevoir des taxes sur les campus.
4- Interdiction à tout étudiant de disposer d'un commerce sur les campus. Veiller à se donner les moyens pour déceler les prête-noms éventuels.
5- Interdiction de percevoir des " contributions " sur les boursiers de l'État

Mesures administratives : De la représentation des étudiants dans les instances universitaires.
1- En se référant aux textes régissant les associations, autoriser la création de toutes les organisations d'étudiants qui rempliront les conditions. La FESCI n'aurait plus l'exclusivité de la création d'association.
Favoriser également la création des Clubs. Ce sont des groupes d'étudiants ayant le même centre d'intérêt, sans être des syndicats : Club littéraire, Club scientifique, Club photo, Club anglais, Club histoire, Club géographie, etc. Avant l'avènement de la FESCI, les clubs étaient très actifs et participaient efficacement à l'animation culturelle de l'enseignement supérieur. Tel était le cas de l'École Normale Supérieure (ENS) où le Club littéraire a réussi à inviter un artiste comme le Camerounais Francis Bebey, où le Club anglais a organisé plusieurs sorties sur le Ghana, le Club sciences a organisé des visites des usines de la place. Toutes ces organisations ont été étouffées par la FESCI, à leur arrivée dans le monde universitaire.
2- Faire fonctionner réellement les Conseils de discipline selon les textes existants sur les conseils des UFR et des universités, toutes choses qui avaient été laissées aux oubliettes par le régime défunt.
3- Redéfinir par des textes conséquents le mode de représentation des étudiants dans les assemblées d'UFR et des universités. Dans un souci de bonne collaboration avec les étudiants, il serait hautement souhaitable de les faire participer à la vie des UFR et des universités, avec voix consultative. Les représentants des étudiants devront être l'émanation de leurs pairs. Le meilleur moyen de s'assurer de cette réalité c'est de faire les choix à parti des groupes de travaux dirigés des étudiants (TD). Un groupe de TD peut compter entre 20 et 50 étudiants ; une année peut compter 10 à à15 groupes de TD. Ou même plus avec l'explosion des effectifs de ces dernières années. Les groupes de TD élisent leurs représentants, qui, à leur tour éliront le président de l'année d'étude, interlocuteur de l'Administration ; il formera son bureau formé à partir des délégués de groupes de TD ; ainsi, on aurait par discipline, le président de DEUG 1, le président de DEUG 2, de licence, de maîtrise. Lesquels présidents éliront le président de l'UFR, admis à siéger au Conseil de l'université avec voix consultative.
Sous le régime du RHDP, qui fait de la compétence son souci majeur, qui bannit la complaisance, le népotisme et le favoritisme, on fixera les conditions d'éligibilité de façon très stricte ;ainsi, pour pouvoir faire acte de candidature :
En DEUG 1, n'avoir jamais redoublé la terminale
En DEUG 2, n'avoir pas redoublé ni en DEUG 1 ni en DEUG 2
En licence, n'avoir aucun redoublement à son passif
En maîtrise, idem que ci-dessus.
Toutes ces conditions seront complétées par l'exigence d'absence de sanctions disciplinaires.
En somme, les camarades devront être représentés par des modèles de travail, de courage, de compétence et de bonne conduite.

Critères d'attribution des chambres et des bourses
C'est bien connu, le nombre de chambres est très inférieur à l'effectif des étudiants. On parle de 15 à 20000 chambres pour plus de 60000 étudiants. Cette réalité exige des conditions extrêmement strictes et sévères dans l'attribution des chambres.
Le même souci de compétence dans les études doit présider aux conditions fixées pour l'attribution des chambres dans les cités universitaires. Les chambres devront être attribuées selon les critères semblables à celles énoncées pour les étudiants candidats pour être délégués de TD. DEUG 2 ans ; licence 1 an ; maîtrise 1 an. Le nombre d'années passées dans une chambre ne devra pas excéder de plus d'un an la durée normale du cycle où l'étudiant est inscrit. Ce sera le meilleur moyen d'éliminer les étudiants professionnels.
Pour ce qui concerne les bourses, les règles en vigueur pourraient être reconduites, mais elles devront être appliquées avec beaucoup de rigueur et de sérieux, sans complaisance.
En ce qui concerne la présente contribution, il est bien évident qu'il s'agit ici de pistes de réflexion et de propositions qui demandent certainement à être affinées, amendées ; toutes les suggestions devront à notre sens converger vers un souci majeur, la compétitivité et la compétence, pour permettre aux étudiants d'être opérationnels très tôt, éviter d'avoir affaire à des diplômés sortis de l'université cinq ans seulement avant l'âge de la retraite.
En conclusion, nous disons qu'il nous faut éviter de nous faire peur avec la FESCI et ne pas donner à cette association plus d'importance qu'il ne faut. La structure tirait son pouvoir absolu du laxisme du régime défunt. Avec le nouvel esprit insuffler par le RHDP et avec le Président Ouattara, elle devra se soumettre ou disparaître. Ses maîtres ne sont plus là. On a coutume de dire selon un adage bien connu, que " si on enlève la tête d'un serpent, son corps peut servir de ceinture ".
Les textes qui seront proposés dans le cadre de la réhabilitation de l'École ne visent nullement une structure particulière, ces textes seront impersonnels. Ils viseront l'émergence des meilleurs, des plus compétents. La FESCI, jusque-là n'a pas démontré qu'elle avait pour la compétence et la qualité dans les études, un goût et des dispositions particulièrement prononcés. Avec le système du RHDP, il lui faudra faire sa mue, si elle veut emprunter le tarin de la renaissance de la Côte d'Ivoire, le train de la prospérité, que le Président Alassane Dramane Ouattara est en train de conduire vers la réussite et la reconquête de la place de notre Pays parmi les grands de ce monde. C'est tout le malheur que je souhaite à l'ex formation de Charles Blé Goudé.
Pr Vakaba TOURE
Vice-président de PDCI-RDA
Mobile : 66192046
Mail : vakabatoure@gmail.com
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