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Politique Publié le lundi 30 mai 2011 | Le Patriote

Editorial : Impunité zéro, pour les prédateurs

© Le Patriote Par Nathan Koné
Investiture du Président de la République: Yamoussoukro a vécu des moments inoubliables
Samedi 21 mai 2011. Yamoussoukro. Le monde entier, représenté par plus d`une vingtaine de chefs d`état, s`est donné rendez-vous en Côte d`Ivoire pour célébrer la victoire de la démocratie et le sacre du Président Alassane Ouattara
La photo demeurera pour la postérité, quoiqu’il arrive : Alassane Ouattara, Président d’un pays, la Côte d’Ivoire, qui sort d’une stagnation de plus de 20 ans, profondément déchirée mais surtout isolée suite à une guerre postélectorale dont le caractère tragique n’aura laissé personne indifférent – y compris notamment la communauté internationale – star d’un sommet qui regroupe les huit pays les plus puissants du monde. Longtemps absente du concert des Nations, on peut dire que la Côte d’Ivoire marque son retour par de grands bonds. Déjà, notre pays est au cœur des préoccupations des institutions économiques et financières mondiales : FMI, UEMOA, G8, BCEAO, Banque Mondiale, BID, entre autres. L’affluence quasi record de chefs d’Etat à la cérémonie d’investiture du Président de la République, le 21 mai dernier à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro, était le signe annonciateur de ce que l’Afrique et le monde attendaient que notre pays se dote d’un Président légitime depuis la disparition d’Houphouët-Boigny en 1993. C’est désormais chose faite. Lors du sommet du G8, le Président de la première puissance mondiale, Barack Obama, a expressément insisté auprès de l’hôte du sommet, Nicolas Sarkozy, pour que le Président de la Côte d’Ivoire soit installé entre eux. Déroutant, du coup, toutes les règles protocolaires. C’est un symbole qui ne peut passer inaperçu. Mais, surtout, une image de trois grands chefs d’Etat, qui restera gravée dans les archives de ce sommet du G8. Alassane Ouattara n’était pourtant pas le seul invité exceptionnel à ce Forum. Mais, l’Ivoirien a su sortir le grand jeu. Ses ambitions pour la Côte d’Ivoire, tout petit Etat, face aux mastodontes que sont la France, les Etats-Unis ou la Russie, sont à la hauteur de la place que ce pays a toujours occupé dans le monde du vivant d’Houphouët-Boigny. Alassane Ouattara est allé demander à la communauté internationale d’aider son pays à retrouver les équilibres, à reconquérir la paix et la confiance, afin de lui permettre d’être plus que jamais la locomotive de l’Union monétaire ouest-africaine. Entre 10000 à 13.000 milliards de francs Cfa, sont nécessaires à financer son programme pendant les cinq prochaines années. Il faut, en effet, une bonne dose de volontarisme pour avoir une telle ambition. Déjà, les « nuages » s’amoncèlent dans le ciel, annonçant une « pluie » de milliards. Preuve que la moisson sera grande pour l’économie ivoirienne.

Le Chef de l’Etat voit grand pour son pays. Cela est en conformité avec ses engagements électoraux. Il a dit vouloir faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à la fin de son mandat. Cela suppose une autre façon de gouverner qui doit se traduire par une vision nouvelle des règles de gouvernance pour l’épanouissement de la démocratie. « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », avait dit le Président Obama à la tribune du Parlement ghanéen, le 11 juillet 2009. En premier lieu, il y a bien évidemment la Justice. La Justice pour tous et par tous, pour mettre fin à ce cycle d’impunité dont la Côte d’Ivoire a fait preuve depuis plus d’une dizaine d’années. C’est pour cela, qu’il parait tout à fait ahurissant et choquant d’entendre Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée Nationale, s’insurger contre des procédures judiciaires. Non pas à cause des défaillances qu’elles pourraient comporter, mais contre le principe même d’ouvrir des enquêtes sur des personnalités politiques ou militaires qui ont, pourtant, géré les affaires publiques à divers niveaux de responsabilité. Au sortir d’une réunion du Comité central de son parti, le FPI, le 25 mai dernier, Koulibaly disait à propos de militants de son parti : «Ils se sont posé la question de la réconciliation nationale. L’on parle de réconciliation nationale autour de la vérité, autour du pardon, autour de la réconciliation elle-même, mais en même temps, l’on parle de justice. Les militants se sont demandé s’il s’agissait d’une justice sécurisante ou d’une justice de revanche. Et, après toutes ces analyses, ils se sont demandé ce qu’allaient devenir leurs camarades emprisonnés à la Pergola, à Bouaké, à Bouna, à Korhogo». Le troisième vice-président du FPI, pur produit de la Refondation, étale-là, à la face du monde, toute la laideur du système mis en place pendant dix ans dans lequel, l’impunité était la règle et la Justice, l’exception. Mamadou Koulibaly ne comprend pas que l’Etat ivoirien puisse demander des comptes à des individus, tout simplement parce qu’ils sont dirigeants du FPI. Pourtant, on le sait, Laurent Gbagbo et ses camarades, militants de la première heure et profiteurs, ont profondément mis à mal les équilibres sociaux, économiques de notre pays. Ils ont fait beaucoup de torts, aussi bien à la stabilité de l’Etat, qu’aux caisses publiques. Pendant ces cinq derniers mois, ce sont plus de 600 milliards de francs Cfa qui ont été soutirés frauduleusement, sans que l’on ne sache leur destination réelle. Plus de 3000 personnes ont été tuées dont plus de la moitié, exécutées sommairement comme ces pauvres femmes d’Abobo, un beau matin du 3 mars 2011. Ouvrir les placards de la Refondation, c’est forcément découvrir l’horreur, le pillage systématique, les compromissions, le bradage des biens, le népotisme et l’irresponsabilité inqualifiable comme le déversement des déchets toxiques dans les environs de la ville d’Abidjan sans que l’on ne sache, réellement, à la suite d’un procès, qui a fait quoi ? Ces crimes présumés, méritent donc que l’Etat ivoirien les éclaircisse.

Les choses ont changé. Il faut prendre un nouveau départ. Le mandat d’Alassane Ouattara doit bien commencer. Les contingences politiques et les petits calculs de personnes qui ont passé leur temps à piller les ressources publiques et à tuer leurs compatriotes, ne sauraient faire grincer la machine judiciaire qui se mettra en branle. Car, elle devra, sur son passage, museler tous ceux qui n’avaient pas ou n’ont pas compris que le monde d’aujourd’hui est un monde qui bouge et qu’on ne peut pas se permettre de gérer un pays selon ses pulsions et ses humeurs. Il faut mettre fin à l’impunité. Cela veut dire surtout ouvrir la porte à une Justice qui soit là pour tous. Aussi bien pour les forts que pour les faibles. « La vocation de la justice : c'est de donner raison à celui qui a raison, et tort à celui qui a tort. Notre justice doit rendre des décisions et non des services. Elle doit être la même pour tous, gouvernants ou gouvernés», soutenait récemment le Président de la République. Donner corps à ce discours, c’est déclarer tout simplement le principe de l’impunité zéro

PAR CHARLES SANGA
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