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Politique Publié le jeudi 26 mai 2011 | Le Patriote

Blé Blé Charles (Président de la NADCI-JDP), à propos de la crise postélectorale: “Au FPI, le populisme l’a emporté sur le socialisme”

© Le Patriote
Des milliers de partisans de Gbagbo réunis près de la présidence
A l`appel de Charles Blé Goudé, chef des "patriotes" pro-Gbagbo, ces partisans, essentiellement des jeunes, avaient convergé dès la mi-journée vers la place de la République, dans le quartier du Plateau
Ancien compagnon de lutte de Laurent Gbagbo et ex-cadre du Front populaire ivoirien, Blé Blé Charles nous raconte dans cette interview comment il a tenté de dissuader Laurent Gbagbo à se détourner de la logique guerrière et ce qu’il entend faire pour apporter sa contribution au processus de réconciliation nationale prôné par le chef de l’Etat.

Le Patriote: vous avez, au cours d’une conférence de presse, regretté tous les actes posés par vos anciens compagnons du FPI et qui ont provoqué la crise postélectorale. Le pensez-vous sincèrement ?

Blé Blé Charles: Oui, je le pense sincèrement, parce que pour moi, la vie d’une personne est importante. N’oubliez pas que je fais partie de ceux qui ont écrit la Constitution de 2000 où il est bien mentionné dans le préambule que «la vie humaine est sacrée». C’est ce qui me donne le courage de m’abstenir de tout acte qui met en danger la vie d’autrui. Celui qui gouverne la Côte d’Ivoire, s’il n’a pas conscience qu’il gouverne pour les hommes et pour qu’ils conservent cette vie, il ne pourra pas réussir dans sa mission. Car la vie n’a pas de prix.

LP: Est-ce le sens de votre présence à l’investiture du président Alassane Dramane Ouattara?

BBC: C’est le sens profond. Parce que je voulais entendre ce que le président allait dire concernant la vie en commun et l’avenir des Ivoiriens. Sur ces deux points, son discours me satisfait.

LP: Son discours parle de rassemblement et de réconciliation entre Ivoiriens. En tant qu’ancien camarade de Laurent Gbagbo, est-ce que vous vous inscrivez dans cette voie?

BBC : Je m’inscris pleinement dans cette voie. Il n’y a pas d’autre voie. Que ce soit la voie que tout le monde emprunte, cela ne peut que me satisfaire. Je me réjouis que le président se soit inscrit dans cette voie. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas regarder les choses en face. Mais c’est comme cela qu’un intellectuel raisonne. Il faut effectivement jeter un regard sans complaisance sur son passé et son présent pour se projeter dans l’avenir. C’est la raison pour laquelle, je suis heureux de ce discours et du fait que la réconciliation soit un grand chantier du président de la République.
LP : En tant que membre du FPI et ancien compagnon de lutte de Laurent Gbagbo, ne vous sentez-vous pas comptable de tout ce qui est arrivé?

BBC : Je me sens responsable, et non comptable. Personnellement, je peux vous dire ce que j’ai fait. J’ai refusé d’y participer. Vous savez, les Ivoiriens sont tellement friands d’argent et de pouvoir que j’aurais pu faire comme tout le monde. Mais je suis resté chez moi. Donc, je ne suis pas comptable, mais je me sens responsable de n’avoir pu avoir une voie qui aurait plus porté que ce que j’ai dit. J’ai dénoncé cela. Mais ma voix n’a pas porté, sinon on n’en serait pas là. Je ne peux que continuer à dénoncer les actes qui nous ont mis dans cette situation.

LP : Vous l’avez tout à l’heure brossé dans votre intervention. Mais expliquez-nous en détail votre rencontre avec Laurent Gbagbo qui vous a poussé à revenir au FPI?

BBC : Quand en août 2006, je rencontre le président, je lui dis qu’il faut réagir. Parce que 2002-2006, cela fait trop longtemps qu’il n’a pas fait la paix, il faut qu’il fasse la paix. Une heure de temps, après les préliminaires, le président m’annonce qu’il a un accord de paix. J’avais déduit que c’était vraiment le chemin qu’il allait emprunter. J’ai exposé comment je voyais les choses, il a dit désormais que c’est dans cette voie qu’il s’inscrivait. Je lui ai dit que si cet accord advenait, je n’aurais plus de raison de m’opposer à lui. Parce que cela participe de ce que nous avons arrêté dans l’opposition. A savoir que c’est dans la paix que nous allons construire la Côte d’Ivoire et offrir un bonheur aux Ivoiriens. Alors si c’est cela, plus rien ne nous oppose. Il m’a assuré qu’il fera la paix et on n’entendra plus parler de guerre en Côte d’Ivoire. On ne parlera même plus de rébellion. Quand je suis sorti de l’audience, j’ai annoncé à tout le monde à la télévision que le président est dans des bonnes dispositions d’esprit pour aller à la paix. Quand je repars, le FPI, par ces faucons, m’empêchent de revoir le président. Le président, de son côté, ne fait rien pour qu’ensemble, nous marchions sur ce que nous nous sommes dit. Donc je refuse de participer aux activités du FPI. C’est pour cela qu’on ne m’a pas vu. Cela fait trois ans qu’on ne s’est plus revu. Trois ans durant, je n’ai participé à quoi que ce soit. Et malheureusement trois ans durant, je n’étais à ses côtés pour inluer sur sa politique, malgré la grande amitié qui nous lie.
LP : Vous avez repris les activités politiques. Mais cette fois dans le cadre de votre parti. Peut-on dire que le divorce avec le FPI est définitivement scellé ?

BBC : Je me lance dans la politique et je veux être comptable de ce que je fais et non comptable de ce que d’autres feront. C’est la première des choses. La deuxième des choses, c’est que le FPI n’est rien s’il n’y a pas de projet. Il y avait deux camps au FPI. Il y avait des faucons qui ont accaparé le président Gbagbo. Il y avait les colombes. Et moi je ne faisais pas partie du premier groupe. C’est pourquoi très tôt en 2000, j’ai été attaqué. Dès 2000, on m’a dit : «Aujourd’hui, c’est notre tour». J’ai répondu : «Je ne comprends pas ce que veut dire ‘’c’est notre tour’’». Donc la rupture a commencé là, sous la transition militaire. C’est pourquoi, je n’ai pas été nommé ministre lorsque Guéi a formé son gouvernement le 19 janvier 2001. Par cette position, j’ai été mis à l’écart. C’est pour cela je suis allé en exil. Aujourd’hui, en reprenant les activités politiques, je veux représenter l’aile de ceux qui ont toujours prôné la paix, qui ont toujours mis Laurent Gbagbo en garde : «attention! Ce n’est pas un pouvoir solidaire. Nous sommes des socialistes et non des populistes ». Malheureusement, la ligne populiste l’a emporté sur le socialiste de marché que nous recherchions. C’est cela que je veux incarner. Je n’ai pas manqué en son temps de dénoncer les détournements, les prévarications. Je vous informe que les dossiers arrivent. J’écrirai un livre là-dessus.
LP : Aujourd’hui, Laurent Gbagbo dont vous avez été l’ancien compagnon de lutte, est en détention à Korhogo. Que vous inspire son sort ?

BBC : Pitié, tristesse et désolation. Parce qu’on n’avait pas prévu cela. Lui-même n’est pas venu à la politique pour être dans cette situation. Par manque de force de caractère, il n’a pas su dire non à tous ceux qui l’ont conduit sur cette voie. Et cela me désole au plus haut point. Parce que l’homme en a les capacités. C’est un gâchis et même un champ de ruine qu’il nous laisse. Ce n’est pas le projet que nous avons construit dans les années 90. Donc, nous qui sommes de la gauche, il faut qu’on tire les leçons de ce désastre et qu’on se fédère autour d’un nouveau projet pour redonner confiance aux Ivoiriens. J’ai vu des gens dire qu’il faut arrêter de pourchasser les Bété. En disant, on parchassse les Bété, il veut dire que ce sont les Bété qui sont responsable de la crise, alors qu’on pourrait poursuivre des militants du FPI. Si c’était des Bété, il aurait eu des Bété mieux placés pour parler en leur nom. C’est une mauvaise façon de parler. On ne représente pas un groupe ethnie. On représente des militants. Les militants du FPI, ils sont dans le centre-ouest, dans sud-ouest, dans le sud, à l’ouest et partout en Côte d’Ivoire. On ne poursuit pas des Bété. On poursuit des militants. Et des gens qui ne sont pas supposés représenter des Bété ne doivent pas parler au nom des Bété.

LP : Vous voulez parler du président Koulibaly Mamadou. Est-ce que vous partagez l’avis du ministre Louis André Dacoury-Tabley qui dit de lui qu’il est un éternel adolescent?

BBC : Je pense qu’il a une tendance à sauter sur n’importe quelle occasion, à grossir cela et en tirer des dividendes politiques. Il entreprend des choses qu’il ne finit pas. C’est cela la caractéristique d’un adolescent. Ensuite, les causes qui ne lui appartiennent pas, il s’en accapare. C’est vraiment dommage. Il n’a aucune qualité à parler au nom des Bété et de représenter les Bété. C’est vraiment un adolescent qui peut se comporter comme il le fait. N’oubliez pas que c’est lui qui a écrit un livre intitulé «La guerre de la France à la Côte d’Ivoire», qui a donné une théorie de base aux parlements et agoras. Les gens n’ont jamais arrêté de parler d’une prétendue guerre entre la France et la Côte d’Ivoire et voilà ce qui est arrivé. Et il ne tire pas les leçons de son comportement. C’est ce qui est grave.

Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
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