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Politique Publié le jeudi 26 mai 2011 | Le Nouveau Réveil

Le Premier ministre Charles Banny (président de la Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation) hier sur Rfi : “Nous sommes là pour créer les conditions de retrouvailles des Ivoiriens dans la vérité” - “Le peuple ivoirien a besoin de comprendre ce qui lui est arrivé”

© Le Nouveau Réveil
Institutions: le premier ministre Charles Konan Banny présidera la Commission Vérité-Réconciliation
Photo: l`ancien premier ministre Charles Konan Banny
Le président de la Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation, Charles Konan Banny, veut comprendre réellement ce qui a pu provoquer cette crise. Dans cette interview, l`ex-Premier ministre pense que le pardon n`exclut pas la vérité et la justice.

Cette Commission vérité-réconciliation, est-ce que ce n`est pas un gadget ?

Je ne suis pas un homme de gadget, vous me connaissez depuis longtemps. Les Ivoiriens me connaissent depuis longtemps je n`aime pas les gadgets. J`ai dépassé l`âge des gadgets.

Le risque n`était pas que les gens viennent demander pardon devant votre Commission dans l`esprit d`échapper à la justice et qu`ils ne soient pas sincères en réalité ?

Le pardon n`est pas exclusif de la vérité, de la justice. Le droit de tout citoyen de demander réparation via l`administration judiciaire est un droit républicain. Donc on n`est pas là pour nous substituer à la loi. Nous sommes là, pour créer les conditions de retrouvailles des Ivoiriens dans la vérité. Le peuple ivoirien a besoin de comprendre ce qui lui est arrivé. Il y a eu des traumatismes profonds. Moi qui vous parle, je ne comprends pas que des responsables ivoiriens aient pu en arriver là. Je veux comprendre.

Alassane Ouattara annonce que Laurent Gbagbo sera jugé. Un procès, ça divise. Est-ce que c`est compatible avec la réconciliation ?

Si je vous comprends bien, pour qu`une société soit harmonieuse, il ne faut jamais un procès.

Moi, j`ai la conviction contraire. Ce qui est important, comment le procès est assuré, est-ce que c`est dans l`équité, est-ce que c`est en respectant les droits des uns et des autres ?

C`est ça qui est important. Donc probablement qu`il y aura des procès.

Vous êtes un membre du Bureau politique du Pdci, il y a six (06) mois, vous avez fait campagne pour Bédié au premier tour et pour Ouattara au second tour et beaucoup des gens au Fpi disent : " Il est très mal placé pour être le réconciliateur entre tout le monde ".

Mais Desmon Tutu n`était-il pas membre de l`Anc ? Ça ne l`a pas empêché de faire un travail remarquable. Au contraire, les gens du Fpi sont heureux parce que je n`ai jamais rompu le dialogue avec les uns et les autres. Même avec le président Gbagbo. Maintenant, je suis membre du Pdci mais je suis d`abord un citoyen indépendant d`esprit. Je crois que je suis connu comme ça. Ceux qui m`aiment disent que je suis d`un mauvais caractère. Quand on dit ça, c`est que vous êtes indépendant. C`est une mission divine, c`est Dieu qui réconcilie.

Pendant les cinq (05) mois de la grave crise, est-ce que vous avez maintenu le dialogue avec le camp Gbagbo ? Est-ce que vous avez parlé avec lui par exemple ?

Non, je n`ai pas parlé avec lui. Mais je sais que ce n`est pas l`envie qui leur a manqué.

Seulement, il y a un moment pour tout. Il y a un moment pour le dialogue, il y a un moment pour prendre ses responsabilités.

Vous parlez de mission divine. Vos deux (02) collaborateurs seront des chefs religieux, un musulman et un chrétien, je crois. Est-ce que dans le camp Gbagbo, il n`y a pas des responsables de la communauté chrétienne qui ont dérapé ces derniers mois ?

L`erreur, c`est que certains se sont trop mêlés. Ils sont rentrés dans la mêlée. Vous savez que j`aime le rugby. Quand on est dans la mêlée, on reçoit des coups. Ils en ont pris. Et s`ils en ont pris, c`est qu`ils ont mérité.

En Afrique du Sud, la Commission vérité-réconciliation a duré cinq (05) ans. En Côte d`Ivoire, combien de temps vous donnez-vous ?

Il faut se donner le temps qu`il faut. Ça peut intervenir dans un an. Ça serait très bien mais il ne faut pas se dire qu`impérativement, ça doit être fini, dans un an. Et si ce n`est pas fini qu`est-ce qu`on fait ? Moi, je tiens à la crédibilité.

Est-ce que ça veut dire que Charles Konan Banny, cinq (05) ans plus tard, vous renoncez à la vie politique active ?

Ça veut dire quoi, je suis un citoyen de Côte d`Ivoire et rien ne peut m`enlever de mes responsabilités. Je sais bien que dans les officines, il y a quelques stratèges soi-disant qui estiment qu`on lui a donné ce poste pour l`enterrer. Mais personne ne peut m`enterrer.

Vous êtes un vieux militant du Pdci. C`est votre parti. La grande question aujourd`hui, c`est la succession d`Henri Konan Bédié, 77 ans. Est-ce que vous y pensez ?

L`avenir du Pdci m`interpelle. Mais je tiens aussi à la famille houphouétiste. Ce à quoi je rêve, c`est que tous les enfants de Félix Houphouët-Boigny reviennent à la maison.

Donc que le Rdr revienne au Pdci. C`est ça ?

C`est une façon de voir les choses. Pourquoi pas. Pourquoi on veut exclure ça ? Moi je tiens au Pdci-Rda comme parti de rassemblement, de dialogue, de fraternité.

La présidentielle de 2015, est-ce que vous y pensez ?

Est-ce que vous ne pensez pas que la mission qui m`a été donnée est tellement risquée et lente ? Donnons le temps au temps.

Donc en 2015, vous serez candidat sauf si Alassane Ouattara se présente ?

Mais écoutez, moi, je remets tout ça à Dieu.

Propos recueillis par Djè Km
Source Rfi
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