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Politique Publié le jeudi 26 mai 2011 | L’Inter

Nommé président de la Commission de reconciliation / Charles Konan Banny: "Personne ne peut m`enterrer" - "C`est une mission divine"

© L’Inter
Institutions: le premier ministre Charles Konan Banny présidera la Commission Vérité-Réconciliation
Photo: l`ancien premier ministre Charles Konan Banny
Nommé président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation par le président Ouattara, Charles Konan Banny a accordé une interview à Radio France internationale (RFI) hier mercredi 24 mai 2011. Dans cet entretien, il explique sa mission et évoque son avenir politique

Cette Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, est-ce que ce n`est pas un gadget?

Charles Konan Banny (CKB): Je ne suis pas un homme de gadget. Vous me connaissez depuis longtemps, les Ivoiriens me connaissent depuis longtemps. Je n`aime pas les gadgets, j`ai dépassé l`âge des gadgets.

Le risque n`est-il pas que les gens viennent demander pardon devant la Commission dans l`espoir d`échapper à la justice et qu`ils ne soient pas sincères en réalité?

CKB: Le pardon n`est pas exclusif de la vérité et de la justice. Le droit de tout citoyen de demander réparation via l`administration judiciaire est un droit républicain, donc on n`est pas là pour nous substituer à la loi. Nous sommes là pour créer les conditions de retrouvailles des Ivoiriens dans la vérité. Le peuple ivoirien a besoin de comprendre ce qui lui est arrivé.

C`est un traumatisme profond. Moi qui vous parle, je ne comprend pas que des responsables ivoiriens aient pu en arriver là. Je ne comprend pas.

Alassane Ouattara annonce que Laurent Gbagbo sera jugé, un procès ça divise. Est-ce que c`est compatible avec la réconciliation?

CKB: Si je vous comprends bien, pour qu`une société soit harmonieuse et unie, il ne faut jamais un procès. Moi, j`ai la conviction contraire. Ce qui est important, c`est comment le procès est assuré. Est-ce que c`est dans l`équité, est-ce que c`est en respectant les droits des uns et des autres? c`est ça qui est important. Donc probablement, il y a un procès.

Vous êtes un membre important du bureau politique du PDCI. Il y a six mois vous avez battu campagne pour Bédié au premier tour et Ouattara au second tour. Beaucoup de gens au FPI disent « mais il est très mal placé pour être le réconciliateur entre tout le monde! »

CKB: Desmond Tutu n`était-il pas membre de l`ANC? Ça ne l`a pas empêché de faire un travail remarquable. Au contraire, les gens du FPI sont heureux parce que je n`ai jamais rompu le dialogue avec les uns et les autres, même avec Laurent Gbagbo. Je suis membre du PDCI, d`abord je suis un citoyen indépendant d`esprit, je crois que suis connu comme ça.

Ceux qui m`aiment disent qu`il a un mauvais caractère. Quand on dit ça, c`est que vous êtes indépendant. Je vais choquer ceux qui ne sont pas croyants. C`est une mission divine. C`est Dieu qui réconcilie.

Pendant les cinq mois de grave crise, vous avez maintenu le dialogue avec le camp Gbagbo, est-ce que vous avez parlé avec lui par exemple?

CKB: Je n`ai pas parlé avec lui, mais je sais que ce n`est pas l`envie qui leur a manqué. Il y a un moment pour tout, il y a un moment pour le dialogue, il y a un moment pour prendre ses responsabilités.

Vous avez une mission divine, vos deux premiers collaborateurs sont des chefs religieux, un musulman et un chrétien, je crois. Est-ce que dans le camp Gbagbo, il n`y a pas de responsable de la communauté chrétienne qui ont dérapé ces derniers mois?

CKB: L`erreur, si n`est une faute, c`est que certains se sont trop mêlés, sont rentrés dans la mêlée. Quand on est dans la mêlée, on reçoit des coups. Et ils en ont pris. Et s`ils en ont pris, c`est qu`ils l`ont mérité.

En Afrique du Sud, la Commission Vérité et Réconciliation a duré cinq ans, en Côte d`Ivoire, combien de temps vous donnez-vous?

CKB: On peut se donner le temps qu`il faut. Ça peut être terminé dans un an, ce serait très bien, mais il ne faut pas se dire que impérativement ça doit être fini dans un an. Et si ce n`est pas fini, qu`est-ce qu`on fait? Moi, je tiens à la crédibilité

Est-ce qu`on peut dire Charles Konan Banny qu`à 68 ans, vous renoncez à la vie politique?

CKB: Ça veut dire quoi? Pourquoi? Moi je suis un citoyen de Côte d`Ivoire et rien ne peut m`enlever une responsabilité si je la prends. Je sais bien que dans les officines il y a quelques stratèges soient disant qui estiment que oui, on lui a donné ça pour l`enterrer.

Personne ne peut m`enterrer!

Vous êtes un vieux militant du PDCI de toujours, c`est votre parti. La grande question aujourd`hui, c`est la succession d`Henri Konan Bédié qui a 77 ans, est- ce que vous y pensez?

CKB: Je ne peux pas vous dire que j`y pense en me rasant tous les matins. Je vais être cohérent. L`avenir du PDCI m`interpelle, je tiens aussi à la famille Houphouétiste. Ce à quoi je rêve, c`est que tous les enfants de Félix Houphouët-Boigny reviennent à la maison

Il faut que le RDR revienne au PDCI, c`est ça?

CKB: C`est une façon de voir les choses. Pourquoi pas, pourquoi on va exclure ça. Moi je tiens au PDCI-RDA comme parti de rassemblement, de dialogue et de fraternité

Et la présidentielle de 2015, est-ce que vous y pensez en vous rasant le matin?

CKB: Est-ce que vous ne pensez pas que la mission qui m`a été donnée est tellement risquée que franchement (il ne termine pas la phrase). (…) Donnons le temps au temps

En 2015, vous serez candidat, sauf si Alassane Ouattara se représente?

CKB: Écoutez, moi, je laisse tout cela à Dieu.

Propos recueillis sur RFI par
Y.DOUMBIA
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