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Politique Publié le lundi 9 mai 2011 | Soir Info

Rentré d`exil hier, Youssouf Bakayoko se prononce

Youssouf Bakayoko, président de la Commission électorale indépendante (Cei) est rentré, hier dimanche 8 mai 2011, tôt le matin, de son exil français. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il se prononce, entre autres, sur l'assignation en résidence de l'ex-chef d'Etat, Laurent Gbagbo, la reconnaissance par le Conseil constitutionnel des résultats présidentiels proclamés par la Cei, la mise en place de la commission dialogue, vérité et réconciliation et la procédure judicaire ouverte à l'encontre de Gbagbo.

Quel sentiment vous anime, au moment où vous regagnez la Côte d'Ivoire, après cinq mois exil ?

Youssouf Bakayoko : Je suis pris d'émottions, en retrouvant Abidjan et tous les visages connus. Je dois dire que cinq mois après j'ai quitté la Côte d'Ivoire dans les conditions que tout le monde sait, cinq mois après que j'ai donné le résultat des élections au cours desquelles les Ivoiriens ont exprimé, clairement leur choix, celui du président de la République, M. Alassane Ouattara, cinq mois après cela, que de peine, que de souffrances inutiles, pour les Ivoiriens. Celui qui se serait écrié, il y a cinq mois, pourquoi attendre tant de temps, pour arriver au même résultat, marqué par la proclamation des résultats définitifs, antérieurement donnés par la Commission électorale indépendante ( Cei). Lesquels résultats sont aujourd'hui marqués par la prestation de serment du Président de la République ! On doit se dire, il fallait, peut-être, pour atteindre ce but, que tant de souffrances, tant de peine jalonnent
l'histoire de pays. Mais, je pense que l'espérance qui était promise, pouvait agir, sans ces souffrances inutiles. Mes premières pensées vont vers ceux qui nous ont quitté. C'est grâce à eux que finalement, la Côte d'Ivoire retrouve le droit chemin. Mes pensées vont également vers ceux qui ont souffert, de façon diverse, de cette crise. Ceux qui ont été les fers de lance de cette transition qui n'avait que trop duré. Aujourd'hui, il nous faut regarder l'avenir avec optimisme. Il nous faut accompagner le président choisi par les Ivoiriens, Alassane Ouattara dans l'accomplissement de cette noble tâche qui lui est confiée, pour que le pays retrouve ses marques et avance vers un développement économique malheureusement interrompu. Voilà mes premiers sentiments.

Le Conseil Constitutionnel vient de proclamer Alassane Ouattara président élu de la République de Côte d'Ivoire. Cette décision vient confirmer votre verdict du 2 décembre 2010. Que vous inspire cela ?

Y. B : La commission électorale indépendante, avait proclamé, le 2 décembre 2010, les résultats qui sont maintenant confirmés, par le Conseil Constitutionnel. Cinq mois après, chacun se rend à l'évidence, aujourd'hui que c'est avec professionnalisme que la Commission électorale indépendante s'est acquittée de sa tâche. Sur la base du respect du serment prêté par l'essentiel de ses membres qui ont une claire conscience de rendre compte, fidèlement, du vote émis par le peuple ivoirien.

Vous sentez-vous, aujourd'hui, soulagé par le fait qu'enfin, le Conseil Constitutionnel a confirmé les résultats proclamés par de la Cei ?

Y. B : Je crois que l'on ne peut qu'apprécier que le conseil constitutionnel ait accompli cet acte qui est conforme au choix des Ivoiriens. Le Conseil constitutionnel a compris qu'il ne faut pas se substituer au peuple de Côte d'Ivoire. Car, s'il est gardien de la constitution, il sait bien que la constitution ne donne pouvoir qu'au peuple de choisir le Président de la République. Il faut donc considérer que ce que le Conseil constitutionnel vient de faire, est la reconnaissance du vote émis par le peuple de Côte d'Ivoire. C'est en outre la reconnaissance du travail réalisé par la Commission électorale indépendante.

Le siège de la Cei a été la cible des vandales. Votre bureau a été saccagé et pillé. Quelle explication avez-vous face à cet état de fait ?

Y. B : Nous avons connu une transition pénible qui n'aurait pas dû exister, si chacun avait été habité d'une certaine dose de sagesse et de respect du peuple. Ces actes de vandalismes perpétrés contre la Cei sont condamnables et ils me désolent profondément. Parce que la Cei n'est qu'un organe chargé de rendre compte du choix des Ivoiriens. Ce n'est pas la Cei, en tant que telle, qui décide. C'est le peule qui décide du choix du président de la République, au terme de notre constitution. Je regrette qu'il y ait beaucoup de mélange du genre et que l'on considère qu' en accomplissant des actes de vandalisme, on va réduire la capacité de la Cei à rendre compte de ce qui va se passer. Il est exclu que la Cei baisse les bras. Nous allons continuer notre travail dans le sens que nous avons exécuté jusqu'à présent, pour que, à chaque fois qu'un vote sera fait, nous soyons en mesure de rendre compte fidèlement, du choix opéré par
les Ivoiriens. Nous allons faire une évaluation des dégâts matériels à la Cei, voir ce qu'il faut rapidement mettre en place. Parce que les prochaines échéances électorales attendent. Il faut donc aller très vite pour être au rendez-vous de ces échéances.

Peut-on avoir une date approximative de ces prochaines échéances électorales ?

Y. B : Compte tenu des dégâts que nous avons constatés, je ne peux pas donner une date approximative des prochaines élections. Nous allons suivre la ligne établie. Le chef de l'Etat l'a rappelé récemment. Une chose est sûre. Le processus électoral n'est pas achevé. La Commission électorale, pour sa part, est prête à agir, avec professionnalisme, dans le sens de ce qui doit être sa mission. C'est à dire, faire en sorte que les Ivoiriens puissent faire confiance à un organe aussi central que la Commission électorale indépendante.

Avez-vous maintenu le contact avec vos collaborateurs, notamment les commissaires de la Cei, lors de votre exil afin de reprendre rapidement le travail ?

Y. B : Nous sommes en contact permanent. Vous remarquez ici, à côté de moi, la présence du porte-parole de la Cei, ( Ndlr Bamba Yacouba). Evidemment, nous allons, très bientôt, reprendre, pleinement nos activités dans un contexte nouveau. La situation que nous avons vécue va peut-être laisser quelques tâches. Nous allons donc reprendre notre travail, mais il y a un préalable. Nous n'allons pas aller au bureau sans aucun matériel de travail. On ne peut pas aller au bureau si on n'est pas en mesure de faire le travail pour lequel nous sommes-là. Nous sommes tous conscients de l'importance des échéances à venir et nous sommes conscients que rapidement, autant que possible, de faire ce que nous avons à faire.

La commission dialogue, vérité et réconciliation sera installée bientôt. Mais en même temps, certains Ivoiriens estiment qu'il ne faut pas traduire en justice ceux qui sont responsables ou impliqués dans des faits jugés crimes. Pensez-vous qu'il faut faire payer à ceux qui ont posé ces actes ?

Y. B : Je ne peux pas me substituer à la justice. Je crois que sur ce plan, le président de la République a pris un certain nombre de disposition que le gouvernement s'attache à appliquer. Chacun mesure la gravité des actes qui ont été posés. Mais, il appartient à la justice de démêler tout cela… La commission qui a été créée vise aussi la réconciliation, qui, à mon avis, est un pan important pour l'avenir de ce pays. Cette commission est importante. Il y a eu des précédents, notamment, en Afrique du sud et dans d'autres pays, certainement. Nous devrions faire confiance au président de cette commission, l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny et aux collaborateurs qu'il va choisir, pour accomplir cette mission. Nous pouvons espérer que ceux qui ont souffert vont se sentir totalement satisfaits du travail qui va être accompli. Parce qu'il est important que ceux qui ont été victimes de cette transition extrêmement
pénible et inédite, doivent comprendre que la commission ne va pas travailler contre eux.

Quels commentaires vous inspire l'assignation en résidence, notamment à Korhogo, de l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo ?

Y. B : Je n'ai pas de commentaire spécifique à faire relativement à cette assignation à résidence. Je considère que les conditions de son départ expliquent la situation dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Je sais, par ailleurs, que, déjà, le tribunal a ouvert une enquête dont il faut attendre les résultats avant de se prononcer. Je crois qu'il serait prématuré de ma part de dire qu'elles vont être les conclusions de cette enquête. J'espère simplement que tout ceci va participer à la clarification, qui est nécessaire, au renforcement des liens entre les Ivoiriens, mais aussi, au fait que la justice va s'exprimer pleinement. Si non, ceux qui ont été victimes de toute cette situation ne comprendraient…

La crise post-électorale a renforcé le doute de certains Ivoiriens quant à la l'indépendance de la Cei. Vous êtes revenu reprendre le travail là où vous l'avez laissé. Avez-vous un message à l'endroit de ces Ivoiriens ?

Y. B : Je crois qu'à l'occasion de la cérémonie de prestation de serment, le président de la République l'a rappelé. Il faut des Institutions fortes et indépendantes. Je crois aussi que la Cei a prouvé son indépendance, le 2 décembre 2010 en proclamant les résultats qui sont sortis des urnes et donnent vainqueur M. Alassane Ouattara. Sur la base de cela, les Ivoiriens doivent comprendre que la Cei est véritablement une commission indépendante. Toute l'histoire qui a conduit à la création de cette commission exprime la volonté de ceux qui l'on mise en place, de parvenir à une indépendance vis-à-vis de l'administration et des partis politiques. C'est ce que nous avons fait et c'est ce qu'entendons faire pour les échéances à venir. Je voudrais donc dire aux Ivoiriens qu'ils peuvent faire confiance à la commission électorale indépendante. Nous allons continuer de travailler de façon professionnelle. La Cei comprend le message des
Ivoiriens, qui veulent une vie démocratique sincère, juste, où ils peuvent choisir leurs représentants en toute transparence. Ils peuvent donc nous faire confiance et nous serons toujours fidèles aux choix qu'ils auront fait.
Réalisée par Armand B. DEPEYLA
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