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Politique Publié le samedi 28 mai 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Côte d’Ivoire / Après la prestation de serment et l’investiture , Alassane Ouattara face aux exigences de la Constitution ivoirienne

Cela fait, presque, six mois aujourd’hui qu’Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, mais un peu moins de deux mois que le Président élu détient l’effectivité des rênes du pouvoir après le départ forcé de Laurent Gbagbo le 11 avril dernier. Après la prestation de serment et la cérémonie d’investiture, le Président de la République devra faire face aux autres exigences de la Constitution en vue d’exprimer son attachement aux valeurs démocratiques et s’engager à promouvoir l’Etat de droit, l’intégrité régionale, le respect et la protection des libertés, la séparation et l’équilibre des pouvoirs dans l’affirmation de la transparence de la conduite des affaires de l’Etat. Tout un programme.

Le Président de la République, Alassane Ouattara à conscience du respect de la loi fondamentale que les Ivoiriens se sont librement et solennellement donné par référendum le 23 juillet 2000, malgré des réserves soulevées par son parti, le Rassemblement des Républicains, quant à sa résolution et à son adoption. Le Président Alassane Ouattara, lors de sa prestation de serment, a juré « respecter la constitution ». Ayant pris la pleine mesure que ce respect ne se limite pas seulement à une cérémonie de prestation de serment et d’investiture, le Président devra se résoudre à prendre véritablement les choses en main d’autant plus qu’il déclare être attaché à la légalité constitutionnelle. Ce qui suppose la prise en compte immédiate des chantiers dont la mise en route urge.

La protection des personnes et des biens

La constitution ivoirienne dans son préambule déclare le respect et la protection des libertés fondamentales et en son article 2 stipule que « la personne humaine est sacrée ». Malheureusement, les derniers évènements montrent clairement que le pays a poussé l’outrecuidance dans la bêtise humaine. Des exactions sur les populations civiles et les massacres organisés ont fait plus de 5000 morts, selon les chiffres de certaines organisations internationales de droits de l’Homme. Plus grave, des charniers ont été découverts à travers les communes de Yopougon, d’Abobo, les villes de Guiglo, Duékoué pour ne citer que celles-là. Un crime contre l’humanité qui ne restera pas impuni, à en croire le Chef de l’Etat. Il lui appartiendra de garantir la protection de tous et de rassurer le peuple ivoirien qui vit toujours dans la hantise de la crise postélectorale. D’autant plus que les droits de la personne humaine sont inviolables, les autorités publiques ont l’obligation, au regard de la loi, d’en assurer le respect de leur dignité. Et le peuple souverain de Côte d’Ivoire pourra s’en réjouir dans la mesure où le Président de la République a saisi le Procureur de la République, près du Tribunal de première instance du Plateau et le procureur militaire de toutes les questions d’exactions et de tueries. Aussi, apprend-on qu’une commission d’enquête est mise sur pied pour faire la lumière sur ces tragédies. Souhaitons tout simplement que le Président veillera personnellement sur les travaux de cette commission pour ne pas que les conclusions qui en résultaient, comme ce fut par le passé, ne soient rangées dans les placards.

Le développement pour tous et le plein épanouissement pour chacun

Une fois la question de la sécurité réglée, cap devra être mis sur le bien-être des citoyens qui, pendant plus d’une décennie, ont souffert de la pauvreté, de la maladie et d’un cadre de vie dégradant. Alassane Ouattara a promis un développement en 5 ans. La constitution impose à tout détenteur du pouvoir exécutif de promouvoir un développement harmonieux à ses concitoyens, de leur assurer un égal accès à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi. L'État a le devoir de sauvegarder et de promouvoir les valeurs nationales de civilisation ainsi que les traditions culturelles non contraires à la loi et aux bonnes mœurs. C’est à juste titre que le Président de la République dans son discours d’après investiture a préconisé le retour de l’enseignement de l’éducation civile dans nos écoles.

Le chantier de la liberté de pensée et d’expression

En son article 9, la Constitution ivoirienne proclame la liberté de pensée et d'expression, notamment la liberté de conscience, d'opinion religieuse ou philosophique comme des garanties à tous, sous la réserve du respect de la loi, des droits d'autrui, de la sécurité nationale et de l'ordre public. Toujours, selon la Constitution, chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement ses idées. Mais, comme l’avait prévenu le ministre de l’Intérieur en charge du ministère de la Communication par intérim, Hamed Bakayoko, les libertés ont des limites. Dans la mesure où toute propagande ayant pour but ou pour effet de faire prévaloir un groupe social sur un autre, ou d'encourager la haine raciale ou religieuse est interdite. C’est sur ce chantier que les nouvelles autorités voudraient faire appel à la responsabilité des hommes de médias. Ce n’est pas tout. Il reste à savoir si les libertés de réunion et de manifestation sont garanties par la loi. Quand on sait combien de fois les manifestations de l’opposition d’alors ont été violement réprimées par l’ex-régime de Laurent Gbagbo. Sous l’ère Ouattara, les Partis et Groupements politiques seront-ils soumis aux mêmes obligations et traités sur le même pied d’égalité?

De l’affirmation de la laïcité de l’état et de la souveraineté du peuple

La Côte d’Ivoire défigurée par les crises socio-politiques et profondément divisée pourra-t-elle rebondir et se rassembler comme l’a indiqué le thème de la cérémonie d’investiture du Président de la République ? Il n’y a pas d’autre choix. La République de Côte d'Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale. Alassane Ouattara qui s’est engagé à recréer un nouveau cadre de vie doit assurer à tous l'égalité devant la loi, sans distinction d'origine, de race, d'ethnie, de sexe et de religion. Cette volonté politique qui avait manqué à l’ancienne équipe dirigeante devrait animer les nouveaux acteurs de l’Exécutif. Cela suppose le respect de toutes les croyances tout en mettant fin aux actes d’instrumentalisation et de manipulation. Aussi, faudrait-il que cesse tout abus de pouvoir et que nous devions revenir au principe de gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Et le peuple de Côte d’Ivoire qui s’est battu pour faire respecter son verdict des urnes attend du Président Alassane Ouattara de lui garantir l’exercice de sa souveraineté.
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