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Politique Publié le vendredi 27 mai 2011 | Nord-Sud

Anne Ouloto, cadre Rhdp de l’Ouest : « J’invite Amnesty international à revoir sa copie »

Le rapport d’Amnesty international sur la Côte d’Ivoire est accablant tant pour les forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara que pour l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire et la force française Licorne. Dans l’entretien qui suit, Anne Ouloto, porte-parole d’Alassane Ouattara et surtout cadre de l’Ouest du pays s’insurge contre ce rapport qu’elle juge “écœurant’’


Dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire, Amnesty international accuse les Forces républicaines de massacres de civils, dans l’Ouest du pays notamment. En tant que ressortissante de la région, pouvez-vous nous dire ce qui s’y est réellement passé ?
Tout le monde sait ce qui s’est passé à l’Ouest ! Mais, ma stupéfaction, c’est la légèreté évidente avec laquelle Amnesty a travaillé sur les massacres à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Il faut respecter la mémoire des morts et les souffrances des populations de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Cette Organisation a-t-elle pris en compte la période préélectorale jusqu’à la capture de Laurent Gbagbo ? Je crains que non ! Si elle avait pris en compte cette période pré-électorale dans cette région de la Côte d’Ivoire, je reste convaincue que son rapport aurait été un peu plus crédible. Je crains fort qu’Amnesty ait bafoué la souffrance des populations de l’Ouest. C’est très grave pour une organisation comme elle qui joue sa crédibilité. Je l’invite à revoir tout simplement sa copie, pour plus d’objectivité. Les populations de l’Ouest ont énormément souffert des agissements du Front populaire ivoirien, de Lmp de M. Laurent Gbagbo et de cadres proches de lui dans cette région du Moyen Cavally.

Comment expliquez-vous cela?
Les cadres de Toulépleu, de Bloléquin, de Guiglo, de Duékoué ont contribué aux massacres de leurs frères et sœurs. Ils ont contribué à la prolifération d’armes de guerre dans cette région. Ils ont contribué à la déchirure sociale de cette région. Ils ont contribué à l’endoctrinement, à la manipulation de la jeunesse, à l’enracinement de la haine dans le cœur des populations de cette région. Ce qui s’est passé à l’Ouest est honteux pour la Côte d’Ivoire, c’est dramatique pour les Ivoiriens. Mais, c’est surtout un véritable scandale créé par les cadres du Fpi et de Lmp de cette région de la Côte d’Ivoire. Pour Amnesty international, tout ce qui s’est passé depuis novembre 2010 jusqu’au 29 mars n’existe pas dans l’histoire de la Côte d’Ivoire ?

Malgré, tout, Amnesty international affirme être en possession de témoignages de personnes qui auraient échappé aux massacres des forces républicaines ? Des témoignages qui racontent que les forces républicaines s’en sont pris principalement aux hommes qu’ils exécutaient sur la base de critères ethnique ou politique.
Il faut regarder ces choses-là en partant de la période pré-électorale, c’est-à-dire à compter au mois d’octobre 2010 jusqu’à la capture de Laurent Gbagbo, pour avoir une nette appréciation de la situation. Autrement, l’arrivée des forces républicaines dans cette région ne se serait pas justifiée ! Or, elles ont dû prendre leurs responsabilités pour libérer les populations qui étaient livrées à elles-mêmes, abandonnées aux mercenaires libériens et aux miliciens de M. Laurent Gbagbo qui y semaient la terreur. C’est connu de tous. Les ex-Forces de défense et de sécurité avaient été humiliées, désarmées, quelquefois tuées avant d’être chassées de cette région par de jeunes miliciens et mercenaires qui y régnaient en maîtres. Ceux-ci pillaient les résidences, brûlaient les villages, et organisaient des opérations punitives contre des populations selon leurs appartenances ethniques, religieuses ou politiques. Où était Amnesty international durant cette période ? Comment se fait-il que l’Onuci a dû partir de certaines zones de cette région ?

Justement cette absence de l’Onuci a également été critiquée dans le rapport...
Est-ce que Amnesty international se préoccupe des raisons pour lesquelles l’Onuci était absente ? L’Onuci a dû s’en aller pourquoi ? A Toulépleu par exemple, l’Onuci a été obligée de partir parce qu’elle n’arrivait même plus à avoir des vivres ! Ses vivres lui étaient arrachés de force par des jeunes à la solde de Laurent Gbagbo. Des rapports dans le type de ceux d’Amnesty international sont des rapports écœurants.
Je ne peux pas accepter qu’on plaisante avec les souffrances des populations de l’Ouest. Je vous invite à vous rendre dans cette région de la Côte d’Ivoire pour voir comment les populations ont souffert le martyre du fait des cadres zélés de M. Laurent Gbagbo. Pour voir comment ces massacres ont été planifiés ; pour voir comment les populations ont été dressées les unes contre les autres ; pour voir comment la haine a été enseignée à ces populations qui, malheureusement, n’ont jamais profité du régime de Laurent Gbagbo. Cette population pauvre l’est devenue encore plus, avec les 10 ans d’exercice du pouvoir de Laurent Gbagbo. Seuls les cadres du Fpi et de Lmp se sont enrichis sur leurs dos et, sur celui des miliciens. Laurent Gbagbo a entretenu à coups de centaines de millions les miliciens du Moyen Cavally. Peut-être que ces derniers ont seulement reçu le dixième de ce qui est sorti des caisses de la présidence de la République et les 90% sont allés dans les poches de ces cadres. Ils rendront compte à la nation. Fort heureusement, il y a la mise en œuvre de la commission, Dialogue, Vérité et Réconciliation. Nous souhaitons que nos frères qui ont imposé le chaos à notre région du Moyen Cavally reviennent. Qu’ils n’aient pas peur ! S’ils ne se reprochaient rien, ils n’auraient pas fui. Mais qu’ils reviennent pour qu’on s’explique sur ce qui s’est passé à l’Ouest.

Pensez-vous que la réconciliation entre les filles et les fils de cette région est encore possible et surtout, selon, vous, comment la commission doit travailler sur la situation particulière de l’Ouest ?
Bien sûr que la réconciliation est encore possible ! Mais, il faut laisser la commission travailler. Ce n’est pas à moi de dire ce qu’elle doit faire. Ce que je sais, par contre, c’est qu’elle doit savoir une chose : les Ivoiriens ont besoin de vérité ; ils ont besoin de se parler, de se réconcilier.

Parlant justement de réconciliation, le Fpi a fixé les conditions de son entrée dans le futur gouvernement d’union nationale. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
La nature des conditions posées par le FPI pour son entrée au gouvernement de large rassemblement envisagé par le Président de la République me paraît irréaliste au point où j’en conclus à un honteux et indécent chantage de ce parti. Il est temps pour ce parti de se remettre en cause, de faire son mea culpa et de garder pour l’heure le profil bas par respect pour la mémoire de ces milliers de disparus et de victimes. Cette attitude de ce parti est certainement la preuve d’un manque de prise de conscience de la gravité de la situation que ses dirigeants ont malheureusement imposée aux Ivoiriens et à notre pays. Nous les invitons à se ressaisir et à plus d’humilité et de responsabilité. Les Ivoiriens attendent toujours leur pardon.
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