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Politique Publié le jeudi 12 mai 2011 | L’Inter

Depuis son exil un élément des Forces spéciales de Gbagbo parle : "Nos chefs ont trompé Gbagbo" - "Voici où se trouvent nos camarades" - "Le deal qu`on faisait avec les Forces nouvelles"

© L’Inter Par Prisca
Ecole nationale de police: 1.537 nouveaux policiers de la promotion 2010-2012 présentés au drapeau, en présence du ministre Désiré Tagro
Lundi 26 juillet 2010. Abidjan, Ecole nationale de police (Enp). 208 recrues féminines, 15 élèves commissaires, 200 officiers et 1.323 sous-officiers, instruits sur la valeur du drapeau national.
Au lendemain de la chute brutale du président Laurent Gbagbo, qui a eu lieu le lundi 11 avril dernier, ils sont nombreux, les Ivoiriens, proches de l`ancien régime, qui ont trouvé refuge au Ghana pour éviter d`être la cible d`éléments armés. Parmi ceux-ci, figurent, en majorité, des personnalités politiques mais aussi militaires, ainsi que des miliciens dévoués à la cause de l`ex-président Laurent Gbagbo. Pour des raisons de sécurité, ces derniers mènent une vie discrète, loin des regards, sur leur nouvelle terre d`accueil. C`est le cas de cet ancien combattant pro-Gbagbo, rencontré en terre ghanéenne, qui a accepté, après insistance, de s`ouvrir à nous sous le couvert de l`anonymat. Cet entretien au pied levé, il nous l`a accordé dans la petite ville de ``Half Assinie`` au hasard dans un bistro où il a attiré notre attention alors qu`il conversait en français, dans ce territoire anglophone, avec un interlocuteur. Méfiant à notre égard (il a même menacé de nous livrer à la police ghanéenne), il a fini par se résigner à nous parler, non sans s`être laissé convaincre qu`il ne court aucun danger, étant donné qu`il était entré légalement sur le territoire du Ghana. Entretien...

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Pour des raisons évidentes de sécurité, je ne vous autorise pas à publier mon identité à vos lecteurs. Mais sachez que j`appartiens à une force d`élite qui a combattu pour le maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir.

Quelle est exactement cette force d`élite?

On est connu sous le sigle de ``BS``, c`est-à-dire Brigade Spéciale.

Qui sont ceux qui composent cette force?

On y trouve un peu de tout. Des militaires comme des personnes formées sur le tas. On a été mis à la disposition des services de renseignements généraux pour des tâches bien précises.

Que faites-vous en territoire ghanéen?

Posez la question à Sarkozy.

Pourquoi à lui?

Parce qu`il a chassé Gbagbo du pouvoir.

Mais Gbagbo a perdu les élections...

Epargnez-moi ce débat.

Où étiez-vous au moment de la reddition de Laurent Gbagbo?

Deux jours avant, le Woody nous a réunis et nous a demandé de rentrer chez nous. C`est ce que nous avons fait.

Mais il y a eu des combats jusqu`au dernier jour de sa capture...

C`est ce qu`ils veulent faire croire. Sinon leur intention, c`était de tuer Gbagbo.

Mais pourquoi ne l`ont-ils pas fait?

Justement parce que tout était filmé. Les caméras des grandes chaînes de télévision étaient derrière les militaires français. Donc cette présence de journalistes a beaucoup gêné.

Qu`est-ce qui explique votre débâcle lors des combats contre les forces républicaines?

Je pense que vous me donnez l`occasion de dénoncer nos chefs militaires. En réalité, c`est l`argent qui a désorganisé l`armée. Imaginez qu`en pleine guerre, nos chefs étaient préoccupés à éventrer les coffres-forts de ministères et des banques plutôt qu`à organiser la défense des institutions de la République dont le Palais présidentiel. Je suis véritablement révolté de leur comportement. Ils ont trompé Gbagbo pour s`enrichir.

Comment êtes-vous arrivés au Ghana et que comptez-vous faire?

J`ai marché avec mon garde du corps de Port-Bouët jusqu`à Adiaké en suivant le bord de la mer. Arrivé là, nous avons emprunté une pinasse pour débarquer à ``Jo Warf`` et marché jusqu`à ``Half Assiny``. Pour le moment, je me repose et j`attends de mettre de l`ordre dans mes idées avant de décider.

De quoi vivez-vous?

Des amis m`ont fait venir de l`argent de l`étranger. Et comme les banques sont ouvertes à Abidjan, mes frères d`armes restés sur place peuvent me faire des mandats. J`ai assez d`argent enfoui à différents endroits de la commune du Plateau. C`est notre butin de guerre. Et je peux vivre de ça sur dix ans au moins.

Il se dit que vous préparez quelque chose à partir du Ghana...

(Rire) Le Ghana a un service de renseignement très efficace. Ce pays ne peut autoriser cela.

Etes-vous en rapport avec d`autres militaires?

Certains sont en Angola, d`autres en Guinée Equatoriale. Je compte me rendre dans l`un de ces deux pays. Ce sera plus sécurisant.

Mais le Premier ministre Guillaume Soro vous appelle à rejoindre les rangs des Forces républicaines de Côte d`Ivoire...

Les autres peuvent partir. Mais nous sommes un certain nombre qui ne sommes pas dans les fichiers de l`armée régulière.

Vous êtes donc des mercenaires ou des miliciens?

On travaillait pour la République. Moi, j`ai fait l`université. En 2005, on m`a formé pour appartenir à une force d`élite. Et on était respecté. Vous avez vu comment on a inquiété les Français et les hommes de Soro? Nous sommes des guerriers.

Que pensez-vous de la réconciliation prônée par le président Ouattara?

C`est une bonne chose. Et je pense qu`on n`a pas de raison de nous entretuer. Je vous fais une confidence : nous, on avait des ``deals`` avec nos ennemis venus de Bouaké. Souvent, quand on arrachait des véhicules pendant les affrontements, on les remettait aux Forces nouvelles. Ceux-ci allaient les revendre au Burkina et on se partageait l`argent. En tout cas, je veux tourner la page et refaire ma vie. Il faut fermer cette parenthèse qui n`honore pas les Ivoiriens.

Entretien réalisé par Bertrand GUEU
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