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Politique Publié le mardi 17 mai 2011 | Soir Info

Reportage Investiture du président Alassane Ouattara Yamoussoukro, le grand bain · Comment les populations s’organisent

© Soir Info Par Emma
Economie - La Côte d`Ivoire accueille la 45ème Assemblée annuelle de la BAD et la 36ème Assemblée annuelle du FAD, les 27 et 28 mai
La 45ème Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) et la 36ème Assemblée annuelle du Fonds africain de développement (FAD) se tiendront à Abidjan les 27 et 28 mai. Photo: la Basilique de Yamoussoukro
Après la longue et douloureuse crise post-électorale en Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, prendra effectivement les rênes du pouvoir d’Etat le samedi 21 mai 2011. Au cours d’une cérémonie qu’on annonce déjà splendide et mémorable, le président de la République qui a prêté serment le vendredi 6 mai dernier à Abidjan, sera investi à la fondation Félix Houphouët- Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro. Et cela, devant un parterre de personnalités nationales et internationales. Pour la circonstance, la capitale politique ivoirienne fait son grand bain…à tous les niveaux.

L’événement qui s’annonce grandiose, se déroulera en présence de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement, africains et occidentaux. 67 invitations ont été adressées à ces personnalités au nombre desquelles, le président français Nicolas Sarkozy qui est très attendu à Yamoussoukro. Aux dernières nouvelles, le chef de l’Etat français aurait confirmé sa présence au pied de la Basilique notre Dame de la paix. Il pourrait être installé dans le Giscardium (du nom de l’ancien président français Valérie Giscard D’estaing) qui est l’un des salons huppés de la résidence de feu le président Félix Houphouët-Boigny. Plusieurs chefs d’Etat africains dont Abdoulaye Wade du Sénégal, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Issouffou Mahamadou du Niger, Faure Gnassingbé du Togo, Amadou Toumani Touré du Mali et John Atta Mills du Ghana, effectueront le déplacement de Yamoussoukro. Ils seront accueillis pour la plupart, par le Premier ministre ivoirien et les présidents d’Institution. A cet effet, le comité d’organisation est à pied d’œuvre pour offrir un spectacle qui honore le peuple ivoirien et les nouveaux dirigeants du pays. Au plan local, autorités administratives, élus et cadres du département ont mis en place, un comité d’organisation, depuis le jeudi 28 avril dernier, avec à sa tête le préfet de région, André Ekponon Assoumou. Depuis lors, les 17 commissions locales dudit comité n’ont de cesse de mobiliser leurs efforts en vue de garantir le succès de l’événement par des actions de proximité visant à la mobilisation et la sensibilisation des populations. Parmi les principaux acteurs se trouvent outre le préfet, la ministre Jeanne Peuhmond, le gouverneur du district, Dr. Augustin Thiam ‘’Nanan Boigny N’dri III’’ (il est par ailleurs le chef canton des «Akouè») et le 1er magistrat de la ville, le maire Kouakou Gnrangbé Jean. Ce trio qui assiste harmonieusement les actions du représentant du chef de l’Etat à Yamoussoukro, entend contribuer très efficacement à donner l’éclat qu’il faut à la cérémonie. Les aspects prioritaires à prendre nécessairement en compte sont, entre autres, ceux portant sur la sécurité, la mobilisation, l’hébergement et la restauration des invités qui s’annoncent déjà assez nombreux. En plus de ces leaders cités plus haut, les jeunes du Rhdp avec à leur tête, Yaya Ouattara (Rjr), Ben Ahui N’guessan (Jpdci) et Konan Raphaël de la Judpci demeurent les piliers de la mobilisation sur le terrain. Ce sont eux qui, sous l’impulsion de leurs aînés, traduisent en actes concrets la volonté politique du nouveau chef de l’Etat.

La grande toilette

Pour l’occasion, la ville natale de feu le président Houphouët-Boigny a décidé de faire peau neuve. Ainsi, plusieurs infrastructures de référence telles: la fondation (lieu retenu pour abriter la manifestation), les 02 réceptifs hôteliers appartenant à l’Etat, les hôtels «Président» et «Parlementaire» et la «villa des hôtes», résidence officielle du président de la République ainsi que plusieurs autres édifices font en ce moment, l’objet de travaux de réhabilitation. De jour comme de nuit, des techniciens sont constamment sur les différents chantiers soit pour revoir l’électricité, soit pour retoucher les imperfections et autres défaillances au niveau de l’étanchéité, notamment côté hôtel Président. Pour l’essentiel, tout se passe assez bien, selon les informations dont nous disposons, de sources proches desdits travaux. ‘‘Les résultats des travaux seront livrés avant l’échéance du 21 mai prochain’’ , nous a-t-on rassuré de ce point de vue. Pour tout dire, la capitale politique veut se vêtir de ces plus beaux habits lors de ces festivités, et c’est bien un grand bain qu’elle prend actuellement. Car, de ce point de vue, rien ne semble être fait au hasard. Tous les abords des rues font l’objet d’un grand lessivage. Les broussailles qui encombraient la cité des lacs sont en train d’être dégagées, grâce à la forte mobilisation de quelque 500 jeunes volontaires payés à raison de 2.000f par jour et par personne. Ces jeunes gens ont pour mission de nettoyer les points stratégiques de la capitale. Il s’agit notamment des environs de la fondation, de l’hôtel le Président, de la voie ralliant l’aéroport international. Selon le maire de commune, Kouakou Kouadio Gnrangbé Jean, président de la commission locale de salubrité, c’est une superficie de près de 300 hectares qui sera nettoyée. Du côté de Koussoussou, où se trouve installé le corridor sud, tout a été entièrement rasé dès l’arrivée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Il s’agit par cet acte, de permettre une plus grande fluidité routière pour les automobilistes, mais aussi et surtout d’assurer la sécurité à travers une plus grande visibilité. Ces actions ont pour effet de donner à «la ville des lumières», son lustre des moments où vivait feu Houphouët Boigny. Toujours dans cadre de ce toilettage, on s’atèle à faire disparaître les traces des dégâts causés par la crise post-électorale. Les commissariats incendiés sont en plein chantier et les travaux sont presque achevés pour le grand bonheur de la police et des populations qui ont besoin de se faire établir des papiers. Par ailleurs, les sociétés de nettoyage, bien que restant devoir des arriérés de salaires à leurs employés, sont toujours présentes sur le terrain et n’ont pas arrêté de travailler malgré la crise. Ainsi, les rues restent constamment propres notamment sur les artères principales de la capitale politique. Certaines rues abandonnées depuis des lustres, sont en chantier et de grosses machines sont à pied d’œuvre pour leur redonner vie. C’est le cas notamment à Dioulabougou, un des quartiers populaires de la ville qui, par la force des choses, sera le lieu de rendez-vous du monde entier, car abritant la fondation Houphouët Boigny.

Forte mobilisation des populations

Si le comité d’organisation s’active, les populations locales n’en demeurent pas moins vaillantes. Chacun se prépare à sa façon, pour vivre des moments intenses de joie et de gaieté. En première ligne, se trouvent les militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Mais dans l’ensemble, les habitants de la cité des lacs se mobilisent, sans considération de l’appartenance politique. Car, à Yamoussoukro, on pense que la manifestation de ce 21 mai reste une fête populaire plutôt qu’une cérémonie à caractère uniquement politique. Et les groupes de femmes des différentes communautés donnent de la voix. Au dire de ces dernières, le temps n’est plus aux palabres inutiles. ‘‘Il faut s’unir autour des nouvelles autorités du pays pour rebâtir une Côte d’Ivoire nouvelle dans la paix’’ , a indiqué Troh Christine, secrétaire des femmes Dan vivant sur place. Au cours d’une réunion tenue jeudi 12 mai dernier, ces femmes ont discuté des dispositions en vue de recevoir le président de la République, mais aussi de leurs parents qui viendront de l’ouest montagneux. Cette même ferveur autour de l’événement est à l’image de toutes les autres communautés autochtones, allochtones et allogènes vivant à Yamoussoukro. Pour se distinguer le moment venu, ces groupes de femmes entendent s’habiller dans des pagnes de leur terroir avec pour haut, des tee-shirts à l’effigie du président Ouattara. Quoiqu’il en soit, personne ne voudra se faire conter l’événement, et il n’est pas impossible que les populations de Yamoussoukro, à elles seules, fassent le plein des différents espaces prévus pour la cérémonie. Pour donner à cet événement une véritable allure de fête, plusieurs groupes de danses (traditionnelles et modernes) sont attendus. Le comité chargé de la question est à la tâche pour procéder à leur recensement. Il est prévu, pour se faire, deux méga concerts, selon Traoré Abdoulaye, président de la commission animation et mobilisation. L’on remarquera que le volontariat est de mise dans l’organisation de cette cérémonie d’investiture. En effet, selon des informations, les personnes voulant prendre une part effective à cette fête n’attendent pas grand-chose des commissions en place. Chacun s’est approprié la chose. C’est pourquoi, conscients qu’il y a des difficultés d’hébergement des invités, en raison de l’insuffisance des établissements hôteliers, les populations ont décidé de prendre des dispositions pratiques à l’effet d’y remédier. En effet, plus une seule chambre n’est disponible dans les hôtels de Yamoussoukro et des localités environnantes (Bouaflé, Tiébissou, Toumodi, Oumé, Sinfra, Bouaké...). Certains invités ont dû louer, pour ces quelques jours, des appartements afin de s’y loger. Quant aux coûts des chambres, ils ont connu une hausse sans pareille allant parfois jusqu’à 150%. Devant cet état de fait, la population locale a pris la décision d’ouvrir les portes des maisons et des cœurs pour recevoir et loger tout participant dans le besoin. Mieux, d’autres femmes se proposent de confectionner des plats pour leurs frères et sœurs venant des localités éloignées du pays. Des sites spéciaux sont en train d’être aménagés pour régler la question. Depuis vendredi 13 mai, des étudiants restés à l’Institut national polytechnique, malgré la suspension provisoire des cours, ont été priés de libérer leurs chambres afin de permettre de loger des invités. Outre l’Inp, les lycées et les collèges, ainsi que bien d’autres établissements scolaires, même ceux du primaire, feront aussi l’objet de réquisition. Selon Mathieu Kossonou, le directeur des études du Cafop supérieur, les étudiants ont dû interrompre leur second trimestre et libérer l’établissement en vue de répondre aux sollicitations du comité d’organisation. Des éléments du contingent ghanéen y seront logés. Les internes des lycée scientifique et Mamie Adjoua seront libérés, le mercredi 18 mai, pour rejoindre leurs parents ou tuteurs. Afin d’apporter leur part de soutien au comité national d’organisation, les cadres et élus de Yamoussoukro ont tenu, samedi 14 mai 2011, à la mairie, une réunion en vue de peaufiner les meilleures stratégies de mobilisation et de sensibilisation. Pour sa part, la compagnie «Sotra» qui se propose de faire, pendant 45 jours, une expérimentation de ses lignes, sera de la fête et aidera à transporter les invités qui en auront besoin aux côtés des nombreux cars et autres véhicules mobilisés à cet effet. Convaincus qu’ils feront de bonnes affaires pendant ces quelques jours, les opérateurs économiques, notamment les propriétaires et tenanciers de restaurants et maquis, se frottent déjà les mains à l’image d’autres acteurs commerciaux. Car la capitale politique vit au rythme de cette cérémonie considérée comme le point de départ de la Côte d’Ivoire nouvelle.

De l`aspect sécuritaire

Pour un tel événement où sont annoncés des chefs d’Etat et de gouvernement et non des moindres, sans oublier les responsables d’Institutions tant africaines que mondiales, il importe de veiller particulièrement à l’aspect sécuritaire, et les soldats du Commandant Tidiane Cheik des Frci, basés sur place à Yamoussoukro et le renfort qui devrait venir les appuyer, pourraient le faire sans grande difficulté. De ce point de vue, notons qu’à l’occasion de sa récente tournée dans la capitale, le ministre de l’Intérieur a exhorté la police à reprendre le chemin du travail tout en se mobilisant pour apporter leur contribution dans la sécurisation des festivités marquant l’investiture du chef de l’Etat. A cet effet, un véhicule de patrouille et un autre de transport des troupes ont été offerts aux forces de police. En retour, le chef de district de Yamoussoukro, le commissaire principal de police Dosso Siaka, au nom de ses hommes, s’est dit prêt à relever le défi en jouant leur partition. Dans le même ordre d’idées, alors qu’il s’adressait récemment aux éléments de la 3è légion de gendarmerie à Yamoussoukro, le général Kouakou Nicolas, Commandant du Centre de commandement intégré (Cci) a invité les ex-Forces de défense et de sécurité (Fds) à s’inscrire définitivement dans la vision de la nouvelle armée telle que souhaitée par les nouvelles autorités du pays pour le retour définitif de la paix. Pour Kouakou Nicolas, qui entend mettre un point d’honneur à la sécurisation de la manifestation du 21 mai 2011, cela est un «chalenge pour tous les agents en service à Yamoussoukro». Cependant, il est clair que la sécurité des biens est des personnes, sera aussi l’affaire des forces impartiales (Onuci et Licorne) dont la présence, bien que discrète, reste perceptible dans la ville même si pour l’heure, se sont essentiellement les forces républicaines qui sont à la tâche, en assurant non seulement le maintien de l’ordre par des patrouilles motorisées et pédestres dans la ville. Mais aussi, la sécurité des populations qui, du reste, ne trouvent jusque-là rien à redire. Notons que lors des différentes visites de la 1ère Dame, Mme Dominique Ouattara et des ministres Hamed Bakayoko et Marcel Amon Tanoh, nous avons pu observer que la présence discrète et dissuasive aux points stratégiques de la capitale ne souffre d’aucune critique majeure. Depuis au moins le jeudi 12 mai, tout le périmètre de la fondation Houphouët-Boigny se trouve bouclé. Seuls les véhicules possédant des laissez-passer sont autorisés à accéder à l’édifice. D’autres lieux sensibles de la ville sont régulièrement quadrillés afin de parer à toute éventualité. Il apparaît clairement que les soldats des Frci sont préoccupés par la sécurité des invités

Des problèmes non encore résolus

Dans l’organisation de tel événement, la perfection n’est pas toujours garantie et il se trouve encore quelques zones d’ombre qu’il faudra très rapidement corriger. Les rues qui longent la fondation sont parsemées de nids de poule qui, à maintes occasions, ont causé des accidents de circulation. Il est aussi à signaler que le défaut de clôture au niveau de l’édifice reste une préoccupation de taille. Car les bœufs, moutons et autres animaux domestiques divaguent dangereusement dans la cour. La question d’hébergement est un os dans la gorge des organisateurs quand bien même la réquisition des établissements scolaires pourra permettre de soulager le comité. Mais ce n’est pas le cas pour les autres points de difficultés. Toute chose que le ministre Amon Tanoh et le 1er ministre Guillaume Soro devraient régulariser pour la réussite de cette fête. Sans oublier qu’il y a lieu de rassurer les populations au sujet de ces rumeurs parfois très alarmistes, visant à dissuader les uns et les autres quant à leur participation effective à la manifestation. Un autre souci se rapporte à l’absence des agents des sapeurs pompiers militaires qui, pour le moment, sont sans activité. Qui assurera la sécurité médicale des invités de cette cérémonie? La question reste posée.

BAMBA Idrissa (Envoyé spécial)
Collaboration : Camille Siaba
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