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Politique Publié le vendredi 20 mai 2011 | Nord-Sud

Al Moustapha (ex-membre de la galaxie patriotique) - «Blé Goudé n’est plus de ce monde»

Dans cet entretien exclusif, Al Moustapha parle de son ambition politique. Il évoque aussi les péripéties de son exil au Sénégal.


Vous avez quitté la Côte d’ivoire, il y a bientôt cinq mois, dans les conditions que l’on sait. Depuis 72 heures, vous êtes de retour. Dans quel état d’esprit avez-vous retrouvé votre famille, vos proches et amis ?
Je remercie avant tout le président Alassane Ouattara, il m’a honoré lors de sa visite au Sénégal. Il m’a présenté officiellement au président Abdoulaye Wade en lui disant que j’étais le premier supporter de Laurent Gbagbo. ADO a aussi demandé que tous les Ivoiriens rentrent pour participer à la réconciliation nationale. Je suis donc revenu pour participer à son l’investiture.

Combien de temps a duré votre exil ?
Exactement, quatre mois et demi.

Etait-ce un séjour agréable ou pénible ?
Pénible, car mon pays était en souffrance. Mais je signale que j’étais en mission au Sénégal. Sur instruction du Premier ministre, j’ai effectué d’autres tournées dans des capitales africaines. J’ai animé des points-presse au Mali, au Cameroun, au Togo, au Bénin pour expliquer ce qui s’est réellement déroulé pendant les élections.

Vous êtes une des premières personnes à avoir reconnu la défaite de Laurent Gbagbo. Quelles étaient vos motivations ?
Il n’y a pas eu de motivation particulière. Lors du 1er tour, j’ai été confiné dans la commune de Yopougon. Au second tour, on m’a confié les supervisions de Bouaké, de Ferkessédougou, de Boundiali et de Korhogo au nom du candidat Gbagbo. J’avais un QG au Commerce et à Kôkô. J’avais dispatché mes éléments à Korhogo, à Ferké et à Boundiali. Il y avait aussi toute la zone de Séguéla et de Mankono. Déjà, dans la soirée du dimanche 28 novembre, je suis rentré à Abidjan pour faire le point. C’est ainsi qu’aux environs d’une heure du matin… mais déjà, vers 20h, j’ai senti que notre quartier général de campagne était triste. Il n’y avait ni nourriture, ni boisson. Tout le monde était stressé. Ce n’était pas la grande joie. Je savais que quelque chose de négatif se passait. On a convoqué, en urgence, une réunion de toute la galaxie patriotique. Plusieurs autorités et le cabinet de Laurent Gbagbo étaient aussi présents.

De quoi était-il question à cette réunion ?
On a appris que les nouvelles n’étaient pas bonnes. Et qu’il fallait trouver un moyen d’empêcher la Commission électorale indépendante d’annoncer les résultats. Ou alors de trouver un moyen pour annoncer la victoire de Laurent Gbagbo. A partir de ce moment, j’avais mal au cœur… certainement que Dieu m’avait confié une mission mais j’avais mal. Nous avons injustement combattu le président Alassane Ouattara pendant une décennie. J’étais souvent en contact avec le ministre Hamed Bakayoko quand la vie du président Ouattara était menacée.

Un exemple…
Durant la campagne électorale, quelque chose devait être tenté contre Alassane Ouattara mais j’ai informé le ministre Hamed Bakayoko.

De quoi s’agissait-il ?
(Il hésite) Je combattais une injustice. ADO est d’Odienné. Moi, je suis d’Odiénné. Nous sommes de la même région.

Allez à l’essentiel…
Après le décès de l’artiste Doug Saga. (Il cherche la date de sa mort…) Avec Gadji Celi et d’autres artistes, nous avions décidé d’aller saluer Alassane Ouattara. Mais avant d’aller le voir, le camp Gbagbo a tenu à nous voir à la présidence de la République. Il s’agissait d’un piège préparé contre le président Ouattara. Lorsque ce dernier allait nous recevoir, il nous fallait faire en sorte que la presse soit là… Il nous avait été demandé… Ce sont des faits un peu graves. Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie…

Nous insistons
Gadji Céli conduisait la délégation. Moi, j’étais le porte-parole. Tout a été mis en œuvre pour attenter à la vie d’Alassane Ouattara. Ce jour-là, quelque chose avait été préparé. C’est moi qui ai déjoué ce plan. La personne qui devait faire le travail avait un appareil photo. Il y avait aussi une dame parmi nous (dont je tais le nom) qui avait été travaillée mystiquement. Elle devait juste saluer Alassane Ouattara. Ainsi, une semaine après, le poison ferait son effet.

Comment avez-vous accueilli l’arrestation de Laurent Gbagbo ?
J’étais au Sénégal. Je me suis prononcé sur France 24. Cela a été un soulagement pour moi, mais j’ai eu un pincement au cœur. Un soulagement parce que ça mettait fin à la souffrance des Ivoiriens, aux assassinats, à la guérilla urbaine qui se préparait. Le pincement au cœur est dû au fait que c’est une personne qui était à la tête du pays. La façon dont il a été arrêté m’a étreint. Il faut dire aussi que j’ai travaillé, un moment, à ses côtés.

Vos amis les jeunes patriotes, Sam l’Africain, Elie Hallassou, etc. ont récemment demandé pardon à la nation ivoirienne. Croyez-vous en leur sincérité ?
Pour moi, ils ne sont pas sincères.

Pourquoi ?
Parce qu’au moment où des Ivoiriens mouraient, ils n’ont pas eu de pensée pour eux. J’ai vu le même Sam l’Africain à une semaine de la capture de Gbagbo qui traitait le président Ouattara de tous les noms à la télé. Ils ne sont pas sincères. Quelle réconciliation peuvent-ils nous donner ? Ceux avec qui on doit se réconcilier sont connus. Il y a la société civile, les femmes LMP avec qui je suis resté constamment en contact, les sages d’Ouragahio, les sages de Gagnoa. Ceux-là sont des gens que je connais. J’en profite pour dire au Premier ministre Banny, que je suis à son entière disposition pour aller échanger avec tous les militants LMP qui sont sincères, qui sont prêts à demander pardonner.

Il y a une prophétie de Koné Malachie qui prédit le retour de Gbagbo. Qu’en pensez-vous ?
Non. Le retour de Gbagbo n’est plus à l’ordre du jour. Jamais cela n’arrivera. Ces mystiques, ces marabouts sont des personnes à ne pas écouter. Nous avons vu le cas de Petit Marteau qui dit qu’Alassane Ouattara ne sera jamais président. Ils sont-là pour amuser la galerie.
Tout le monde se demande où se trouve Charles Blé Goudé ?
Blé Goudé n’est plus de ce monde.

C’est quand même grave ce que vous affirmez ?
Pourquoi c’est grave ?

Jusqu’à présent aucune voix officielle ne l’a confirmé ?
Ce que je dis n’engage que moi. Je sais que Blé Goudé n’est plus de ce monde.

Depuis quelle date, selon vous ?
Depuis que les autorités sont passées sur la chaîne de télévision pour dire que Blé Goudé a été capturé. Sur quoi se sont-elles basées pour faire cette assertion ?

Mais l’information a été ensuite démentie ?
Pourquoi ont-elles fait l’annonce ? Quand on dément une information, on donne la raison qui a permis de dire cela. En plus, ce n’est pas n’importe quel citoyen qui est passé à la télé pour faire cette annonce.

Quel souvenir gardez-vous de Blé Goudé ?
Je suis mal placé pour le juger. C’est une personne qui m’a fait, moi Al-Moustapha. Si je suis impliqué dans la politique, aujourd’hui, Blé Goudé y a été pour beaucoup. C’est pourquoi je ne saurai porter de jugement sur lui. Seulement, la politique l’a véritablement rendu fou, un moment. Je ne sais si c’était à cause des promesses que le président Gbagbo lui avait faites. Je sais qu’il était pressenti pour succéder au président Gbagbo après ses mandats. Sinon, le jour que j’ai quitté Abidjan, j’ai discuté avec lui et toute la galaxie patriotique. Je leur ai fait connaître mon point de vue. J’ai dit que Ouattara était le vainqueur des élections. J’avais des preuves. J’ai tout fait pour les convaincre. Mais, ils ne m’ont pas suivi. Raison pour laquelle ma maison et mon complexe ont été brûlés, ma servante violée et mon dernier petit-frère assassiné.

Que devient le mouvement ‘’J’aime Gbagbo’’ dont vous êtes l’initiateur ?
Le mouvement «J’aime Gbagbo» avait un objectif précis. A la création, il s’agissait d’accompagner Laurent Gbagbo jusqu’aux élections. Et c’est ce que nous avons fait. Après les élections, le mouvement sera dissous. J’ai déjà eu un entretien avec les militants et les militantes, qui m’ont accueilli nombreux à l’aéroport. Nous allons nous constituer en parti politique.

Quelle sera la dénomination ?
On la trouvera. Je serai candidat aux élections législatives. Je suis en train de voir. Ce sera à Man ou à Bouaké. J’ai appris que le ministre Sidiki Konaté sera candidat à Man. Il faudra, peut-être, s’attendre à un affrontement entre nous, car nous sommes tous les deux de Man (rires).

Quel appel lancez-vous à vos amis de la galaxie patriotique qui sont exilés à l’extérieur du pays ?
C’est la peur qui les anime. Sinon, ils ont compris que la partie est terminée. Ils veulent rentrer. Je lance aussi un appel à nos forces de l’ordre à rentrer. Je remercie le Premier ministre Guillame Soro qui a réussi là où personne ne croyait en lui. Il a prouvé qu’il est la fierté de notre jeunesse. Je remercie le ministre Hamed Bakayoko et Eugène Diomandé qui m’ont soutenu durant mon exil. Je dis merci aux commandant Chérif Ousmane et Wattao. Ils font un grand travail. Ils résolvent beaucoup de situation.



Interview réalisée par Guy Florentin Yaméogo et Sanou A.



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